Crise du bétail au Maroc : des importations record, mais des prix toujours en hausse


Rédigé par La Rédaction le Jeudi 6 Mars 2025



Le gouvernement sous pression pour une meilleure régulation et un marché verrouillé par une poignée d’importateurs

Malgré des importations massives de bétail en 2024, le prix de la viande rouge au Maroc ne cesse d’augmenter, suscitant l’incompréhension des consommateurs et l’inquiétude des autorités. Selon les données du Bureau des changes, le Royaume a importé pour 5,5 milliards de dirhams de bétail, un chiffre en hausse de 95 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, cette politique d’importation, soutenue par des exonérations fiscales et des subventions, n’a pas permis d’enrayer la flambée des prix. Dans certaines régions, le kilogramme de viande rouge atteint désormais 140 dirhams, contre 90 à 100 dirhams un an plus tôt.

L’élevage national traverse une crise profonde, conséquence directe de la sécheresse persistante et de la hausse des coûts de l’alimentation animale. Le cheptel marocain a ainsi fondu de 38 %, passant à 18 millions de têtes, un niveau alarmant pour la filière. Face à cette situation critique, le roi Mohammed VI a recommandé aux Marocains de renoncer au sacrifice de l’Aïd cette année, une décision inédite visant à préserver les effectifs restants et à stabiliser le marché.


Si la levée des droits de douane et les aides à l’importation de bétail visaient à réguler les prix, le marché demeure sous tension. Des experts du secteur dénoncent une concentration excessive des importations entre seulement 18 opérateurs, limitant la concurrence et alimentant la spéculation. Ce manque de diversification des acteurs économiques accentuerait la volatilité des prix, au détriment des consommateurs.

Face à cette crise, l’exécutif dirigé par Aziz Akhannouch se retrouve sous le feu des critiques. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une clarification des aides publiques attribuées aux importateurs et un renforcement des contrôles sur les circuits de distribution. L’objectif : garantir une répercussion effective des mesures d’aide sur les prix de la viande et éviter que les subventions ne profitent qu’à une minorité d’acteurs.

À quelques mois de l’Aïd, la situation demeure préoccupante. Sans intervention rapide et efficace, la crise du bétail pourrait aggraver la pression économique sur les ménages, déjà confrontés à une inflation généralisée des produits alimentaires.




Jeudi 6 Mars 2025
Dans la même rubrique :