Afghanistan : quand les femmes ne pourront même plus se faire soigner


Rédigé par le Lundi 7 Juillet 2025

Privées d’éducation, de liberté de mouvement, de voix dans l’espace public… et bientôt de soins médicaux. En Afghanistan, les femmes se dirigent vers une impasse dramatique. Depuis le retour au pouvoir des talibans en 2021, une succession de lois liberticides réduit peu à peu les droits fondamentaux des Afghanes. Dernier front en date : la santé.



Les talibans ont non seulement interdit aux femmes de poursuivre des études de médecine, mais ont également décrété qu’aucune femme ne peut être soignée par un homme. Un double verrou aux conséquences terrifiantes. « Nous sommes la dernière génération de femmes médecins. Il n’y en aura pas d’autre », confie la docteure Palacha à France Info, la voix brisée par l’inquiétude.

Ce n’est plus seulement une question de droits, c’est une question de survie. Dans quelques années, faute de professionnelles formées, les femmes afghanes n’auront plus accès aux soins. Pas parce que les hôpitaux seront vides, mais parce qu’il ne leur sera plus permis d’y entrer. C’est une condamnation silencieuse, un effacement méthodique.


Un système de santé en ruines

Au-delà de la tragédie individuelle, cette politique sexiste asphyxie tout le système de santé. À Kaboul, l’hôpital français – soutenu par l’association La Chaîne de l’espoir – fait figure d’ultime refuge. C’est l’un des rares établissements du pays à offrir des soins gratuits à la population, y compris aux femmes. Chaque jour, des familles entières, souvent venues de provinces lointaines, affluent dans l’espoir d’une opération salvatrice ou d’un simple traitement.

Dans d’autres hôpitaux, si les consultations peuvent parfois être gratuites, les médicaments restent à la charge des patients. Un fardeau insupportable dans l’un des pays les plus pauvres au monde, où beaucoup n'ont même pas de quoi se nourrir.

Chaque année, cet hôpital réalise plus de 5 500 opérations chirurgicales. Il incarne un espoir fragile dans un pays qui s’effondre. Mais cet espoir est aujourd’hui menacé.


Le désengagement de la France : entre principe et péril

En 2025, la France a drastiquement réduit son financement de 75 % pour cet hôpital, dans le but de ne pas soutenir indirectement le régime taliban. Une décision compréhensible sur le plan politique, mais lourde de conséquences humanitaires. Moins de financement signifie moins d’opérations, moins de soins, et donc plus de souffrance.

Cette coupe budgétaire met en danger non seulement la pérennité de l’hôpital, mais aussi la vie de milliers de patient·es, et en premier lieu, des femmes. Car si les institutions internationales tournent le dos à l’Afghanistan pour ne pas cautionner le régime, ce sont les civils, et particulièrement les Afghanes, qui paient le prix fort.


Résister, soigner, espérer

Alors que le régime taliban poursuit sa politique de régression, des femmes continuent de résister. Certaines enseignent en secret, d’autres soignent dans la clandestinité, malgré les risques. La communauté internationale, elle, est face à un dilemme : comment aider sans légitimer ? Comment rester sans cautionner ?

Ce qui se joue en Afghanistan est plus qu’une crise locale. C’est un test pour notre conscience collective. Une question fondamentale : peut-on accepter qu’en 2025, des femmes meurent simplement parce qu’elles sont femmes ?


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Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec… En savoir plus sur cet auteur
Lundi 7 Juillet 2025
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