Que pourrait apporter un Conseil national de la jeunesse ?
Les manifestations, présentes dans au moins onze villes (Rabat, Casablanca, Oujda, Agadir…), ont été organisées via TikTok, Discord, Instagram, sans chef visible et sans relais formels. Les slogans se sont répandus : « Nous voulons des hôpitaux, pas des stades » ; « La santé d’abord ». Le contraste entre les dépenses publiques pour la Coupe du Monde 2030 et l’état dégradé des hôpitaux est au cœur de la contestation.
Les arrestations, les dispersions, les affrontements ont accru la visibilité du mouvement, mais aussi fragilisé sa capacité à durer.
La particularité de Gen Z 212 est son refus de s’aligner sur des partis, syndicats ou organisations établies. Cela lui donne une liberté de ton et d’action, mais prive aussi le mouvement d’un point d’ancrage stable dans le paysage politique national.
Ce vide n’est pas une fatalité. Depuis la Constitution de 2011, le Maroc s’était engagé à créer un Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative. Ce Conseil devait justement servir de cadre institutionnel pour recueillir la parole des jeunes, accompagner leur engagement et faire entendre leurs priorités. Or, quatorze ans plus tard, ce Conseil n’a jamais vu le jour. Les promesses sont restées lettre morte, alimentant une défiance croissante envers les institutions.
Cette absence est aujourd’hui criante. Aucun parti politique n’a pris ce mouvement en charge sans craindre la récupération. Aucun syndicat n’a proposé d’accompagner les appels. Aucun organisme de jeunesse national n’a été mobilisé avec légitimité aux yeux des jeunes manifestants. Résultat : une fracture se creuse entre une jeunesse porteuse d’exigences, et le monde politique qui peine à la reconnaître autrement qu’en adversaire de rue.
Les arrestations, les dispersions, les affrontements ont accru la visibilité du mouvement, mais aussi fragilisé sa capacité à durer.
La particularité de Gen Z 212 est son refus de s’aligner sur des partis, syndicats ou organisations établies. Cela lui donne une liberté de ton et d’action, mais prive aussi le mouvement d’un point d’ancrage stable dans le paysage politique national.
Ce vide n’est pas une fatalité. Depuis la Constitution de 2011, le Maroc s’était engagé à créer un Conseil consultatif de la jeunesse et de l’action associative. Ce Conseil devait justement servir de cadre institutionnel pour recueillir la parole des jeunes, accompagner leur engagement et faire entendre leurs priorités. Or, quatorze ans plus tard, ce Conseil n’a jamais vu le jour. Les promesses sont restées lettre morte, alimentant une défiance croissante envers les institutions.
Cette absence est aujourd’hui criante. Aucun parti politique n’a pris ce mouvement en charge sans craindre la récupération. Aucun syndicat n’a proposé d’accompagner les appels. Aucun organisme de jeunesse national n’a été mobilisé avec légitimité aux yeux des jeunes manifestants. Résultat : une fracture se creuse entre une jeunesse porteuse d’exigences, et le monde politique qui peine à la reconnaître autrement qu’en adversaire de rue.
Gen Z 212 : une force dispersée, l’écho d’une promesse oubliée de 2011...
Un Conseil national de la jeunesse – fidèle à l’esprit de la Constitution – pourrait être la passerelle manquante entre la rue et l’État. Voici ce qu’il pourrait apporter :
Un lieu de représentation légitime : la Gen Z pourrait y siéger, y débattre et y formuler ses priorités de manière structurée, avec reconnaissance institutionnelle. La formalisation du dialogue : les ministères de l’Éducation, de la Santé, de l’Emploi pourraient être contraints d’entendre ses recommandations dans un cadre transparent. La coordination des actions jeunesse : jeunes entrepreneurs, ONG scolaires, mouvements citoyens pourraient converger sous un même toit. La force de proposition politique : le Conseil pourrait produire des diagnostics sectoriels, des recommandations au Parlement et aux exécutifs. La responsabilité institutionnelle : lorsqu’une institution porte officiellement une revendication, l’État ne peut plus l’ignorer sans déficit de légitimité.
Les conditions de crédibilité
Mais pour que ce Conseil ne soit pas un simple alibi politique, il faudrait :
des élections démocratiques et transparentes ; une autonomie budgétaire réelle ; des mandats clairs et limités dans le temps ; un suivi institutionnel contraignant des recommandations émises. Autrement, il deviendrait un gadget bureaucratique de plus, incapable de répondre aux aspirations de la jeunesse. Ce qui se joue depuis le début de septembre dépasse la protestation ponctuelle. C’est une génération qui dit : « Écoutez-nous, prenez-nous au sérieux. » Elle pose des mots simples sur des maux profonds — santé, éducation, dignité — et le pouvoir ne peut plus feindre de ne pas entendre.
Reconstruire un lien de confiance entre l’État et sa jeunesse passe par la mise en œuvre d’une promesse oubliée de 2011 : doter le Maroc d’un Conseil national de la jeunesse, indépendant, crédible et ouvert. Non pas pour canaliser la colère, mais pour l’institutionnaliser dans un cadre de dialogue qui respecte l’esprit démocratique.
L’histoire nous rappelle que quand la jeunesse n’a pas de pavillon où parler, elle fait de la rue son Parlement. Il est temps de redonner vie à cette promesse constitutionnelle avant que le fossé ne devienne un gouffre.
Un lieu de représentation légitime : la Gen Z pourrait y siéger, y débattre et y formuler ses priorités de manière structurée, avec reconnaissance institutionnelle. La formalisation du dialogue : les ministères de l’Éducation, de la Santé, de l’Emploi pourraient être contraints d’entendre ses recommandations dans un cadre transparent. La coordination des actions jeunesse : jeunes entrepreneurs, ONG scolaires, mouvements citoyens pourraient converger sous un même toit. La force de proposition politique : le Conseil pourrait produire des diagnostics sectoriels, des recommandations au Parlement et aux exécutifs. La responsabilité institutionnelle : lorsqu’une institution porte officiellement une revendication, l’État ne peut plus l’ignorer sans déficit de légitimité.
Les conditions de crédibilité
Mais pour que ce Conseil ne soit pas un simple alibi politique, il faudrait :
des élections démocratiques et transparentes ; une autonomie budgétaire réelle ; des mandats clairs et limités dans le temps ; un suivi institutionnel contraignant des recommandations émises. Autrement, il deviendrait un gadget bureaucratique de plus, incapable de répondre aux aspirations de la jeunesse. Ce qui se joue depuis le début de septembre dépasse la protestation ponctuelle. C’est une génération qui dit : « Écoutez-nous, prenez-nous au sérieux. » Elle pose des mots simples sur des maux profonds — santé, éducation, dignité — et le pouvoir ne peut plus feindre de ne pas entendre.
Reconstruire un lien de confiance entre l’État et sa jeunesse passe par la mise en œuvre d’une promesse oubliée de 2011 : doter le Maroc d’un Conseil national de la jeunesse, indépendant, crédible et ouvert. Non pas pour canaliser la colère, mais pour l’institutionnaliser dans un cadre de dialogue qui respecte l’esprit démocratique.
L’histoire nous rappelle que quand la jeunesse n’a pas de pavillon où parler, elle fait de la rue son Parlement. Il est temps de redonner vie à cette promesse constitutionnelle avant que le fossé ne devienne un gouffre.