Basket marocain : la reprise du championnat n’apaise pas les tensions internes


Rédigé par le Mercredi 11 Juin 2025

Si le championnat de basket a officiellement repris au Maroc, la relance sportive ne suffit pas à masquer les turbulences institutionnelles en coulisses. La transition assurée par la commission provisoire, désignée par le ministère de tutelle, fait désormais face à de vives critiques de la part de Mostafa Aourach, président sortant de la Fédération. Le360 Sport a confronté les deux camps au cœur de cette crise qui dépasse largement le parquet.



Une relance sportive sous haute tension

Dans l’univers de la NBA, un « lock-out » désigne un arrêt forcé des compétitions par désaccord entre joueurs et dirigeants. Au Maroc, c’est un autre type de blocage qui a frappé le basketball. En avril dernier, c’est Mostafa Aourach lui-même qui avait décidé de geler les compétitions, en conflit ouvert avec le ministère.

Depuis, une commission provisoire, dirigée par Driss Chraïbi, a été mise en place pour remettre le ballon en jeu. Objectif prioritaire : relancer le championnat. Pari tenu, selon Chraïbi : « Le redémarrage s’est fait grâce à une dynamique collective et au sérieux de l’équipe. Nous préparons aussi une feuille de route pour les cinq prochaines années. Elle pourra être adoptée, ou non, par la future direction ».

Les playoffs reprendront dès le retour du FUS de la Basketball Africa League, et la Coupe du Trône est également maintenue. Sur le plan purement sportif, les signaux sont au vert.

Des tensions administratives toujours vives

Mais derrière cette reprise, les tensions institutionnelles restent vives. Driss Chraïbi évoque des zones d’ombre, notamment l'absence de documents financiers cruciaux à l’établissement d’un état des lieux complet. Mostafa Aourach, lui, affirme avoir transféré ces documents à un cabinet indépendant, refusant de les remettre directement à la commission.

« Je ne peux pas transmettre des documents à une personne qui m’a attaqué publiquement. J’ai demandé à ce qu’ils soient traités de manière neutre », explique-t-il.


Autre sujet de discorde : les conditions de passation de pouvoir. Aourach fustige une transition menée sans concertation : « Ils sont entrés à la Fédération sans prévenir, sans passer par le bureau fédéral. Ce n’est pas ainsi qu’on gère une institution nationale. » Driss Chraïbi rétorque que l’ex-président a bien été informé. Ce dernier nuance : « J’étais à Nador, pas à Rabat. J’ai reçu le courrier trop tard, et personne ne m’a appelé directement. Il a mon numéro pourtant. »

Des élections sous surveillance

Concernant les élections promises dans un délai de 3 à 6 mois, conformément à la loi 30-09, Driss Chraïbi assure qu’elles seront transparentes et régulières. Mais Mostafa Aourach accuse son successeur de vouloir manipuler le processus : « Il cherche à organiser une élection sur mesure. Ce n’est pas une entreprise privée ici, mais une fédération nationale qui gère plus de 140 clubs. Elle doit rester au service de ses membres, pas d’intérêts personnels. »

Entre rebond sportif et temps mort institutionnel

En apparence, le basket marocain retrouve des couleurs sur le terrain. Mais en coulisses, la gouvernance reste en crise. Depuis plusieurs années, la discipline souffre d’un manque de stabilité, de conflits internes et de problèmes structurels qui empêchent son développement.

Aujourd’hui, il ne s’agit plus simplement de faire rebondir la balle, mais bien de sortir définitivement d’un « time-out » institutionnel qui freine l’avenir de tout un sport.


FRMBB, basket ball





Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec… En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 11 Juin 2025
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