Akhannouch exhorte ses ministres à aller au contact: promesse d’ouverture ou mea culpa implicite?


Rédigé par le Jeudi 16 Octobre 2025

Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a appelé ses ministres à quitter leurs bureaux pour écouter les citoyens et agir vite. Un message qui sonne à la fois comme une injonction opérationnelle et comme la reconnaissance d’un déficit d’écoute publique.



Écouter et agir, enfin?

L’instruction est claire: multiplier les immersions, rencontrer les citoyens, capter les attentes, y répondre rapidement. En exhortant ses ministres à sortir du périmètre administratif, Aziz Akhannouch rebat les cartes de la communication gouvernementale. La démarche, qui s’inscrit dans la promesse d’un exécutif “de terrain”, répond à une demande d’efficacité palpable sur des dossiers sensibles: cherté de la vie, santé, école, emploi, et aménagements de base. Elle vise à réduire l’écart entre la décision et l’impact, en améliorant la qualité de la boucle “écouter–prioriser–exécuter–évaluer”.

Mais l’injonction ouvre aussi un débat sur la crédibilité. Pourquoi maintenant? Le gouvernement a déjà conduit des chantiers structurants : généralisation de la protection sociale, réforme de la santé, investissements industriels et touristiques; mais peine à convaincre sur les résultats ressentis au quotidien. D’où la critique: “c’est l’hôpital qui se moque de la charité”,  rappelant que l’exemplarité doit d’abord venir du sommet, en matière de transparence, délais d’exécution et reddition de comptes.

Concrètement, l’efficacité de cette “sortie des bureaux” dépendra de la méthode. D’abord, institutionnaliser des tournées sectorielles avec des formats d’écoute standardisés, des indicateurs publics et des délais de réponse. Ensuite, articuler ces remontées avec les budgets et les agences d’exécution, afin que la parole donnée se traduise en chantiers. Enfin, publier des bilans trimestriels pour installer une culture de preuve. Sans ces garde‑fous, la démarche risque de s’épuiser en opérations d’image.

La séquence s’inscrit aussi dans un contexte de crispation budgétaire et sociétale. Les arbitrages à venir sur la dépense sociale, l’eau et les infrastructures imposent un ciblage fin, que seule une écoute de terrain peut affiner. Le pari d’Akhannouch: transformer une critique, l’éloignement, en opportunité, la proximité, à condition d’accepter la contrainte d’une évaluation publique. Les citoyens jugeront sur pièces: délais, qualité des services, prix, et équité territoriale.

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Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la… En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 16 Octobre 2025
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