Questions / Réponses de Sophia El Khensae Bentamy avec la rédaction
Q1. Madame Sophia, vous dites que “le couple est une co-évolution” : comment expliquer cette idée à celles et ceux qui pensent que l’amour véritable ne change pas ?
Sophia El Khensae Bentamy : Dans notre imaginaire collectif, on confond souvent amour durable et amour figé. Beaucoup pensent qu’un couple “solide” est un couple qui reste identique, fidèle à sa première version, à son premier élan. Pourtant, la vie ne cesse de bouger, et avec elle, les individus aussi. Quand je parle de co-évolution, j’invite à voir le couple comme un espace de croissance mutuelle. Ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on doit rester la personne qu’on était au début de la relation. Et ce n’est pas parce que l’autre change qu’il nous aime moins. Le véritable amour, à mes yeux, c’est celui qui accompagne les métamorphoses, qui accueille les virages, les nouvelles passions, les remises en question. Le nier, c’est figer l’autre et soi-même dans un cadre rigide. Le reconnaître, c’est faire preuve de maturité émotionnelle. La co-évolution, c’est danser ensemble, même si parfois on perd le rythme — l’essentiel étant de se retrouver, encore et encore.
Q2. Vous évoquez avec poésie “les racines profondes de l’arbre conjugal” : quelles sont-elles concrètement, et comment les cultiver au quotidien ?
Sophia El Khensae Bentamy : Ces racines, ce sont le respect, la complicité, l’écoute. Des mots simples en apparence, mais qui demandent du travail, de la conscience, et parfois même du courage. Le respect, c’est accepter que l’autre n’est pas moi. Qu’il a sa propre histoire, son propre rythme, ses propres émotions. C’est ne pas chercher à le contrôler ni à le changer pour notre confort personnel. La complicité, elle, ne se décrète pas : elle se construit par les moments partagés, par l’humour, par le regard tendre qu’on pose sur les petites choses de la vie commune. Quant à l’écoute, c’est peut-être la racine la plus fragile, dans un monde saturé de distractions. Il faut apprendre à être vraiment présent quand l’autre parle, sans anticiper, sans juger. Cultiver ces racines, c’est faire attention à l’autre comme on veille sur une plante. Avec douceur, constance et conscience. Ce sont elles qui permettent à l’amour de traverser les tempêtes.
Q3. Vous écrivez souvent dans vos chroniques : “Tu as changé. Oui. Mais moi aussi.” Pourquoi est-il si difficile d’accepter le changement dans une relation amoureuse ?
Sophia El Khensae Bentamy : Parce qu’on a souvent peur de ce qu’on ne comprend pas. Quand l’autre change, il nous déstabilise. Il ne réagit plus comme avant, ne désire plus les mêmes choses, ne parle plus le même langage émotionnel. Et ça peut réveiller en nous des peurs : celle de ne plus être aimé, de ne plus être “assez”, ou celle d’un abandon à venir. On oublie aussi que nous changeons nous-mêmes, mais que c’est moins visible de notre point de vue. C’est pourquoi je souligne : “moi aussi, j’ai changé”. Il faut normaliser le changement. C’est une donnée de base de l’existence humaine. Le nier, c’est nourrir l’incompréhension et la frustration. L’accueillir, au contraire, permet de réinventer le lien, de redécouvrir l’autre comme si on le rencontrait à nouveau. Un couple qui dure, ce n’est pas deux personnes figées, c’est une capacité à s’ajuster, à se réaccorder sans cesse.
Q4. Dans vos interventions vous insistez sur l’idée que le couple “n’est pas un point d’arrivée”. Que voulez-vous dire par là ?
Sophia El Khensae Bentamy : Trop de personnes abordent la relation amoureuse comme une destination. “Une fois qu’on est ensemble, mariés, installés… c’est bon.” Mais non. Le couple, c’est un départ. Une aventure. Une construction permanente. L’erreur serait de penser qu’une fois les engagements pris, l’histoire est écrite. Or, rien n’est jamais acquis. Les sentiments s’entretiennent. Le lien se nourrit. La connexion se travaille. C’est ce que j’appelle “arroser son équipe” : entretenir la qualité du lien avec constance. C’est créer des moments à deux, malgré le tumulte du quotidien. C’est s’assurer qu’on se voit encore, qu’on s’entend, qu’on rêve ensemble. Dire “je t’aime” ne suffit pas : il faut le vivre. Il faut vivre le couple dans l’effort, dans la joie, dans la vigilance. Sinon, c’est la routine qui prend le dessus. Et le risque, c’est qu’on finisse par vivre à deux… mais séparément.
