Espèces exotiques envahissantes : un danger méconnu


Rédigé par Rokia Dhibat le Jeudi 7 Septembre 2023

D'après un rapport émis par l'IPBES, un groupe d'experts en biodiversité mandaté par l'ONU, montre que le transfert d'animaux ou de plantes hors de leur environnement d'origine met en péril de nombreuses espèces et porte atteinte au bien-être de l'homme.



Envisagez-vous d'orner votre jardin avec une plante aquatique originaire de Madagascar ? En quelques mois à peine, cette plante pourrait envahir et contaminer l'étang voisin. Si l'idée vous séduit d'ajouter une tortue d'eau pour divertir les enfants, il est important de noter qu'en cas de fugue, elle pourrait causer la disparition totale des poissons d'une rivière...

L'IPBES, communément surnommé "le GIEC de la biodiversité", a lancé un cri d'alarme à travers un tout nouveau rapport publié ce lundi, alertant sur les espèces exotiques envahissantes (EEE) qui ravagent les cultures, dévastent les forêts, propagent des maladies, et représentent une menace pour la qualité de la vie sur Terre. Ces espèces, introduites par l'activité humaine, se propagent de manière de plus en plus rapide.

Le rapport affirme que ces espèces représentent une menace de grande envergure à l'échelle mondiale, mettant en péril la biodiversité, l'économie et même la santé humaine. Selon Helen Roy, coprésidente britannique de l'évaluation, ces espèces "ont le potentiel de causer des dégâts irréversibles à l'environnement [...] et posent une menace directe pour le bien-être de l'humanité." Ce constat découle des délibérations de la session de l'IPBES qui s'est tenue la semaine dernière à Bonn, en Allemagne, sous l'égide de l'ONU."


Conséquences dévastatrices

Ces espèces envahissantes ont des répercussions majeures : elles condamnent les espèces autochtones à l'extinction, poussent les écosystèmes à un point de rupture, affectent la santé des populations, épuisent leurs ressources, et ont un impact négatif sur l'économie. Selon le professeur chilien Anibal Pauchard, cité dans le rapport, les "espèces exotiques envahissantes" sont responsables de 60 % des extinctions d'animaux et de plantes. En fait, le professeur Anibal Pauchard, co-président de l'évaluation, précise que environ 85 % des effets des invasions biologiques sur les espèces autochtones sont défavorables.

Les conséquences des espèces exotiques envahissantes touchent l'ensemble de la planète. Environ 34 % des impacts liés aux invasions biologiques ont été observés dans les Amériques, 31 % en Europe et en Asie centrale, 25 % en Asie et dans le Pacifique, et environ 7 % en Afrique. Du point de vue des habitats, ce sont principalement les environnements terrestres qui subissent le plus d'impacts, représentant 75 % du total, alors que les habitats d'eau douce comptent pour 14 % et les écosystèmes marins pour 10 %. Les îles paient un tribut particulièrement lourd, avec 90 % des extinctions mondiales attribuées aux espèces exotiques envahissantes, et dans plus de 25 % des îles, le nombre de plantes exotiques a désormais dépassé celui des espèces indigènes.


Quelles sont les espèces exotiques envahissantes ?

Les espèces exotiques envahissantes, également appelées espèces envahissantes ou invasives, sont des organismes vivants (animaux, plantes, microorganismes) qui ont été introduits intentionnellement ou accidentellement dans des environnements où ils ne sont pas natifs. Ces espèces ont la capacité de se reproduire rapidement et de se propager de manière agressive, souvent au détriment des espèces locales.

Elles peuvent causer divers problèmes, notamment la perturbation des écosystèmes, la compétition avec les espèces indigènes pour les ressources, la prédation excessive, la propagation de maladies, la modification des habitats, et même des perturbations économiques et sociales. Les espèces exotiques envahissantes sont l'une des principales menaces pour la biodiversité mondiale.

Exemples d'espèces exotiques envahissantes incluent le frelon asiatique en Europe, la carpe asiatique en Amérique du Nord, la plante aquatique jussie en Afrique du Sud, et de nombreuses autres espèces introduites dans diverses régions du monde. Le contrôle et la gestion de ces espèces sont essentiels pour préserver la biodiversité et la santé des écosystèmes.

Même si le rapport n'en fait pas mention, le Maroc n'est pas exempt des risques qui planent sur son écosystème. Selon la base de données mondiale sur les espèces envahissantes (ISSG), le Maroc compte 104 espèces envahissantes répertoriées. Parmi ces espèces présentes dans le pays, huit sont répertoriées comme étant envahissantes.



Rokia Dhibat





Jeudi 7 Septembre 2023
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