Couscousmania et politique culturelle


Rédigé par Mustapha Bourakkadi le Mercredi 1 Décembre 2021

Couscous marocain, couscous algérien, couscous tunisien ? Malgré le dossier commun des pays du Maghreb pour sa reconnaissance en tant que patrimoine maghrébin auprès de l’Unesco, certains insistent à en faire toute une « Qasria » !



Notre jeune ministre de la culture en fait carrément une affaire d’honneur ! mobiliser tout un département du ministère pour préparer le dossier pour demander un « label Maroc » pour les variantes de couscous locales donne l’impression que c’est une affaire « politique » !

Seulement, M. Bensaid a-t-il un sens des priorités, dans ce contexte où la culture et les gens de la culture souffrent de tous les maux de la Terre du fait de leur précarité presque génétique, ajoutée aux affres d’une pandémie qui ne présage toujours pas de fin ?

Oui nous avons des festivals parmi les plus grands du monde, oui nous avons de belles bâtisses pour les arts et la culture dans notre pays, et oui notre belle particularité culturelle est admirée partout dans le monde, mais notre système de formation aux métiers de l’art a beaucoup de lacunes, notre marché national de la culture est si misérable qu’il en est presque inexistant, et nous n’avons aucun domaine artistique ou culturel qui mérite le qualificatif d’industrie.

Nos artistes, nos hommes et femmes de lettres, nos créateurs de sens sont pour la plupart du temps confinés dans la marginalité alors que ce sont eux qui portent sur leur épaules l’efficacité du « soft power » marocain à travers le monde.

Cela fait quelques décennies que nous calquons les solutions françaises pour répondre à des besoins ou pour résoudre un problème et ce dans tous les domaines. L’exception, ce sont les arts et la culture.

Nous n’avons pu imiter aucune des politiques culturelles appliquées en France, que ce soit pour la valorisation de notre patrimoine ou pour la structuration de la production culturelle dans toutes les branches.

Ne serait-il pas utile de prendre en considération cette réalité pour pouvoir penser une vraie politique culturelle pour notre pays, loin du folklorisme et de la futilité ? Ne serait-il pas plus judicieux de travailler sur la structuration des industries culturelles autant sur le plan juridique, que financier ou encore logistique ?

Tenir mordicus à une paternité supposée du couscous, alors que l’affaire est entendue, semble franchement léger face à la quantité de dossiers brulants qui devraient être sur le bureau du ministre. 

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Mercredi 1 Décembre 2021
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