Analyse : Une montée en puissance militaire stratégique
L’acquisition récente du drone chinois TB-001, surnommé le « Scorpion à deux queues », illustre parfaitement cette ambition. Ce drone, capable de mener des missions de reconnaissance et d’attaque, place le Maroc en tête des nations africaines en matière de technologies aériennes non habitées. Avec une autonomie de vol impressionnante et une capacité d’armement avancée, le TB-001 renforce les capacités des FAR à surveiller et à protéger leurs frontières, tout en jouant un rôle dissuasif face aux menaces potentielles. Cette acquisition marque une étape clé dans la transformation numérique et technologique des forces armées marocaines.
En parallèle, l’armée marocaine a conclu un contrat majeur avec Boeing pour l’achat de 24 hélicoptères Apache Guardian AH-64E, avec une option pour 12 unités supplémentaires. Ces hélicoptères, reconnus comme les plus performants au monde dans leur catégorie, sont équipés de systèmes de pointe tels que le radar Longbow et des missiles Hellfire. La première livraison est prévue dès 2025, avec un déploiement complet d’ici 2026. Cette acquisition, d’un montant de 4,25 milliards de dollars, témoigne de l’importance des relations stratégiques entre le Maroc et les États-Unis. Elle vise non seulement à renforcer les capacités de combat des FAR, mais également à équilibrer les rapports de force en Afrique du Nord, face à une Algérie qui investit massivement dans son propre arsenal.
Le choix du Maroc de diversifier ses partenaires militaires est également visible dans sa coopération avec Israël. Le contrat signé avec Elbit Systems pour l’achat du système d’artillerie ATMOS 2000 en est un exemple frappant. Ce système, préféré au CAESAr français, offre une mobilité accrue et une puissance de feu adaptée aux besoins des FAR. Cette décision reflète une intensification des relations entre Rabat et Tel-Aviv, dans un contexte marqué par les Accords d’Abraham. Elle souligne aussi une volonté marocaine de s’affranchir d’une dépendance excessive à certains fournisseurs traditionnels, comme la France.
Au-delà des acquisitions spécifiques, la modernisation des FAR s’inscrit dans une stratégie globale visant à renforcer la souveraineté militaire du Royaume. Le budget de la défense marocaine, en constante augmentation, témoigne de cette priorité. En 2025, il atteint environ 13 milliards d’euros, permettant au Maroc de financer des projets ambitieux, tels que l’acquisition de nouveaux avions de chasse F-16 Block 72, des systèmes de défense anti-aérienne avancés et des bombes de précision GBU-39B.
Cette montée en puissance militaire répond à plusieurs enjeux. Premièrement, elle vise à sécuriser les frontières du Royaume face aux menaces terroristes et aux tensions régionales. Deuxièmement, elle permet au Maroc de jouer un rôle actif dans les missions de maintien de la paix, renforçant ainsi son influence diplomatique. Enfin, elle contribue à asseoir le leadership du Royaume en Afrique, en tant qu’acteur clé dans la stabilité et la sécurité du continent.
Le réarmement des Forces Armées Royales traduit une volonté marocaine de s’affirmer sur la scène internationale tout en répondant aux défis régionaux. En diversifiant ses partenariats et en investissant dans des technologies de pointe, le Maroc se positionne comme un acteur stratégique en Afrique et au-delà. Cette modernisation, bien que coûteuse, est un pari sur l’avenir, visant à garantir la sécurité et la souveraineté du Royaume dans un monde de plus en plus incertain.