Algérie : Tebboune et le mythe des 1,5 million de morts de la guerre d’indépendance


Le président algérien Abdelmadjid Tebboune relance le débat autour du chiffre controversé de 1,5 million de morts durant la guerre d’indépendance, une estimation qui continue de susciter polémiques et analyses historiques.



Entre mémoire nationale et controverse historique

Lors d’une récente allocution, le président Tebboune a évoqué le chiffre de 1,5 million de morts pour désigner le bilan humain de la guerre d’indépendance algérienne (1954–1962).

Cette estimation, longtemps utilisée dans la mémoire nationale algérienne, est contestée par certains historiens. Bernard Lugan, spécialiste de l’Afrique et de l’histoire coloniale, estime que ce chiffre est largement surestimé et invite à considérer des sources fiables et des bilans méthodiques pour approcher la réalité des pertes humaines.

La déclaration du chef de l’État intervient dans un contexte où l’Algérie continue de célébrer et de commémorer ses héros de la lutte pour l’indépendance. Pour le pouvoir, ce chiffre symbolique renforce la narration officielle de sacrifices immenses pour la souveraineté nationale, mais il ravive aussi les débats sur l’historiographie et la méthodologie des bilans humains de la guerre.

Pour le Maghreb et les pays voisins comme le Maroc, ce type de déclaration a un double impact : il souligne l’importance de la mémoire historique dans la construction des identités nationales et rappelle les sensibilités encore vives autour de la période coloniale. Les chercheurs et journalistes marocains suivent ce type de discours, car il peut influencer les relations diplomatiques et la perception des événements historiques partagés.

Les premières réactions sont partagées : les officiels algériens défendent la nécessité de préserver la mémoire des martyrs, tandis que les historiens et certains médias internationaux appellent à un examen critique des sources et des chiffres avancés. Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage entre partisans de la version officielle et sceptiques, illustrant combien la mémoire de la guerre reste un sujet sensible et émotionnel.

Au-delà du chiffre, cette discussion met en lumière l’importance de la recherche historique rigoureuse et la difficulté de quantifier les pertes humaines dans les conflits coloniaux. Pour les jeunes générations, elle constitue un rappel de l’histoire mouvementée de la région et de la complexité des récits nationaux. Le suivi des déclarations de Tebboune et des analyses d’historiens comme Bernard Lugan reste essentiel pour comprendre l’évolution du récit officiel et ses impacts sur la mémoire collective.

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Mardi 2 Septembre 2025

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