Appels d’offres du ministere de la santé en plein été

Stratégie délibérée ou management aléatoire




Par Dr Anwar CHERKAOUI, médecin expert en communication médicale et journalisme de santé

Lancer des appels d’offres dans le secteur de la santé et organiser l’ouverture des plis pendant les mois de juillet et août est une pratique qui interroge. 

Alors que la quasi-totalité des institutions internationales déconseillent cette période estivale, certaines administrations continuent de l’utiliser. 

Est-ce un choix anodin ou une manœuvre stratégique ?

 L’été, saison morte pour la transparence 
Durant l’été, les administrations fonctionnent souvent au ralenti. 
Les cadres décisionnaires sont en congé. 
Les fournisseurs, en particulier à l’échelle internationale, réduisent leurs activités. 
Quant aux experts en passation de marchés, juristes ou représentants de la société civile, ils sont moins disponibles.

Conséquence directe : une baisse de la concurrence, un contrôle amoindri, des délais fragiles, et une porte ouverte aux irrégularités.

Une démocratie sanitaire ne prend pas de vacances 

Dans un domaine aussi sensible que la santé publique, chaque appel d’offre engage des ressources, des soins et parfois des vies humaines. 

Publier un appel d’offres pour des médicaments, des équipements hospitaliers des prestations vitales, le gardiennage ou le maintien des espaces verts  au cœur de l’été, c’est prendre le risque de réduire le nombre de candidats sérieux, d’affaiblir la compétition, et de limiter les chances d’avoir la meilleure offre au meilleur prix.

Qui y gagne, et surtout… qui y perd ?

Derrière ce calendrier atypique, certains évoquent la pression du temps ou des urgences budgétaires. 

D’autres y voient une opportunité discrète de faire passer certaines décisions à l’abri des regards.

Mais dans un système où la transparence reste fragile, la concomitance entre vacances estivales et procédures critiques suscite la méfiance.

 Ce que disent les grandes institutions internationales 

L’OMS, la Banque mondiale, le Fonds mondial, l’UNICEF, ou encore GAVI sont unanimes : les appels d’offres doivent être alignés sur les cycles budgétaires, la disponibilité des parties prenantes, et les besoins épidémiologiques.

Elles recommandent clairement d’éviter les périodes de fin d’année et de congés d’été, et de concentrer les appels entre mars et juin ou entre septembre et novembre. 

Ces périodes offrent une meilleure visibilité, une coordination optimale, et garantissent un maximum de réactivité de la part des opérateurs économiques.

 L’été des marchés : un symptôme révélateur 

Le recours aux appels d’offres estivaux peut paraître anodin. 
Pourtant, il reflète une certaine culture administrative où le temps mort devient une stratégie. 
Il pose une question de fond : pourquoi choisir volontairement une période où les contrôles sont affaiblis et la vigilance en congé ?
 Pour une santé publique exemplaire, même en été 
Il est temps d’instaurer une culture de la planification rigoureuse. 

Un calendrier clair, aligné sur les réalités institutionnelles et les standards internationaux, est indispensable. 

Il garantirait une passation équitable, transparente, et efficace des marchés publics dans le domaine de la santé.


Mercredi 23 Juillet 2025

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