Q5. À notre époque, vous pointez du doigt “les écrans” et “les bulles individuelles”. En quoi ces éléments fragilisent-ils la relation amoureuse ?
Sophia El Khensae Bentamy : Les écrans ont envahi nos espaces les plus intimes. On dîne ensemble, mais chacun regarde son téléphone. On est physiquement proches, mais mentalement absents. Ce phénomène crée une distance émotionnelle, subtile mais réelle. Quant aux “bulles individuelles”, ce sont ces moments où chacun s’enferme dans ses propres activités, ses réseaux, ses routines… Ce n’est pas négatif en soi : il est vital de garder une part d’indépendance dans un couple. Mais quand ces bulles deviennent étanches, quand elles ne communiquent plus entre elles, le lien s’affaiblit. Il faut créer des ponts entre nos mondes intérieurs. Lire ensemble, marcher en silence, partager un film ou une playlist… Ce sont de petits gestes, mais ils permettent de rester connectés. Le couple, c’est un équilibre entre soi et nous. Il ne faut jamais que le “nous” disparaisse totalement, au profit de “moi” et “toi” devenus deux étrangers.
Q6. Vous dites que certaines transformations s’invitent “sans véritablement demander l’autorisation”. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette idée ?
Sophia El Khensae Bentamy : La vie nous change parfois malgré nous. Une dépression, une phobie qui surgit, une passion qui émerge, une lassitude qui s’installe… Tous ces bouleversements arrivent sans crier gare. On ne les choisit pas toujours, et l’autre non plus. Et cela peut être très déroutant. On croit connaître son partenaire, puis soudain, il ou elle devient différent. Cela peut générer des sentiments d’étrangeté, voire de trahison. Pourtant, il est fondamental de comprendre que le changement fait partie du vivant. Il ne s’agit pas de le subir passivement, mais de l’accompagner avec intelligence. De se parler, de s’expliquer, de nommer ce qui évolue. Et d’oser poser cette question essentielle : “Comment puis-je t’aimer différemment aujourd’hui, là où tu en es ?” C’est un immense acte d’amour que de s’adapter à la version actuelle de l’autre — et d’accepter que parfois, il ou elle n’a pas pu nous prévenir de ce changement.
Q7. Vous insistez sur l’importance de continuer à “se regarder, se parler, se soutenir”. Quels rituels simples recommandez-vous aux couples pour nourrir ce lien au quotidien ?
Sophia El Khensae Bentamy : Le lien amoureux se nourrit de simplicité. Pas besoin de grandes déclarations ou de dîners aux chandelles chaque semaine. Ce qui compte, c’est la régularité, la qualité de la présence. Un rituel de gratitude, par exemple : chaque soir, se dire une chose positive sur l’autre ou sur la journée. Une marche silencieuse le dimanche, main dans la main, sans téléphone. Une playlist partagée, un livre lu à deux, ou même un rêve un peu fou à imaginer ensemble. Il s’agit de rester curieux l’un de l’autre. De continuer à poser des questions, même après des années : “À quoi tu penses en ce moment ? Qu’est-ce qui t’inspire ?” Ces gestes maintiennent la chaleur du lien. Ils disent à l’autre : “Je te vois. Tu comptes.” Et cela suffit souvent à raviver une complicité qui semblait s’éteindre.
Q8. Enfin, si vous deviez résumer en un message essentiel ce que vous souhaitez transmettre à tous les couples, quel serait-il ?
Sophia El Khensae Bentamy : N’arrêtez jamais d’arroser votre lien. C’est une phrase simple, mais qui dit tout. Un couple, ce n’est pas un contrat figé. C’est une rencontre qui doit continuer à vivre, à vibrer, à respirer. Même si vous avez changé. Même si l’autre a changé. Choisissez encore. Et encore. Et encore. La magie, ce n’est pas d’aimer une fois ; c’est de continuer à aimer malgré les vents, malgré les saisons, malgré les doutes. Dire à l’autre : “Je suis encore là. Avec toi. Même si tout a bougé.” Cela demande de la présence, de l’engagement, et parfois de l’humilité. Mais c’est cette constance dans le mouvement qui fait la beauté du couple. Alors dansez ensemble. Même quand la musique change. Trouvez un nouveau tempo. Et souvenez-vous : c’est dans l’imperfection, le déséquilibre parfois, que se cache l’amour le plus vrai.
