Il y a des réformes qui, bien qu’apparues discrètement dans l’agenda public, reconfigurent en profondeur l’architecture de l’État. Celle engagée avec la création de l’Agence Nationale de Gestion Stratégique des Participations de l’État (ANGSPE), appartient à cette catégorie. Sans effets d’annonce excessifs, sans promesses populistes, mais avec une ambition claire : bâtir un État actionnaire moderne, stratège et redevable.
Pendant longtemps, les entreprises publiques marocaines (EEP) ont porté les grandes infrastructures, irrigué les territoires, compensé les défaillances du marché. Mais elles ont aussi cristallisé des critiques : bureaucratie pesante, sous-performance chronique, conflits d’intérêts, opacité, clientélisme. La réforme actuelle n’en efface pas le passé, mais elle en tire des leçons.
Pendant longtemps, les entreprises publiques marocaines (EEP) ont porté les grandes infrastructures, irrigué les territoires, compensé les défaillances du marché. Mais elles ont aussi cristallisé des critiques : bureaucratie pesante, sous-performance chronique, conflits d’intérêts, opacité, clientélisme. La réforme actuelle n’en efface pas le passé, mais elle en tire des leçons.
L’État actionnaire sort du flou
L’un des apports majeurs de la réforme est de clarifier les rôles. L’État n’est plus un acteur confusément à la fois opérateur, régulateur, bailleur et client. Il devient stratège. Il délègue la gestion de ses participations à une agence dédiée, avec une logique de portefeuille, d’arbitrage, de performance. Ce changement de posture était attendu depuis longtemps. Il est aujourd’hui en cours.
Un portefeuille public sous tension
Derrière les sigles (ONEE, OCP, ONCF, Masen, etc.), se cache un patrimoine colossal : près de 340 filiales, 57 entités stratégiques, des milliers de salariés, des milliards d’investissements. Et pourtant, aucun tableau de bord consolidé, aucun reporting public structuré, peu d’évaluation d’impact.
L’ANGSPE a entamé ce chantier titanesque. L’optimisation du portefeuille passe par des privatisations ciblées, une bourse publique envisagée, la rationalisation des participations croisées, et la création à moyen terme d’une société anonyme holding d’État, sur le modèle singapourien ou français.
L’ANGSPE a entamé ce chantier titanesque. L’optimisation du portefeuille passe par des privatisations ciblées, une bourse publique envisagée, la rationalisation des participations croisées, et la création à moyen terme d’une société anonyme holding d’État, sur le modèle singapourien ou français.
Gouvernance, territoires et transitions
Notre série d’articles a mis en évidence les piliers de ce renouveau :
Une gouvernance professionnalisée, avec des administrateurs indépendants, une séparation des fonctions et une évaluation des dirigeants ; Un impératif de performance, mais au sens large : économique, sociale, environnementale, numérique ; Un souci d’équité territoriale, pour que la ruralité, les régions enclavées et les zones vulnérables ne soient pas les oubliées du développement ; Un recentrage stratégique, sur des secteurs jugés souverains : santé, eau, énergie, numérique. Cette réforme n’est pas qu’une affaire de gestion. Elle est une affaire de souveraineté, de justice, de confiance.
Une gouvernance professionnalisée, avec des administrateurs indépendants, une séparation des fonctions et une évaluation des dirigeants ; Un impératif de performance, mais au sens large : économique, sociale, environnementale, numérique ; Un souci d’équité territoriale, pour que la ruralité, les régions enclavées et les zones vulnérables ne soient pas les oubliées du développement ; Un recentrage stratégique, sur des secteurs jugés souverains : santé, eau, énergie, numérique. Cette réforme n’est pas qu’une affaire de gestion. Elle est une affaire de souveraineté, de justice, de confiance.
Le secteur privé comme partenaire, pas comme rival
Loin d’un repli étatiste, cette nouvelle doctrine actionnariale ouvre la voie à une alliance rénovée entre public et privé. Les PPP nouvelle génération, les cotations en bourse, la numérisation des services ou les cofinancements stratégiques en Afrique sont autant de pistes où les EEP peuvent servir de catalyseurs.
Mais cette ouverture suppose une posture claire de l’État : ni omniprésent, ni absent ; ni rentier, ni passif. Un État sélectif, intelligent, garant de l’intérêt général.
Mais cette ouverture suppose une posture claire de l’État : ni omniprésent, ni absent ; ni rentier, ni passif. Un État sélectif, intelligent, garant de l’intérêt général.
Un test de maturité collective
Cette réforme sera jugée sur ses résultats :
Il ne s’agit pas de croire ou de douter. Il s’agit de suivre, de documenter, d’analyser. C’est le rôle d’un média économique comme le nôtre. Et c’est aussi un test de maturité collective pour la démocratie marocaine.
Un pari à suivre de près
Avec l’ANGSPE, le Maroc se dote enfin d’un bras armé de pilotage stratégique de ses actifs publics. Le chantier est immense, les résistances réelles, les effets différés. Mais la direction est prise.
C’est désormais à nous tous journalistes, chercheurs, acteurs économiques, élus, citoyens, de veiller à ce que cette réforme ne soit pas un simple toilettage technocratique, mais bien une avancée structurante pour le Maroc de demain.
C’est désormais à nous tous journalistes, chercheurs, acteurs économiques, élus, citoyens, de veiller à ce que cette réforme ne soit pas un simple toilettage technocratique, mais bien une avancée structurante pour le Maroc de demain.