L’épuisement rapide des billets disponibles sur la plateforme officielle pour les rencontres des Lions de l’Atlas a ouvert la voie à une prolifération d’offres sur les réseaux sociaux. Les prix proposés ont aussitôt grimpé, atteignant des niveaux jugés excessifs par de nombreux supporters, exclus de fait de l’accès aux stades.
Face à cette situation, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a déclenché plusieurs enquêtes sous la supervision des parquets compétents. Huit personnes sont soupçonnées de spéculation illégale sur les billets de la CAN 2025. Selon une source sécuritaire, des publications suspectes repérées par les services de veille numérique ont permis d’identifier les auteurs présumés, grâce à des investigations techniques et de terrain.
Les interpellations ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment Rabat, Témara, Agadir, Salé, Marrakech et Mohammedia. Les suspects ont été placés en garde à vue dans le cadre d’enquêtes visant à déterminer l’ampleur des réseaux impliqués et leurs modes opératoires. Les services de sécurité poursuivent leurs investigations afin de prévenir toute perturbation du bon déroulement de la compétition.
Pour Tayeb El Hazzaz, expert en sécurité informatique, cette situation s’inscrit dans une dynamique bien connue lors des grands événements internationaux. Il évoque une « activité économique informelle et saisonnière » qui accompagne souvent l’augmentation de la demande en billets, hébergement et transport. Il met toutefois en garde contre une « amplification informationnelle » sur les réseaux sociaux, reposant selon lui sur des récits exagérés laissant croire à une désorganisation du tournoi.
L’expert estime que le marché noir peut parfois servir d’outil dans des stratégies plus larges visant à nuire à l’image du pays hôte. Il appelle ainsi à une approche proactive, combinant démantèlement des réseaux numériques, traçabilité des circuits de financement et renforcement de la vigilance citoyenne à travers la vérification de l’information.
De son côté, Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des associations de protection du consommateur, plaide pour un durcissement du cadre juridique. Il dénonce l’action de « courtiers en billets » achetant de grandes quantités et propose de plafonner le nombre de billets par acheteur. Selon lui, certaines plateformes portent aussi une part de responsabilité en facilitant ces pratiques, au détriment du consommateur, première victime de cette flambée illégale des prix.