Sophia El Khensae Bentamy : Dans notre imaginaire collectif, on confond souvent amour durable et amour figé. Beaucoup pensent qu’un couple “solide” est un couple qui reste identique, fidèle à sa première version, à son premier élan. Pourtant, la vie ne cesse de bouger, et avec elle, les individus aussi. Quand je parle de co-évolution, j’invite à voir le couple comme un espace de croissance mutuelle. Ce n’est pas parce qu’on aime quelqu’un qu’on doit rester la personne qu’on était au début de la relation. Et ce n’est pas parce que l’autre change qu’il nous aime moins. Le véritable amour, à mes yeux, c’est celui qui accompagne les métamorphoses, qui accueille les virages, les nouvelles passions, les remises en question. Le nier, c’est figer l’autre et soi-même dans un cadre rigide. Le reconnaître, c’est faire preuve de maturité émotionnelle. La co-évolution, c’est danser ensemble, même si parfois on perd le rythme — l’essentiel étant de se retrouver, encore et encore.
Q2. Vous évoquez avec poésie “les racines profondes de l’arbre conjugal” : quelles sont-elles concrètement, et comment les cultiver au quotidien ?
Sophia El Khensae Bentamy : Ces racines, ce sont le respect, la complicité, l’écoute. Des mots simples en apparence, mais qui demandent du travail, de la conscience, et parfois même du courage. Le respect, c’est accepter que l’autre n’est pas moi. Qu’il a sa propre histoire, son propre rythme, ses propres émotions. C’est ne pas chercher à le contrôler ni à le changer pour notre confort personnel. La complicité, elle, ne se décrète pas : elle se construit par les moments partagés, par l’humour, par le regard tendre qu’on pose sur les petites choses de la vie commune. Quant à l’écoute, c’est peut-être la racine la plus fragile, dans un monde saturé de distractions. Il faut apprendre à être vraiment présent quand l’autre parle, sans anticiper, sans juger. Cultiver ces racines, c’est faire attention à l’autre comme on veille sur une plante. Avec douceur, constance et conscience. Ce sont elles qui permettent à l’amour de traverser les tempêtes.
Q3. Vous écrivez souvent dans vos chroniques : “Tu as changé. Oui. Mais moi aussi.” Pourquoi est-il si difficile d’accepter le changement dans une relation amoureuse ?
Sophia El Khensae Bentamy : Parce qu’on a souvent peur de ce qu’on ne comprend pas. Quand l’autre change, il nous déstabilise. Il ne réagit plus comme avant, ne désire plus les mêmes choses, ne parle plus le même langage émotionnel. Et ça peut réveiller en nous des peurs : celle de ne plus être aimé, de ne plus être “assez”, ou celle d’un abandon à venir. On oublie aussi que nous changeons nous-mêmes, mais que c’est moins visible de notre point de vue. C’est pourquoi je souligne : “moi aussi, j’ai changé”. Il faut normaliser le changement. C’est une donnée de base de l’existence humaine. Le nier, c’est nourrir l’incompréhension et la frustration. L’accueillir, au contraire, permet de réinventer le lien, de redécouvrir l’autre comme si on le rencontrait à nouveau. Un couple qui dure, ce n’est pas deux personnes figées, c’est une capacité à s’ajuster, à se réaccorder sans cesse.
Q4. Dans vos interventions vous insistez sur l’idée que le couple “n’est pas un point d’arrivée”. Que voulez-vous dire par là ?
Sophia El Khensae Bentamy : Trop de personnes abordent la relation amoureuse comme une destination. “Une fois qu’on est ensemble, mariés, installés… c’est bon.” Mais non. Le couple, c’est un départ. Une aventure. Une construction permanente. L’erreur serait de penser qu’une fois les engagements pris, l’histoire est écrite. Or, rien n’est jamais acquis. Les sentiments s’entretiennent. Le lien se nourrit. La connexion se travaille. C’est ce que j’appelle “arroser son équipe” : entretenir la qualité du lien avec constance. C’est créer des moments à deux, malgré le tumulte du quotidien. C’est s’assurer qu’on se voit encore, qu’on s’entend, qu’on rêve ensemble. Dire “je t’aime” ne suffit pas : il faut le vivre. Il faut vivre le couple dans l’effort, dans la joie, dans la vigilance. Sinon, c’est la routine qui prend le dessus. Et le risque, c’est qu’on finisse par vivre à deux… mais séparément.
