La donnée officielle vs la réalité perçue
Les gouvernements disposent d’outils précis : statistiques du HCP, banque centrale, ministère des Finances, office d'échange, ....Mais ces chiffres même exacts ne capturent pas la sensation qu’éprouve le citoyen au marché, chez le médecin ou devant la station-service.
Ainsi, une inflation annuelle de 2 % peut paraître modérée sur le papier, mais si les produits de base (huile, pain, carburant) ont bondi de 15 à 20 %, le ressenti explose. Idem pour le chômage : un taux officiel en baisse ne convaincra pas celui qui voit ses proches multiplier les petits boulots précaires ou quitter le pays faute d’opportunités.
Ainsi, une inflation annuelle de 2 % peut paraître modérée sur le papier, mais si les produits de base (huile, pain, carburant) ont bondi de 15 à 20 %, le ressenti explose. Idem pour le chômage : un taux officiel en baisse ne convaincra pas celui qui voit ses proches multiplier les petits boulots précaires ou quitter le pays faute d’opportunités.
Un décalage qui fragilise la confiance
La perception publique ne se construit pas uniquement à partir de données économiques. Elle se nourrit de récits personnels, de discussions au café, d’images virales sur les réseaux sociaux.
Ce décalage entre l’indicateur et la sensation provoque un phénomène dangereux : la perte de confiance dans la parole officielle. Un gouvernement qui martèle des « résultats positifs » face à une opinion qui se sent appauvrie risque d’alimenter un soupçon généralisé, voire un rejet des institutions.
Ce décalage entre l’indicateur et la sensation provoque un phénomène dangereux : la perte de confiance dans la parole officielle. Un gouvernement qui martèle des « résultats positifs » face à une opinion qui se sent appauvrie risque d’alimenter un soupçon généralisé, voire un rejet des institutions.
Le rôle amplificateur des symboles
Certaines situations, même marginales sur le plan statistique, cristallisent le mécontentement. Elles deviennent des marqueurs émotionnels puissants :
L’absence remarquée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) cet été est perçue comme un signe économique et affectif inquiétant, même si les transferts financiers restent solides.
Les ruptures de stocks de médicaments, même ponctuelles, deviennent un symbole d’impuissance de l’État à garantir un bien vital.
Un embouteillage monstre dans une gare ou un aéroport peut ancrer l’idée d’un pays saturé et mal organisé, indépendamment des millions de trajets qui se passent bien.
Le spectacle quotidien du non-civisme comme les stationnements sauvages, incivilités sur la route, dépôts d’ordures hors des bennes nourrit l’impression d’un relâchement généralisé et d’un État incapable de faire respecter les règles élémentaires.
La prolifération des chiens errants dans certaines villes, au-delà de la nuisance sanitaire, devient l’image d’un espace public abandonné.
Un fait divers d’insécurité largement relayé : agression filmée, cambriolage spectaculaire — prend une ampleur disproportionnée, faisant oublier que la criminalité globale peut rester stable ou en baisse.
Une rixe dans un quartier populaire impliquant des migrants subsahariens alimente, par effet de loupe, des tensions identitaires et le sentiment que l’État perd le contrôle de la cohabitation urbaine.
Ces symboles créent une impression persistante et émotionnelle, bien plus marquante qu’un tableau Excel, car ils touchent à ce que les citoyens voient, vivent et commentent entre eux au quotidien.
L’absence remarquée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) cet été est perçue comme un signe économique et affectif inquiétant, même si les transferts financiers restent solides.
Les ruptures de stocks de médicaments, même ponctuelles, deviennent un symbole d’impuissance de l’État à garantir un bien vital.
Un embouteillage monstre dans une gare ou un aéroport peut ancrer l’idée d’un pays saturé et mal organisé, indépendamment des millions de trajets qui se passent bien.
Le spectacle quotidien du non-civisme comme les stationnements sauvages, incivilités sur la route, dépôts d’ordures hors des bennes nourrit l’impression d’un relâchement généralisé et d’un État incapable de faire respecter les règles élémentaires.
La prolifération des chiens errants dans certaines villes, au-delà de la nuisance sanitaire, devient l’image d’un espace public abandonné.
Un fait divers d’insécurité largement relayé : agression filmée, cambriolage spectaculaire — prend une ampleur disproportionnée, faisant oublier que la criminalité globale peut rester stable ou en baisse.
Une rixe dans un quartier populaire impliquant des migrants subsahariens alimente, par effet de loupe, des tensions identitaires et le sentiment que l’État perd le contrôle de la cohabitation urbaine.
Ces symboles créent une impression persistante et émotionnelle, bien plus marquante qu’un tableau Excel, car ils touchent à ce que les citoyens voient, vivent et commentent entre eux au quotidien.
Gérer la perception : une bataille politique
Un gouvernement avisé doit comprendre que la perception est un indicateur stratégique au même titre que la croissance ou le déficit.
Cela implique tris choses :
1-Anticiper les signaux faibles (prix qui grimpent dans certains secteurs clés, tension sur des produits sensibles, baisse de fréquentation touristique).
2-Communiquer avec nuance : reconnaître les difficultés ressenties avant de les relativiser par les données.
3-Agir sur le concret visible : parfois, une mesure symbolique, rapide et tangible vaut plus que dix réformes structurelles invisibles à court terme.
Cela implique tris choses :
1-Anticiper les signaux faibles (prix qui grimpent dans certains secteurs clés, tension sur des produits sensibles, baisse de fréquentation touristique).
2-Communiquer avec nuance : reconnaître les difficultés ressenties avant de les relativiser par les données.
3-Agir sur le concret visible : parfois, une mesure symbolique, rapide et tangible vaut plus que dix réformes structurelles invisibles à court terme.
Ignorer cette « température ressentie » revient à naviguer en plein brouillard
La gouvernance moderne ne se joue pas seulement dans les ministères mais dans l’espace subjectif de la perception citoyenne. Ignorer cette « température ressentie » revient à naviguer en plein brouillard. Entre réalité chiffrée et vécu quotidien, le fossé peut être large ; le combler exige de l’empathie politique, de la transparence et une capacité à transformer la perception en levier d’action.
Ce sujet touche au cœur du défi démocratique : être capable de répondre à ce que vivent réellement les gens, et pas seulement à ce que racontent les indicateurs macroéconomiques.
Ce sujet touche au cœur du défi démocratique : être capable de répondre à ce que vivent réellement les gens, et pas seulement à ce que racontent les indicateurs macroéconomiques.
Confidence d’un ancien ministre de l’Emploi
« C’est une mission impossible que de vouloir contrer la perception d’une opinion publique. Même avec la meilleure communication digitale, on ne peut pas effacer un ressenti collectif. Il faut parfois l’accepter et continuer à travailler pour améliorer les choses. Seuls des résultats palpables, visibles et constants sur le long terme peuvent finir par atténuer ces perceptions. »