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Réforme du Conseil national de la presse : entre pluralisme et fragilisation de la profession
La réforme du Conseil national de la presse (CNP), fait l’objet de critiques virulentes : entre les recommandations du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) et les réserves exprimées par les acteurs historiques de la presse, cette réorganisation soulève des questions fondamentales sur la représentativité, l’autorégulation et l’indépendance des médias au Maroc.
Au cœur du débat se trouve une tension entre l’objectif affiché de pluralisme et les risques de fragilisation de la profession journalistique. Si le CNDH insiste sur la nécessité d’un équilibre tripartite entre éditeurs, journalistes et membres extérieurs, les critiques dénoncent une dilution des responsabilités et une perte de crédibilité pour la presse marocaine.
Le mémorandum du CNDH appelle à une réforme fondée sur le pluralisme, en intégrant une diversité d’acteurs : journalistes, éditeurs, représentants de la société civile et universitaires. Cette approche, qui s’inspire des modèles australien et finlandais, vise à garantir une représentativité plus large et à tenir compte des mutations numériques. Elle propose notamment une composition équilibrée de 21 membres répartis entre éditeurs, journalistes et indépendants.
Cependant, cette ambition de pluralisme soulève plusieurs interrogations. L’intégration des créateurs de contenu numérique, bien qu’en phase avec les évolutions du secteur, est perçue par certains comme une menace pour la profession. Pour Younes Mjahed, président de la Commission provisoire pour la gestion des affaires du secteur de la presse, cette ouverture risque d’introduire des « intrus » et de dévaloriser le métier de journaliste. En effet, à l’heure où la presse marocaine lutte pour renforcer sa crédibilité, un élargissement excessif de la représentativité pourrait diluer les normes professionnelles et fragiliser l’autorégulation.
L’un des points centraux du mémorandum concerne l’indépendance du CNP. Le CNDH recommande un financement durable pour garantir l’autonomie organisationnelle et éditoriale des entreprises médiatiques. Il plaide également pour une transparence accrue, avec la publication périodique des décisions et rapports relatifs aux plaintes et au financement.
Ces propositions, bien qu’essentielles, restent insuffisantes face aux défis structurels du secteur. L’indépendance financière des médias marocains est souvent compromise par des pressions politiques et économiques. Sans une réforme en profondeur des mécanismes de financement, le CNP risque de rester dépendant des influences extérieures, limitant ainsi sa capacité à réguler efficacement le secteur.
Par ailleurs, le système électoral proposé, fondé sur des listes, vise à garantir une expression démocratique. Toutefois, la règle du « winner-takes-all », qui avantage les organisations professionnelles les plus puissantes, pourrait exacerber les inégalités entre éditeurs. La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) s’est déjà sentie lésée par cette approche, au profit de l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME). Ce déséquilibre pourrait accentuer la concentration des pouvoirs au sein du CNP, au détriment des petits acteurs du secteur.
Le rapport du CNDH insiste sur la priorité à l’autorégulation, tout en appelant à unifier la base juridique des sanctions dans les affaires de diffamation. Cette approche, qui cherche à concilier droits humains et régulation professionnelle, est critiquée pour son manque de clarté. Younes Mjahed dénonce une confusion entre l’autorégulation de la presse et les principes universels des droits de l’Homme. Cette dilution des responsabilités pourrait affaiblir la capacité du CNP à encadrer efficacement la profession.
De plus, les recommandations du CNDH, bien qu’inspirées des standards internationaux, semblent manquer de cohérence avec les pratiques mondiales. Les modèles australien et finlandais, souvent cités comme références, reposent sur une distinction claire entre l’autorégulation et les conditions d’accès au métier. Or, le projet de loi marocain semble ignorer cette distinction, en intégrant des catégories professionnelles sans légitimité reconnue.
Enfin, le processus même de cette réforme soulève des questions. Le rapport du CNDH, publié à peine 48 heures après une table ronde, donne l’impression que les consultations n’ont été qu’une formalité. Ce sentiment est renforcé par les critiques sur la composition de la table ronde, où des participants « étrangers à la profession » auraient été invités, selon Younes Mjahed. Cette précipitation nuit à la crédibilité du processus et alimente les suspicions sur la transparence de la démarche.
La réforme du Conseil national de la presse, bien qu’ambitieuse, semble souffrir d’un manque de cohérence et de concertation. Si le pluralisme et l’indépendance sont des objectifs louables, leur mise en œuvre reste mal calibrée, risquant de fragiliser la profession journalistique au lieu de la renforcer. À l’heure où la presse marocaine doit consolider ses bases, cette réforme controversée pourrait avoir des conséquences durables sur la crédibilité et l’autorégulation du secteur. Les parlementaires, attendus pour voter ce projet dès la session d’automne, devront repenser cette réforme pour en faire un véritable levier de renforcement de la presse nationale.
