Carnets de voyage en Russie (III) : recherche et innovation au Technoparc Skolkovo


Rédigé par le Mardi 26 Décembre 2023

En Russie, on ne cultive pas seulement des céréales, mais aussi des idées innovantes. Bienvenue au Technoparc Skolkovo, la Silicon Valley russe.



Le groupe des 29 journalistes étrangers, en visite en Russie, se précipite dans l’un des bâtiments du Technoparc Skolkovo, considéré comme la Silicon Valley russe.

Au Centre de recherche et d’innovation de Skolkovo bourgeonnent des idées qui seront, ensuite, concrétisées sous forme de brevets et de produits commercialisés. C’est, actuellement, considéré comme le principal pôle d’innovation en Russie.

Crée en 2010, le Technoparc de Skolkovo s’étend sur une surface de 400 hectares, ce qui en fait le plus grand technoparc en Europe.

Les bâtiments ultra-modernes ont également été conçus avec une architecture innovante et portent des noms assez originaux : Hypercube, le premier à avoir été érigé, ou Matrix, que les résidents du Centre appellent plus affectueusement « Matriochka ».

Un concentré de matière grise

S’activent au Technoparc Skolkovo plus de 3.600 chercheurs résidents dans divers domaines de recherche scientifique et technologique : efficacité énergétique, technologies informatiques, biomédecine, technologies nucléaires et technologies spatiales.

Le Technoparc Skolkovo accueille également l’Institut des sciences et de la technologie de Skolkovo, ou Skoltech, crée en 2011, en collaboration avec le fameux Massachusetts Institut of Technology, MIT, ou 148 professeurs encadrent près d’un millier d’étudiants en post-doctorat. La formation y est, pour l’instant, gratuite et des bourses d’études sont mêmes accordées.

Quelques 4.000 entreprises tournées vers l’innovation, parmi lesquelles des grands groupes étrangers, trouvent dans cet écosystème dédié des laboratoires et des cerveaux prêts à apporter des solutions inédites à leurs attentes.

Les revenus ainsi générés se chiffrent à quelques 100 milliards de dollars par an. Des subventions sont accordées aux projets de recherche en intelligence artificielle et autres technologies numériques, outre le remboursement d’investissements et l’octroi d’avantages fiscaux.

Une pépinière de nouvelles idées

Plus de 200 entreprises et startups orientées vers le domaine de l’agriculture, objet de la visite du groupe de journalistes étrangers, y développent de nouveaux produits.

La recherche en matière d’agriculture va de nouveaux types de plantes, dont les céréales, aux engrais, en passant la production de protéines végétales et l’amidon. Les chercheurs du Centre usent des technologies digitales pour sélectionner de nouvelles plantes.

Des projets de recherche en agriculture de précision sont, ainsi, axés sur des outils futuristes, telle une moissonneuse-batteuse sans pilote, capable de détecter les mauvaises herbes et les éliminer, outre un usage plus efficient des engrais.

Le Technoparc de Skolkovo entretient également des relations de coopération avec des instituts de recherche de pays amis et dispose, dans ce cadre, d’accords avec la Chine et le Kazakhistan.

Le Maroc, un partenaire « en ligne »

Le Maroc compte, d’ailleurs, parmi les pays dont les représentants en recherche agronomique tiennent des réunions en ligne avec leurs homologues du Technoparc de Skolkovo, à l’instar de leurs confrères de l’Afrique du Sud, de l’Inde, du Brésil et de la Biélorussie.

Dans le cas du Maroc, les contacts sont établis à travers la représentation commerciale de l’ambassade de Russie à Rabat, ainsi que la Chambre de commerce.

Parmi les projets qui ont le plus attiré l’attention de votre humble serviteur, celui d’une application digitale permettant le suivi du marché international des céréales. Nul besoin de rappeler que le Maroc importe régulièrement et massivement des céréales, en partie d’ailleurs de la Russie, du fait du stress hydrique qui empêche la production locale de couvrir entièrement les besoins des consommateurs marocains.

Les chercheurs du Centre sont partis du constat que les cours des céréales sur le marché international se caractérisent par leur caractère volatil, outre les problèmes de logistique, alors que la consommation mondiale de céréales ne cesse d’augmenter.

Lisser les fluctuations du marché

Leader mondial de production de céréales, la Russie cherche également à stabiliser les prix. La plateforme numérique en cours de développement par les chercheurs du Technoparc de Skolkovo vise à assurer un suivi de la chaîne d’approvisionnement partant de la récolte jusqu’à la livraison, en passant par le stockage, le transport, l’exportation, les modes de paiement en devises et les transactions bancaires.

Il s’agit d’un outil d’analyse prédictive, permettant de mieux cerner les fluctuations du marché international des céréales et de pronostiquer la demande, à travers l’accumulation et le traitement de grands stocks de données.

Pour pouvoir tirer profit d’un tel outil, l’entente entre pays partenaires est une nécessité, du fait du problème posé par les différences de législation.

La visite du Technoparc s’achève pour le groupe de journalistes étrangers, le cerveau tellement chauffé par l’absorption d’informations pointues que l’on ressent à peine le froid glacial qui règne dans cette banlieue moscovite.

La prochaine visite concerne une usine de fabrication de machines d’emballage, à Saint-Pétersbourg, puisqu’il faut bien tout soigneusement empaqueter pour ne rien perdre.




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Mardi 26 Décembre 2023
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