Filière fragilisée, revenus ruraux menacés
L’invasion de Dactylopius opuntiae a laissé dans plusieurs provinces un paysage de silhouettes grisées, épines desséchées, mémoire récente d’une plante pourtant pilier agro‑écologique : le figuier de Barbarie. Au‑delà de la perte visible, c’est une économie rurale circulaire qui vacille – fruits frais, huile de pépins à haute valeur, fourrage de résilience en période de sécheresse, protection contre l’érosion. La cochenille, en se nourrissant de la sève, affaiblit les cladodes jusqu’à effondrement, accélérant la désertification fonctionnelle de micro‑territoires.
La réponse s’est structurée autour de programmes de sélection et de diffusion de variétés résistantes – Marjana, Ghalia, Belara, Angad – issues d’un travail de caractérisation entomologique et agronomique. Ces génotypes, plus tolérants, ne constituent pas une invulnérabilité absolue, mais réduisent la vitesse de colonisation et facilitent la gestion intégrée. Le succès dépend autant de la biologie que de la logistique : pépinières certifiées, traçabilité des plants, formation des agriculteurs à la densité adaptée et au monitoring précoce.
Dans l’intervalle, des pans entiers de revenu féminin (transformation artisanale de pulpe, extraction d’huile) se sont amenuisés. La filière, vecteur d’inclusion, avait permis de monétiser des terroirs à faible potentiel céréalier par une plante frugale. La perte de cette fonction amortisseur renforce la vulnérabilité aux chocs climatiques. La reconstitution ne peut se limiter à replanter ; elle doit intégrer diversification complémentaire (plantes aromatiques, légumineuses adaptées) pour réduire la monoculture et améliorer fertilité des sols.
L’approche phytosanitaire évolue vers un continuum préventif : élimination rapide des foyers résiduels, gestion des outils pour éviter dissémination, usage raisonné d’agents biologiques où pertinents. L’enjeu est d’éviter une dépendance à des intrants chimiques susceptibles de compromettre la certification biologique de certaines chaînes de valeur et de détériorer l’entomofaune auxiliaire. La science citoyenne, via applications simples permettant de signaler foyers émergents, pourrait densifier le maillage de détection.
Au plan stratégique, la restauration de la confiance des marchés d’exportation exige narration transparente : exploitation de variétés résistantes, protocoles de contrôle, traçabilité. Le cactus, dans le discours climatique, demeure un symbole d’adaptation hydrique ; perdre durablement cet atout affaiblirait la crédibilité d’une agriculture régénérative. Si l’effort de reconstitution réussit, la crise aura servi de catalyseur pour professionnaliser la filière, renforcer l’agrégation paysanne et introduire des standards de qualité plus élevés sur les extraits à forte valeur (huile cosmétique, poudre de fibre). Entre temps, chaque jeune plant résistant mis en terre incarne une micro‑victoire : le pari que la résilience s’ensemence, se sélectionne et se partage.
La réponse s’est structurée autour de programmes de sélection et de diffusion de variétés résistantes – Marjana, Ghalia, Belara, Angad – issues d’un travail de caractérisation entomologique et agronomique. Ces génotypes, plus tolérants, ne constituent pas une invulnérabilité absolue, mais réduisent la vitesse de colonisation et facilitent la gestion intégrée. Le succès dépend autant de la biologie que de la logistique : pépinières certifiées, traçabilité des plants, formation des agriculteurs à la densité adaptée et au monitoring précoce.
Dans l’intervalle, des pans entiers de revenu féminin (transformation artisanale de pulpe, extraction d’huile) se sont amenuisés. La filière, vecteur d’inclusion, avait permis de monétiser des terroirs à faible potentiel céréalier par une plante frugale. La perte de cette fonction amortisseur renforce la vulnérabilité aux chocs climatiques. La reconstitution ne peut se limiter à replanter ; elle doit intégrer diversification complémentaire (plantes aromatiques, légumineuses adaptées) pour réduire la monoculture et améliorer fertilité des sols.
L’approche phytosanitaire évolue vers un continuum préventif : élimination rapide des foyers résiduels, gestion des outils pour éviter dissémination, usage raisonné d’agents biologiques où pertinents. L’enjeu est d’éviter une dépendance à des intrants chimiques susceptibles de compromettre la certification biologique de certaines chaînes de valeur et de détériorer l’entomofaune auxiliaire. La science citoyenne, via applications simples permettant de signaler foyers émergents, pourrait densifier le maillage de détection.
Au plan stratégique, la restauration de la confiance des marchés d’exportation exige narration transparente : exploitation de variétés résistantes, protocoles de contrôle, traçabilité. Le cactus, dans le discours climatique, demeure un symbole d’adaptation hydrique ; perdre durablement cet atout affaiblirait la crédibilité d’une agriculture régénérative. Si l’effort de reconstitution réussit, la crise aura servi de catalyseur pour professionnaliser la filière, renforcer l’agrégation paysanne et introduire des standards de qualité plus élevés sur les extraits à forte valeur (huile cosmétique, poudre de fibre). Entre temps, chaque jeune plant résistant mis en terre incarne une micro‑victoire : le pari que la résilience s’ensemence, se sélectionne et se partage.