Congrès américain : Destitution de Kevin McCarthy, le président républicain de la Chambre des représentants


Rédigé par le Vendredi 6 Octobre 2023

Victime de querelles fratricides au sein du parti républicain , Kevin McCarthy, a été destitué mardi dernier , lors d’un vote historique au Congrès,



Jamais, en ses plus de 200 ans d'histoire, l'Amérique n'avait destitué son "speaker".
Une première historique

 
Le Congrès américain, de nouveau dans le chaos , bousculé par l'Histoire et le Capitole a vécu mardi une nouvelle journée unique dans l'histoire des Etats-Unis avec la chute retentissante du président de la Chambre des représentants, trahi par la frange 
" Trumpiste "  de son propre camp.

Une première historique car Jamais, en ses plus de 200 ans d'histoire, l'Amérique n'avait destitué son "speaker".

Normalement, dans les parlements, l’opposition lance des motions de censure contre le parti majoritaire. Le républicain Kevin McCarthy a, lui, été destitué mardi par son propre camp qui contrôle la chambre basse. Mais le Congrès américain est-il encore un parlement normal? C’est la première fois qu’un président de la Chambre des représentants, troisième personnage de l’Etat, est ainsi destitué.


Après un débat tendu entre conservateurs dans l'hémicycle, 216 élus ont voté pour le destituer, dont huit républicains, contre 210.
Aussitôt après ce résultat sans précédent, un Kevin McCarthy malgré tout souriant a été entouré par des membres de son parti, qui lui ont donné l'accolade et lui ont serré la main.

Le vote ouvre une période de fortes turbulences à la chambre basse, où un remplaçant doit être choisi, ce qui s'annonce très compliqué. Il est intervenu après qu'un élu de la droite dure américaine, Matt Gaetz, a déposé une motion pour destituer le "speaker", pourtant membre de son parti.

Cet élu de Floride reproche principalement à Kevin McCarthy d'avoir négocié avec les élus démocrates un budget provisoire pour financer l'administration fédérale, auquel s'opposaient de nombreux conservateurs. Il accuse aussi le ténor républicain d'avoir conclu un "accord secret" avec le président Joe Biden sur une possible enveloppe pour l'Ukraine.

Or l'aile droite du Parti républicain s'oppose vivement au déblocage de fonds supplémentaires pour Kiev, estimant que cet argent devrait plutôt servir à lutter contre la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Et qu'importe que l'immense majorité du groupe parlementaire de Kevin McCarthy l'ait publiquement soutenu: les Trumpistes disposaient d'un veto de fait à la Chambre compte tenu de la très fine majorité républicaine dans cette institution.

Des huées, des invectives. Le silence, presque ? Puis la stupeur au moment de l'annonce: "Le poste de président de la Chambre est désormais vacant."
Dans un hémicycle bondé, débordant de tension, les républicains ont fait éclater au grand jour leurs divisions, si profondes qu'elles paraissent désormais presque irréconciliables. Jamais, en ses plus de 200 ans d'histoire, l'Amérique n'avait destitué son "speaker".

"Chaos"Impassible

quand le maillet est tombé, Kevin McCarthy a durant de longues heures écouté ses plus fidèles lieutenants tenter coûte que coûte de mettre un terme à cette déroute.
"Il a trinqué à nos mariages, célébré la naissance de nos enfants, pleuré la perte de nos proches", a énuméré non sans émotion l'élue Elise Stefanik, membre influente de l'état-major républicain.

"C'est un joyeux guerrier." Mais l'élu de 58 ans s'est aussi vu opposer la violence terrible d'un groupe de son propre parti, le méprisant au point de vouloir l'évincer.

"C'est quelqu'un à qui on ne peut pas faire confiance", a tranché, sec, Matt Gaetz, l'architecte de la motion de destitution.
Conspué par la majorité de ses pairs -- à l'exception de quelques irréductibles Trumpistes -- cet élu républicain de Floride s'est exilé physiquement de son groupe parlementaire pour ces débats, restant retranché dans les travées démocrates. Tout un symbole.

Dans les rangs du parti de Joe Biden, les élus ont observé ce spectacle, tantôt amusés, tantôt incrédules. A l'image de Jim McGovern, soupirant en se prenant longuement la tête entre les mains.

Comme pour accentuer un peu plus les tensions acrimonieuses dans le camp du "Grand Old Party", les plus de 200 démocrates ont fait bloc en faveur d'une destitution de Kevin McCarthy.

Confortablement installés sur des fauteuils marrons, certains se sont même accordé quelques instants dans les bras de Morphée, visiblement imperturbables face à l'histoire en marche.
L'assistant de Kevin McCarthy faisant les cent pas feuilles en main, la voix berçante de l'huissière tentant d'instaurer de l'ordre au milieu de cette pagaille, les cris, les rires... Tout ce théâtre a pourtant un étrange air de déjà vu.

Les membres de la frange la plus conservatrice du parti républicain avaient déjà tout fait pour empêcher le ténor Kevin McCarthy d'accéder au perchoir, il y a seulement 9 mois, en janvier.

L'élu de Californie avait bataillé durant 15 tours, avalé plus d'une couleuvre, pour que la pression soit finalement relâchée.
Le mandat de Kevin McCarthy à la présidence la Chambre américaine des représentants s'achève dans cet hémicycle sans fenêtres, éclairé de spots jaunes, là où tout avait si péniblement commencé.
Nous allons faire notre boulot, a déclaré le président de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, avant le vote. Nous allons nous comporter en adultes. Nous ne fermerons pas le gouvernement.»

Avec l’éviction historique du président de la Chambre des représentants, le mardi 3 octobre, une forte période d’incertitude politique s’ouvre aux États-Unis. La frange modérée du parti républicain se retrouve prise en otage par une minorité radicale, alors que les députés doivent travailler sur des dossiers législatifs urgents

Avec AFP 




 
 
 
 




Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne, le… En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 6 Octobre 2023
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