C’est notamment le cas dans plusieurs Écoles Nationales de Commerce et de Gestion (ENCG) – Casablanca, Settat, Agadir, Fès, Marrakech, Tanger, Oujda, El Jadida, Kenitra, Béni Mellal, Dakhla, Laâyoune – où les directions restent majoritairement confiées à des profils purement universitaires.
Le constat est similaire à l’ISCAE (Institut Supérieur de Commerce et d’Administration des Entreprises), pourtant considéré comme une référence nationale, mais dont la direction reste également assurée par un profil essentiellement académique.
En France, la situation n’est pas exempte de critiques. Les écoles de commerce y bénéficient d’une forte notoriété, mais l’un de leurs problèmes récurrents réside justement dans le fait que les directions sont souvent confiées à des profils essentiellement académiques, sauf quelques exceptions. Ces responsables, issus de parcours prestigieux, n’ont pas toujours une expérience concrète dans l’industrie, la finance ou l’entrepreneuriat. Ce décalage limite parfois leur capacité à anticiper les mutations rapides du monde économique.
Le Maroc gagnerait à tirer profit de cette double leçon :
• D’une part, ne pas reproduire le schéma de nominations purement académiques.
• D’autre part, dépasser le modèle français en osant une véritable gouvernance hybride.
Dans un contexte marqué par la transformation numérique, la montée en puissance de l’intelligence artificielle et les défis de la compétitivité internationale, nos écoles de management ne peuvent plus se contenter d’être des tours d’ivoire académiques. Elles doivent devenir des laboratoires d’innovation managériale, connectés aux réalités économiques du pays, de l’Afrique et du monde.
Concrètement, cela signifie :
Introduire, dans les critères de nomination des directeurs, une valorisation explicite des parcours hybrides (académie + industrie/consulting). Créer des comités consultatifs mixtes associant universitaires, chefs d’entreprise, responsables publics et entrepreneurs. Encourager les dirigeants à développer des cas pédagogiques marocains et africains, ancrés dans les réalités locales. En somme, il est temps de reconnaître que la force d’une école de management repose autant sur la qualité de sa recherche que sur sa capacité à préparer ses diplômés à affronter les défis de l’économie réelle. Nommer des profils hybrides à la tête des ENCG, de l’ISCAE et des autres institutions de management est une condition sine qua non pour bâtir des écoles capables de rivaliser avec les standards internationaux tout en évitant les travers déjà constatés en France.
Par Dr Az-Eddine Bennani
Par Dr Az-Eddine Bennani