Entre légalité, gouvernance et cohésion : le fil rouge du discours Royal


Par Naïm Kamal

En réaffirmant la primauté de la Constitution et la continuité de l’Etat, le Roi Mohammed VI a replacé le débat national sur le terrain du droit, de la performance et de la responsabilité, articulant souveraineté, justice sociale et modernité de gouvernance, tout en redonnant sens à l’action publique face à la jeunesse en quête d’efficacité et d’éthique.



La constitution comme boussole du politique

Naïm Kamal
Tour à tour, Bilal Taldi, Adnan Debbarh, Abdelhamid Jmahri, Mohamed Benabdelkader, Tallaa Saoud Al Atlassi, Mohamed Mohattane et le jeune étudiant Gen Z Abdellah Zayed Drissi ont convergé dans leurs chroniques sur le discours royal devant le Parlement, à des nuances près, vers une même grille de lecture : le discours du Roi Mohammed VI réaffirme la primauté constitutionnelle, légitime les institutions par l’élection, recentre l’action publique sur la performance et la redevabilité, et reconnaît la jeunesse comme aiguillon moral sans faire de la rue un substitut à la politique. Souveraineté, justice sociale et grands projets y sont déclinés comme complémentaires.

Le discours du souverain s’est ainsi strictement ancré dans le cadre de la Constitution de 2011 : le Parlement comme lieu de la souveraineté populaire, la nomination du chef du gouvernement selon le verdict des urnes, la continuité législative jusqu’au terme du mandat. Cet attachement à la lettre et à l’esprit de la loi fondamentale n’est pas une clause ornementale, mais une constante qui a marqué l’exercice du pouvoir de Mohammed VI depuis son accession au Trône en 1999 : la gestion des tensions ne se fait pas dans la suspension des règles.

Elle confirme l’Etat et l’autorité de l’Etat dans leur symbolique et dans le même temps s’adresse à eux dans leur fonction de ressources d’exécution.

Gouverner, c’est bien exécuter

Mieux que quiconque, le Roi sait que tout comme les lois et les règles, les réformes et les projets ne valent que l’exécution que l’on en fait et le cœur que l’on y met. S’il appartient aux parlementaires de les débattre, de contrôler, d’expliquer et à l’occasion d’en proposer, il revient à l’appareil de l’Etat et au gouvernement qui en chapeaute une bonne partie de les mener à terme
Car mieux que quiconque, le Roi sait que tout comme les lois et les règles, les réformes et les projets ne valent que par l’exécution que l’on en fait et le cœur que l’on y met. S’il appartient aux parlementaires de les débattre, d’en contrôler l’usage, d’en expliquer les objectifs et à l’occasion d’en proposer, il revient à l’appareil de l’Etat et au gouvernement qui en chapeaute une bonne partie de les mener à terme.

Au-delà des règles de jeu et du décorum, le discours royal a fixé trois priorités à bien exécuter : accorder une attention particulière aux régions montagneuses et aux oasis oubliées des hommes, opérationnaliser pleinement les leviers de développement durable du littoral, et étendre le Programme national pour les centres ruraux émergents.

Ces actions visent à renforcer la complémentarité entre les territoires et à promouvoir un équilibre entre urbanisation et préservation des ressources. Trois axes qui montrent clairement que contrairement à ce que des posts de la Gen Z 212 croient ou veulent faire croire, le Souverain n’a pas ignoré cette jeunesse qui exprime des exigences éthiques. Tant s’en faut. Pas plus que le Souverain n’a pas négligé la responsabilité des autorités gouvernementales.

Les réponses royales aux exigences de la jeunesse, qui, globalement sont celles de la société marocaine dans son ensemble, sont précisément contenues dans son interpellation directe de tous les acteurs, qu’ils soient désignés ou élus. Il en est ainsi lorsque le Souverain appelle « à lutter contre toute pratique chronophage, énergivore et avide de ressources » tant « toute négligence affectant l’efficacité et la rentabilité des investissements publics est inadmissible ».

Complémentarité des priorités nationales

Cependant, le Roi refuse les raccourcis et amalgames que par trop démagogiques de certains jeunes opposant stades de football et infrastructures en construction- appelées à durer au-delà de la Coupe du Monde- et projets de développement sociaux. « Tant que le but recherché est de développer le pays et d’améliorer les conditions de vie des citoyens, où qu’ils soient » il ne devrait y avoir rien à redire, sinon parfaire.

Encore faudrait-il que les relais de la politique de l’Etat adhèrent pleinement à « un changement significatif des mentalités et des méthodes de travail », ainsi qu’à « un véritable enracinement de la culture du résultat », un crédo que le Souverain n’a eu de cesse de répéter à des maitres d’œuvres apparemment dure d’oreille. Sans doute que les subtilités du discours royal ne sont pas toutes à la portée des jeunes de la Gen Z.

Le Roi et la Constitution en ont confié la responsabilité en partie aux députés, chacun dans sa circonscription, et aux ministres appelés à revisiter leur lexique et leurs postures ; tandis que les médias, notamment publics, devraient y mettre du leur le plus intelligemment possible. Peut-être aussi que des membres du gouvernement et de l’appareil exécutif ou encore des élus s’estiment tirés d’affaire à bon compte si l’on considère à sa juste échelle la magnitude de la secousse que traverse le Maroc. Ils auraient bien tort.

PAR NAÏM KAMAL/QUID.MA -


Vendredi 17 Octobre 2025

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