Alassane Ouattara investi pour un 4ᵉ mandat en Côte d'Ivoire


Rédigé par le Lundi 8 Décembre 2025

Lundi à Abidjan, la Côte d’Ivoire a vécu un moment politique majeur : Alassane Ouattara, 84 ans en janvier, a été officiellement investi pour un quatrième mandat lors d’une cérémonie solennelle au palais présidentiel. Réélu le 25 octobre dernier avec près de 90 % des voix, le chef de l’État commence un nouveau cycle de pouvoir alors même que l’opposition est restée écartée du scrutin et absente de la cérémonie.



Un mandat qui pose des questions sur la stabilité politique et l’avenir démocratique

Devant des centaines d’invités et sous l’œil des caméras africaines et internationales, Ouattara a prononcé le traditionnel serment, main droite levée, main gauche posée sur la Constitution. Une déclaration forte où il promet de « respecter et défendre fidèlement la Constitution », d’incarner l’unité nationale et de servir, avant tout, « l’intérêt supérieur de la Nation ». Une formule solennelle dans laquelle Abidjan a voulu lire un message de stabilité.
 

Mais derrière les dorures du palais, la scène politique est beaucoup plus tendue. Car si Ouattara a été réélu avec 89,77 % des suffrages, le chiffre cache une autre réalité : seulement la moitié des électeurs se sont déplacés (50,10 %), signe d’une participation en berne et d’un pays politiquement fracturé.
 

À cela s’ajoute une élection où les deux poids lourds de l’opposition, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, étaient absents du scrutin, radiés de la liste électorale. Le premier en raison d’une condamnation pénale, le second pour des questions de nationalité. Ni l’un ni l’autre n’a donné de consigne avant l’élection. Et lundi, ils n’étaient pas non plus présents à l’investiture, confirmant l’image d’un pays où le jeu politique reste verrouillé.
 

La cérémonie, elle, avait des allures de sommet diplomatique africain. Onze chefs d’État étaient présents : Angola, Congo-Brazzaville, Djibouti, Gabon, Sénégal, Comores, Ghana, Gambie, Liberia, Sierra Leone et Mauritanie. S’y ajoutaient des anciens dirigeants comme Mahamadou Issoufou, figure très respectée au Sahel, ou encore la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo.
 

Hors du continent, la France, partenaire clé d'Abidjan malgré les tensions régionales, était représentée par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale. Les États-Unis, eux, ont envoyé Jacob Helberg, sous-secrétaire d’État à la Croissance économique, venu s’entretenir avec Ouattara dans l’après-midi. Une présence qui montre que, malgré les critiques, la Côte d’Ivoire reste un terrain stratégique.
 

Pour les Ivoiriens, ce quatrième mandat ouvre une période pleine d’interrogations. Le pays affiche l’une des croissances les plus dynamiques d’Afrique de l’Ouest, mais la fracture politique reste béante. L’exclusion de figures majeures, l’abstention élevée et les débats sur la longévité au pouvoir nourrissent une inquiétude silencieuse. Dans les rues d’Abidjan, beaucoup se demandent si ce nouveau mandat sera celui de la réconciliation ou de la crispation.





Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.… En savoir plus sur cet auteur
Lundi 8 Décembre 2025
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