Billet d’humeur – CNSS, cybersécurité et silences gênés


Rédigé par le Dimanche 13 Avril 2025



CNSS : quand les données fuient, le silence reste

Quand une grande assurance perd ses fichiers… et ses nerfs

Au Maroc, même les pirates n’ont plus besoin de drapeaux noirs et de sabres entre les dents. Il suffit d’un clavier, d’une connexion, et hop : la CNSS tombe. Avec elle, tout un pan du service public digital. Ministères paralysés, portails HS, murmures sur Telegram, tweets énervés… Bienvenue dans l’ère du bug national.

Ce n’est pas la première fois que le Royaume se fait hacker, et ce ne sera sûrement pas la dernière. Mais là, c’est plus piquant : CNSS et ministère de l’Emploi touchés. Rien que ça. Et qui parle ? Personne. Ah si, la CNSS. Pour menacer les internautes de poursuites s’ils partagent des fichiers fuités. Sympa. On attendait des excuses, on a eu des ultimatums. La pédagogie par la peur.

Quant à savoir d’où vient l’attaque ? On pointe l’Algérie. C’est devenu un réflexe géopolitique. Si c’est vraiment eux, ce serait cohérent avec leur récente passion pour les cyberboulettes. Si ce n’est pas eux, on aurait peut-être besoin d’un antivirus dans notre communication officielle.

Mais ce qui frappe le plus, c’est l’absence des « pros du code » dans la riposte. Où sont nos ingénieurs brillants ? En Europe, au Canada, dans les émirats… n’importe où, sauf ici. Nos écoles forment, l’étranger recrute, et notre cybersécurité tousse. On avait promis des start-ups, on récolte des failles.

Et pourtant, le public, lui, a bien réagi. Pas de grand déballage viral, pas d’hystérie collective. Une forme de civisme numérique à saluer. Mais l’éthique n’est pas éternelle : plus les autorités se murent dans le silence ou la menace, plus la rumeur s’épanouit.

Quant à la CNDP, qui veut encadrer la reconnaissance faciale, les télépaiements, les libertés numériques ? On l’attend encore. Parce qu’à force d’attendre la lumière, on commence à s’habituer à l’ombre…

​« Quand la confiance s’effrite, tout vacille »

La confiance numérique est un fil de soie : invisible, fragile, mais essentiel. Lorsqu’une attaque touche des institutions sociales comme la CNSS, ce n’est pas qu’une base de données qu’on viole, c’est le lien entre l’État et ses citoyens qu’on fragilise. La question n’est pas de savoir si l’on peut garantir 100 % de sécurité – aucun pays ne le peut – mais si l’on est capable de réagir avec transparence, rigueur et respect. Car au-delà du piratage, le vrai bug, c’est l’absence de communication claire. Et dans un pays qui aspire à digitaliser l’administration, ce n’est plus un luxe : c’est une urgence.




Dimanche 13 Avril 2025
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