Une reprise portée par l’agriculture et le hors-agricole
Le scénario repose d’abord sur un retour à des conditions agricoles plus favorables. Bank Al-Maghrib table sur des campagnes céréalières moyennes de 50 millions de quintaux, permettant à la valeur ajoutée agricole de progresser de 5 % en 2025, puis de 4 % en 2026 et de 2 % en 2027. Sans surprise, la Banque reste prudente : l’agriculture demeure dépendante des aléas climatiques, une réalité bien ancrée dans l’économie marocaine.
Mais la véritable locomotive reste le non-agricole. Les activités hors agriculture devraient croître de 5 % en 2025, avant de ralentir légèrement à 4,8 % en 2026 et 4,5 % en 2027. Industrie, services et BTP continuent de bénéficier de l’effort d’investissement public et privé, tandis que des signaux de reprise apparaissent sur le marché du travail. La Loi de Finances 2026 et la programmation budgétaire triennale 2026-2028 confirment, par ailleurs, une poursuite de la consolidation budgétaire et un allègement graduel de l’endettement du Trésor.
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Inflation maîtrisée et politique monétaire inchangée
Sur le front des prix, la Banque centrale se montre confiante. L’inflation s’est établie à 0,8 % en moyenne sur les dix premiers mois de 2025 et devrait rester à ce niveau sur l’ensemble de l’année. Elle progresserait ensuite à 1,3 % en 2026, puis à 1,9 % en 2027. L’inflation sous-jacente suivrait une trajectoire similaire, demeurant contenue jusqu’en 2026 avant de converger vers 1,9 % en 2027.
Les anticipations d’inflation restent bien ancrées. Les experts du secteur financier tablent sur un taux moyen de 2 % à l’horizon de huit trimestres et de 2,2 % à douze trimestres. Dans ce contexte, le Conseil a décidé de maintenir le taux directeur inchangé à 2,25 %, tout en réaffirmant une approche fondée sur l’analyse des données les plus récentes, réunion après réunion.
Échanges extérieurs solides et réserves en renforcement
À l’extérieur, les équilibres tiennent. Les exportations progresseraient de 4,5 % en 2025, soutenues par les phosphates et dérivés, attendus à 108 milliards de dirhams. Elles accéléreraient ensuite, portées par la reprise de l’automobile, dont les exportations atteindraient 208 milliards de dirhams en 2027. Les recettes de voyages grimperaient à près de 155 milliards de dirhams, tandis que les transferts des MRE s’établiraient à 130 milliards de dirhams.
Résultat : le déficit du compte courant resterait contenu à 1,8 % du PIB en 2025 et sous la barre des 2 % jusqu’en 2027. Les réserves officielles atteindraient 448 milliards de dirhams à fin 2027, couvrant près de cinq mois et demi d’importations.
En pariant sur une croissance soutenue mais encadrée, Bank Al-Maghrib dessine une trajectoire réaliste. Le message est clair : l’économie marocaine avance, mais sans relâcher la vigilance. Une croissance à 5 %, oui, mais à condition de préserver les équilibres.