Discours de la Marche verte : le Sahara, suite et (presque) fin




Par Aziz Boucetta

A lire ou à écouter en podcast :  (994.69 Ko)

En une dizaine de minutes, et dans son très attendu discours de la Marche verte, le roi Mohammed VI a répondu à sa manière aux évènements ayant marqué l’affaire du Sahara ces derniers mois, semaines et jours. Le souverain a répondu, à sa manière encore une fois, à la très prudente ONU, à la très belliqueuse Algérie, aux très pragmatiques Américains, et aux très hésitants (et un peu sournois) Européens.
 

1/ A l’ONU, il rappelle le bien-fondé de l’opération d’ordre public menée à Guergarate voici près d’un an, une opération certes militaire mais avec une proportionnalité dans l’usage de la force. Un petit clin d’œil cependant sur cette opération, menée « pour la sécurité et la stabilité de la région », cette même stabilité qu’Alger a récemment – et inconsidérément – menacé de faire voler en éclats.
 

Là où Alger glose à n’en pas finir sur le droit à l’autodétermination d’un « peuple » qu’elle est seule à voir, le roi cause libre circulation des biens et des personnes que des millions de gens attendent. Chacun ses priorités, et la nôtre est l’initiative d’autonomie, l’ouverture d’un nombre croissant de consulats au sud et surtout, l’irréversibilité du processus politique en marche.
 

2/ Pour les Algérois. Ils accusent le Maroc de tous les mots et le rendent responsable d’à peu près tous leurs maux, jusques-y compris celui de tuer « lâchement » trois camionneurs algériens (RIP) dont on ne sait rien. Le roi a préféré ignorer les turpitudes algéroises… royalement. Alger n’a pas aimé, poursuit et poursuivra encore ses dangereuses gesticulations. On peut même se demander s’il n’y est pas encouragé par quelqu’un…
 

3/ Concernant les Américains, le roi ne les remercie pas d’avoir fait ce qu’ils devaient faire depuis longtemps, mais affirme sa fierté suite à cette reconnaissance de la marocanité du Sahara, qui confère ainsi « un caractère irréversible au processus politique », une façon comme une autre de confirmer que l’administration Biden ne reviendra définitivement pas sur la décision de Donald Trump.
 

4/ Puis le chef de l’Etat en arrive à l’Europe, cette Europe si tourmentée entre sa Commission, son parlement et sa Cour de justice, les uns soufflant le chaud les autres le froid, dans un show supposé semer une forme d’effroi à Rabat. Le roi Mohammed VI a été clair, par deux fois : « Nous considérons que les conseils élus démocratiquement, librement et de manière responsable dans les provinces et régions du Sahara sont les véritables représentants légitimes de la population locale », et « à ceux qui affichent des positions floues ou ambivalentes, Nous déclarons que le Maroc n’engagera avec eux aucune démarche d’ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain ».
 

Décodez : les fameuses « populations locales » qui arrachent ces trémolos aux juges européens pendant que la Commission regarde ailleurs, avant de rétropédaler diplomatiquement, en attendant le prochain arrêt… elles sont représentées par leurs élus suite à des élections unanimement saluées par plusieurs capitales, sans exclusion du Sahara. Continuez de décoder : Votre double-jeu à triple bande pour la quadrature d’un cercle vicieux n’est plus de mise.
 

Et de fait, il y a tellement d’investisseurs dans nos provinces du sud que maintenant, tout nouvel entrant intéressé devra cesser de « jouer » : qu’il reconnaisse que ce territoire est marocain et le Maroc lui ouvrira ses ports et ses portes, en plus de celles de son prolongement africain et, à l’inverse, que ce pays ou groupe de pays persiste dans ses allusions et imprécisions, alors il devra aller voir ailleurs pour investir. L’Algérie par exemple, un paradis riant pour les investisseurs…
 

5/ Les peuples maghrébins ont eu droit à un mot gentil, et pas un mot pour leurs gouvernants… dans l’attente qu’ils décident de ce qu’ils veulent. Mais en disant "cinq peuples", le roi signifie qu'il n'y a pas plus de "Sahraouis" que de "Kabyles" dans une configuration communautaire indépendante !
 

Un discours à la fois court et ferme, dense et condensé, serein et rugueux, pour ceux qui ne veulent pas, enfin, se résoudre, à relire l’Histoire et à user de leur mémoire. Que ceux, d'Europe ou d'ailleurs, qui choisissent les thèses algériennes oublient le Maroc et ses opportunités. On verra comment ils réagiront aujourd’hui et désormais.
 

Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com



Lundi 8 Novembre 2021

Dans la même rubrique :