Q5. À notre époque, vous pointez du doigt “les écrans” et “les bulles individuelles”. En quoi ces éléments fragilisent-ils la relation amoureuse ?
Sophia El Khensae Bentamy : Les écrans ont envahi nos espaces les plus intimes. On dîne ensemble, mais chacun regarde son téléphone. On est physiquement proches, mais mentalement absents. Ce phénomène crée une distance émotionnelle, subtile mais réelle. Quant aux “bulles individuelles”, ce sont ces moments où chacun s’enferme dans ses propres activités, ses réseaux, ses routines… Ce n’est pas négatif en soi : il est vital de garder une part d’indépendance dans un couple. Mais quand ces bulles deviennent étanches, quand elles ne communiquent plus entre elles, le lien s’affaiblit. Il faut créer des ponts entre nos mondes intérieurs. Lire ensemble, marcher en silence, partager un film ou une playlist… Ce sont de petits gestes, mais ils permettent de rester connectés. Le couple, c’est un équilibre entre soi et nous. Il ne faut jamais que le “nous” disparaisse totalement, au profit de “moi” et “toi” devenus deux étrangers.
Q6. Vous dites que certaines transformations s’invitent “sans véritablement demander l’autorisation”. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette idée ?
Sophia El Khensae Bentamy : La vie nous change parfois malgré nous. Une dépression, une phobie qui surgit, une passion qui émerge, une lassitude qui s’installe… Tous ces bouleversements arrivent sans crier gare. On ne les choisit pas toujours, et l’autre non plus. Et cela peut être très déroutant. On croit connaître son partenaire, puis soudain, il ou elle devient différent. Cela peut générer des sentiments d’étrangeté, voire de trahison. Pourtant, il est fondamental de comprendre que le changement fait partie du vivant. Il ne s’agit pas de le subir passivement, mais de l’accompagner avec intelligence. De se parler, de s’expliquer, de nommer ce qui évolue. Et d’oser poser cette question essentielle : “Comment puis-je t’aimer différemment aujourd’hui, là où tu en es ?” C’est un immense acte d’amour que de s’adapter à la version actuelle de l’autre — et d’accepter que parfois, il ou elle n’a pas pu nous prévenir de ce changement.
Q7. Vous insistez sur l’importance de continuer à “se regarder, se parler, se soutenir”. Quels rituels simples recommandez-vous aux couples pour nourrir ce lien au quotidien ?
Sophia El Khensae Bentamy : Le lien amoureux se nourrit de simplicité. Pas besoin de grandes déclarations ou de dîners aux chandelles chaque semaine. Ce qui compte, c’est la régularité, la qualité de la présence. Un rituel de gratitude, par exemple : chaque soir, se dire une chose positive sur l’autre ou sur la journée. Une marche silencieuse le dimanche, main dans la main, sans téléphone. Une playlist partagée, un livre lu à deux, ou même un rêve un peu fou à imaginer ensemble. Il s’agit de rester curieux l’un de l’autre. De continuer à poser des questions, même après des années : “À quoi tu penses en ce moment ? Qu’est-ce qui t’inspire ?” Ces gestes maintiennent la chaleur du lien. Ils disent à l’autre : “Je te vois. Tu comptes.” Et cela suffit souvent à raviver une complicité qui semblait s’éteindre.
Q8. Enfin, si vous deviez résumer en un message essentiel ce que vous souhaitez transmettre à tous les couples, quel serait-il ?
Sophia El Khensae Bentamy : N’arrêtez jamais d’arroser votre lien. C’est une phrase simple, mais qui dit tout. Un couple, ce n’est pas un contrat figé. C’est une rencontre qui doit continuer à vivre, à vibrer, à respirer. Même si vous avez changé. Même si l’autre a changé. Choisissez encore. Et encore. Et encore. La magie, ce n’est pas d’aimer une fois ; c’est de continuer à aimer malgré les vents, malgré les saisons, malgré les doutes. Dire à l’autre : “Je suis encore là. Avec toi. Même si tout a bougé.” Cela demande de la présence, de l’engagement, et parfois de l’humilité. Mais c’est cette constance dans le mouvement qui fait la beauté du couple. Alors dansez ensemble. Même quand la musique change. Trouvez un nouveau tempo. Et souvenez-vous : c’est dans l’imperfection, le déséquilibre parfois, que se cache l’amour le plus vrai.