Au cœur du débat se trouve une tension entre l’objectif affiché de pluralisme et les risques de fragilisation de la profession journalistique. Si le CNDH insiste sur la nécessité d’un équilibre tripartite entre éditeurs, journalistes et membres extérieurs, les critiques dénoncent une dilution des responsabilités et une perte de crédibilité pour la presse marocaine.
Le mémorandum du CNDH appelle à une réforme fondée sur le pluralisme, en intégrant une diversité d’acteurs : journalistes, éditeurs, représentants de la société civile et universitaires. Cette approche, qui s’inspire des modèles australien et finlandais, vise à garantir une représentativité plus large et à tenir compte des mutations numériques. Elle propose notamment une composition équilibrée de 21 membres répartis entre éditeurs, journalistes et indépendants.
Cependant, cette ambition de pluralisme soulève plusieurs interrogations. L’intégration des créateurs de contenu numérique, bien qu’en phase avec les évolutions du secteur, est perçue par certains comme une menace pour la profession. Pour Younes Mjahed, président de la Commission provisoire pour la gestion des affaires du secteur de la presse, cette ouverture risque d’introduire des « intrus » et de dévaloriser le métier de journaliste. En effet, à l’heure où la presse marocaine lutte pour renforcer sa crédibilité, un élargissement excessif de la représentativité pourrait diluer les normes professionnelles et fragiliser l’autorégulation.
L’un des points centraux du mémorandum concerne l’indépendance du CNP. Le CNDH recommande un financement durable pour garantir l’autonomie organisationnelle et éditoriale des entreprises médiatiques. Il plaide également pour une transparence accrue, avec la publication périodique des décisions et rapports relatifs aux plaintes et au financement.
Ces propositions, bien qu’essentielles, restent insuffisantes face aux défis structurels du secteur. L’indépendance financière des médias marocains est souvent compromise par des pressions politiques et économiques. Sans une réforme en profondeur des mécanismes de financement, le CNP risque de rester dépendant des influences extérieures, limitant ainsi sa capacité à réguler efficacement le secteur.
Par ailleurs, le système électoral proposé, fondé sur des listes, vise à garantir une expression démocratique. Toutefois, la règle du « winner-takes-all », qui avantage les organisations professionnelles les plus puissantes, pourrait exacerber les inégalités entre éditeurs. La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) s’est déjà sentie lésée par cette approche, au profit de l’Association nationale des médias et des éditeurs (ANME). Ce déséquilibre pourrait accentuer la concentration des pouvoirs au sein du CNP, au détriment des petits acteurs du secteur.
Le rapport du CNDH insiste sur la priorité à l’autorégulation, tout en appelant à unifier la base juridique des sanctions dans les affaires de diffamation. Cette approche, qui cherche à concilier droits humains et régulation professionnelle, est critiquée pour son manque de clarté. Younes Mjahed dénonce une confusion entre l’autorégulation de la presse et les principes universels des droits de l’Homme. Cette dilution des responsabilités pourrait affaiblir la capacité du CNP à encadrer efficacement la profession.
De plus, les recommandations du CNDH, bien qu’inspirées des standards internationaux, semblent manquer de cohérence avec les pratiques mondiales. Les modèles australien et finlandais, souvent cités comme références, reposent sur une distinction claire entre l’autorégulation et les conditions d’accès au métier. Or, le projet de loi marocain semble ignorer cette distinction, en intégrant des catégories professionnelles sans légitimité reconnue.
Enfin, le processus même de cette réforme soulève des questions. Le rapport du CNDH, publié à peine 48 heures après une table ronde, donne l’impression que les consultations n’ont été qu’une formalité. Ce sentiment est renforcé par les critiques sur la composition de la table ronde, où des participants « étrangers à la profession » auraient été invités, selon Younes Mjahed. Cette précipitation nuit à la crédibilité du processus et alimente les suspicions sur la transparence de la démarche.
La réforme du Conseil national de la presse, bien qu’ambitieuse, semble souffrir d’un manque de cohérence et de concertation. Si le pluralisme et l’indépendance sont des objectifs louables, leur mise en œuvre reste mal calibrée, risquant de fragiliser la profession journalistique au lieu de la renforcer. À l’heure où la presse marocaine doit consolider ses bases, cette réforme controversée pourrait avoir des conséquences durables sur la crédibilité et l’autorégulation du secteur. Les parlementaires, attendus pour voter ce projet dès la session d’automne, devront repenser cette réforme pour en faire un véritable levier de renforcement de la presse nationale.