Cancers féminins : la kinésithérapie monte au front de l’après-soin


Drainage lymphatique, rééducation périnéale, reconstruction corporelle : l’enjeu d’un accompagnement global
La kinésithérapie post-cancer du sein et gynécologique s’impose comme une clé de la réhabilitation des femmes. Une priorité émergente au Maroc.



Après l’opération, les traitements, la rémission… commence un autre combat, plus discret mais essentiel : la reconstruction de soi. Pour les femmes ayant traversé un cancer du sein, de l’utérus ou des ovaires, la kinésithérapie devient bien plus qu’un complément de soin. Elle est un pilier de la réhabilitation fonctionnelle, émotionnelle et identitaire. Lors du Morocco Medical Expo 2025, cette dimension encore trop peu reconnue sera mise en lumière.

Une rééducation encore trop oubliée
Après un traitement oncologique, les femmes font souvent face à des séquelles physiques lourdes : douleurs, perte de mobilité, lymphœdème, troubles urinaires ou sexuels. Mais ces problématiques sont encore insuffisamment prises en charge dans les parcours de soins classiques.

Mme Salma Sebraoui, kinésithérapeute marocaine spécialisée en urogynécologie et oncologie, va plaidé pour une intégration systématique de la kinésithérapie dès les phases précoces de la prise en charge, et non uniquement en phase de récupération.

Le drainage lymphatique, geste clé contre le lymphœdème
Le lymphœdème du bras après mastectomie ou curage ganglionnaire est l’un des effets secondaires les plus fréquents et les plus invalidants. En l’absence de traitement précoce, il peut devenir chronique, douloureux et déformant.

Le drainage lymphatique manuel, associé à la compression, à la mobilisation et à l’éducation thérapeutique, permet de réduire le volume du bras, améliorer la circulation et limiter les récidives. Plusieurs études internationales valident son efficacité, à condition qu’il soit réalisé par des professionnels formés.

Rééducation pelvienne et périnéale : briser le tabou
Les traitements des cancers gynécologiques (chirurgie, radiothérapie, hormonothérapie) peuvent entraîner des troubles urinaires, douleurs pelviennes, sécheresse vaginale ou dyspareunie. Ces effets secondaires ont un impact direct sur la qualité de vie et la sexualité.

La rééducation périnéale, encore trop peu proposée, permet de retrouver du confort, de restaurer la fonction musculaire et de redonner confiance dans son corps.

Vers une réhabilitation globale
La kinésithérapie post-cancer ne se limite pas à quelques exercices. Elle s’intègre dans une approche globale :


accompagnement psychocorporel,
rééducation respiratoire,
réappropriation du schéma corporel,
reprise d’une activité physique adaptée.

L’objectif : redonner aux femmes leur autonomie, leur estime de soi, leur mobilité, leur souffle. Cela nécessite un travail interdisciplinaire entre oncologues, kinésithérapeutes, psychologues, sexologues et associations de patientes.

Au Maroc, une dynamique à renforcer
Si des spécialistes marocaines comme Mme Sebraoui mènent des actions pionnières, la filière de kinésithérapie oncologique reste marginale. Peu de structures disposent de plateaux techniques adaptés, et la formation dans ce domaine est rare.

Le plaidoyer est clair : créer des référentiels de soin, intégrer cette dimension dans les centres anti-cancer, et reconnaître ces actes dans les nomenclatures de remboursement.

FOCUS : Kinésithérapie et cancer – axes prioritaires
Drainage lymphatique manuel
Bandage et compression thérapeutique
Rééducation pelvienne post-traitement
Accompagnement à la reprise d’activité physique
Prévention des douleurs chroniques post-opératoires

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Jeudi 22 Mai 2025



Rédigé par Hind Ed-dbali le Jeudi 22 Mai 2025
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