Collecte des algues rouges à Safi , une filière à forte valeur ajoutée


Rédigé par le Mardi 7 Septembre 2021

La collecte des algues marines est une filière à forte valeur ajoutée en ce sens qu’elle occupe une place de choix dans l’économie de la province de Safi, laquelle se trouve basée essentiellement sur la pêche et l’agriculture.



 La cueillette des algues marines notamment, le « Gelidium sesquipedale », communément appelé « algue rouge », constitue une activité génératrice de revenu (AGR) pour des familles entières notamment, celles issues des zones rurales vivant tout au long du littoral de la province de Safi, étendu sur 150 km et riche de champs d’algues marines.

La collecte de cet « or rouge », d’où est extraite l’agar-agar, un produit très précieux et hautement prisé dans les domaines pharmaceutique, cosmétique, et agro-alimentaire entre autres, se veut ainsi, la principale source de subsistance pour de nombreux foyers durant l’année.

Avec une production de 956.535 kg enregistrée en 2020 au niveau du port de Safi, cette filière a généré quelque 3.826.140 DH, selon les données de la Délégation provinciale des pêches maritimes à Safi.

La même source note que cette collecte des algues marines à Souiria Lakdima pour la même année, a généré quelque 2.251.496 DH (582.874 kg).

Dans une déclaration à la MAP, Ibrahim Rainouss, Secrétaire général de la Coopérative « Al Mohit » (Océan) basée à Souiria Lakdima (environ 35 km de la ville de Safi) et spécialisée dans la récolte et la commercialisation des algues rouges, a fait savoir que cette activité est opérée de plusieurs manières.

Dans ce contexte, M. Rainouss également plongeur expérimenté, a ajouté que pour les algues de rive, le ramassage est effectué à marée basse notamment, par des femmes, alors que la récolte des algues marines à des profondeurs de trois à quatre mètres, s’effectue par plongée en apnée.

Dans l’exercice de cette activité, M. Rainouss opère avec son équipe à des profondeurs plus importantes allant jusqu’à 20 mètres, par le biais de plongée au narguilé, qui se fait à l’aide d’un compresseur à air à bord de flouka (barque traditionnelle), appartenant généralement aux membres des coopératives.

Dans la même lignée, il a relevé qu’une équipe de plongée au narguilé doit être composée au moins de trois personnes : Deux plongeurs enfilant leurs combinaisons de plongée et un sauveteur restant à bord de la barque pour surveiller le compresseur d’air et accueillir les algues arrachées par les plongeurs et remontées à la surface à l’aide de filets, qui peuvent peser environ 30 à 40 kg chacun.

« La plongée au narguilé est un travail très laborieux, qui peut durer 4 à 5 heures par jour lorsque les conditions climatiques sont favorables », a-t-il expliqué, relevant que les plongeurs, à force d’exercer cette activité, font face à plusieurs risques notamment, des maladies respiratoires, bourdonnement des oreilles chronique causé par la pression exercée sur l’organisme suite à l’immersion dans l’eau, et le rhumatisme dû au froid dans certaines zones à courants glaciaux.

 

L’exercice de cette activité est susceptible également d’engendrer des risques d’accidents graves qui seraient dus à une interruption brusque des compresseurs à air, a-t-il déploré, estimant que de tels accidents peuvent s’avérer fatales pour les plongeurs.

Il a, par ailleurs, tenu à indiquer que la valorisation de ces algues rouges a permis à des familles entières de subsister et d’en faire des économies pour le reste de l’année, précisant que les plongeurs peuvent cueillir près de 1,5 tonnes par jour.

Et de poursuivre que la récolte des algues rouges ne s’opère que si les conditions climatiques sont favorables, soit 25 à 30 jours au maximum sur les 3 mois (juillet, août et septembre) fixés par la décision du Département de la Pêche Maritime relevant du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts.
Pour ce qui est des prix pratiqués durant la campagne actuelle, M. Rainouss, qui exerce cette activité depuis sa jeunesse, a relevé que le prix au kg humide se situe dans une fourchette de 3,5 à 4 DH.

Si certains plongeurs préfèrent vendre leurs récoltes d’algues rouges, sous forme humide (fraîchement débarquées) le jour même de la cueillette, la coopérative Al Mohit opte, quant à elle, pour le séchage des algues rouges au soleil pendant plusieurs jours avant de les vendre directement aux unités industrielles spécialisées.

M. Rainouss, a, par la même occasion, expliqué que la vente sous forme sèche rapporte plus pour cette coopérative, dont la grande majorité des membres n’exercent aucune autre activité le reste de l’année, à part quelques-uns qui pratiquent la pêche artisanale.

Sur un autre registre, il a exprimé sa satisfaction quant aux mesures strictes et rigoureuses prises depuis plus d’une décennie par le ministère de tutelle (système de quotas en fonction du stock des zones maritimes, le repos biologique …) afin de faire face à la régression des stocks dans les principales zones de peuplement se situant notamment, au niveau des zones du littoral atlantique El Jadida-Essaouira et de Tan-Tan.

 

 


Au fil des années et de manière progressive, a-t-il poursuivi, la réglementation de cette activité a été accueillie favorablement par les gens du métiers, qui ont pris conscience que ces mesures visant à lutter contre « le braconnage » et « l’exploitation anarchique », qui se poursuit tout au long de l’année, ont été mises en place dans leurs intérêts, d’autant plus qu’elles ont permis la régénération naturelle des stocks et la préservation des richesses halieutiques.

De même, la mise en application de cette réglementation a contribué largement à assurer une exploitation rationnelle et durable de cette ressource, et à garantir des revenus durables aux populations vivant de cette activité, a-t-il enchainé.

M. Raïnouss se réjouit aujourd’hui, que cette activité économique soit bien réglementée, avec l’obligation de disposer d’une assurance pour les plongeurs et d’une licence délivrée par la Délégation des pêches maritimes, qui veille au respect strict des quotas et du repos biologique et ce, en coordination avec les autorités locales.

A rappeler que la saison de la récolte des algues rouges dans cette zone maritime a démarré le 05 juillet dernier et devra s’achever le 30 septembre courant.

Pour l’année 2021, le quota des barques ayant droit à des licences de ramassage des algues agarophytes fixé par le ministère de tutelle, ne doit pas dépasser 75 canots dans cette zone maritime, selon la décision du Département de la pêche maritime.

Quant au quota d’algues humides pour cette zone, qui comprend « Cap Beddouza », le « port de Safi » et « Souiria Lakdima », il a été fixé à 2.236 tonne .


Par : Fouad BENJLIKA ( MAP )





Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne, le… En savoir plus sur cet auteur
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