Etudier dans le métavers, ce sera bientôt possible!


Rédigé par Aya Azaddou le Lundi 18 Juillet 2022

Quels sont les avantages et les inconvénients du métavers dans le monde de l'éducation?



Cela fait des années maintenant que l'on parle du métavers, c'est-à-dire d'une réalité virtuelle connectée dans laquelle toutes sortes d'interactions seront possibles. Mais les annonces de plusieurs grandes entreprises, comme Meta (Facebook), lui ont donné un véritable coup de projecteur au sein du grand public.

Concrètement, dans le métavers, n'importe qui, à l'aide de dispositifs technologiques comme des casques virtuels ou un simple téléphone, pourra être représenté par un avatar et interagir avec d'autres personnes, mais aussi avec des éléments présents dans l'environnement connecté. Comme l'explique l'AFP, dans le métavers, il sera possible de : "danser en boîte de nuit avec ses amis sous la forme d'un avatar, gravir le sommet de l'Everest à travers un casque de réalité virtuelle, ou encore faire une réunion entre collègues dans un bureau numériquement reconstitué à l'identique..."  Avec cet univers, les frontières entre virtuel et réalité seront plus minces que jamais, ce qui fait craindre des dérives.

Malgré tout, beaucoup d'entreprises comptent bien exploiter ces nouvelles possibilités. Des terrains sont déjà à vendre dans le métavers, des concerts sont déjà montés ainsi que... des campus universitaires. À travers le monde, plusieurs plateformes sont en train d'être créés afin de permettre au monde de l'enseignement de tirer parti du métavers. Ce mardi, en France, l'entreprise Kwark Éducation a présenté son premier campus virtuel qui pourra accueillir des étudiants dès septembre 2022. Toujours en phase d'expérimentation, ce projet a déjà conquis des grandes écoles française, comme l'ESC Pau, indique Le Figaro.

Quels avantages?

Sur le même principe que les cours en distanciel, les cours dans le métavers permettraient aux étudiants d'interagir entre eux et de suivre des conférences données dans n'importe quelle université du monde. Et ce, 24 heures sur 24. L'avantage du métavers par rapport à des cours virtuels classiques est, selon Kwark Education, d'avoir un côté plus immersif.
"L'architecture proposée dans notre campus sur le métavers permet de susciter une émotion positive et de créer un état de bien-être, de sérénité, ou bien de booster la créativité en fonction des environnements et des couleurs choisies", explique le PDG Alban Miconnet au Figaro.

Avec le métavers, l'expérience pourrait être au coeur de l'apprentissage. On pourrait en effet imaginer que des étudiantes et étudiants expérimentent des choses concrètes sur le terrain, reproduit à l'identique dans le métavers. Concrètement, au lieu de prendre l'avion pour se rendre dans le laboratoire d'un pays étranger, ils pourraient y avoir directement accès dans le métavers. Ce "nouveau monde" rendrait plus accessible des dispositifs éducatifs de qualité présents dans le monde entier. Précisons que la réalité augmentée est déjà utilisée par de nombreuses universités, dans certains cours, pour offrir une expérience immersive aux étudiants.

Quels inconvénients?

Si les experts se réjouissent des possibilités offertes par le métavers, ils craignent aussi des dérives. Nir Eisikovits, professeur de philosophie et directeur à l'Applied Ethics Center, à l'Université du Massachusetts à Boston, pointe 5 défis à relever, dans un article publié par The Conversation.

1. Garantir la liberté académique. Est-ce que les plateformes privées permettront toutes les discussions, y compris sur des sujets qui pourraient leur porter préjudice?

2. Permettre la concentration. "Comment les concepteurs peuvent-ils s'assurer que le métavers n'aggravera pas les défis déjà sérieux de la concentration en classe?", se demande le professeur; "Il y a des moments où, aussi incroyable qu'un instructeur puisse être, les appareils technologiques et ce qu'ils offrent sont tout simplement trop tentants pour les étudiants, même pendant les cours." Le métavers risque de renforcer cela quand on sait qu'un jeune pourra aller faire du shopping dans le métavers et ce, pendant qu'il est déjà censé suivre les cours.

3. Quid de la communication non verbale? Avec des avatars, ce qui se transmet par des expressions faciales ou le langage corporel risque de se perdre. "Ceci est important car une grande partie de l'apprentissage dans les cours universitaires, en particulier dans les cours à forte discussion typiques des cours de sciences humaines, dépend d'une communication vivante et spontanée. Cette communication spontanée implique souvent la capacité de transmettre et de recevoir des signaux non verbaux."

4. Créer une vraie communauté. L'expérience du supérieur ne se résume pas aux cours. Il y a aussi tout ce qu'il se passe à côté. "Comment créer une vraie communauté entre élèves et professeurs ou entre les élèves eux-mêmes sans présence physique réelle?"

5. Rendre accessible les cours. Si le métavers rendra plus accessible l'accès aux cours pour certaines personnes, ce ne sera pas le cas pour tout le monde. "Ces technologies offriront-elles une expérience éducative convaincante à moindre coût, ou inaugureront-elles simplement une nouvelle fracture numérique - un système à deux niveaux composé d'élites qui peuvent payer pour une scolarité physique et de ceux qui doivent se contenter de la contrepartie virtuelle ? Ou, pour compliquer les choses, que se passerait-il si les soi-disant "métaversités" devenaient une partie d'un système à trois niveaux, avec des écoles traditionnelles pour les riches, l'éducation à la réalité virtuelle métaverse pour les classes moyennes, et l'apprentissage à distance bidimensionnel - comme celui étant utilisé maintenant - pour ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter autre chose ?"

Et ces défis ne concernent que l'aspect éducatif du métavers, on ne parle donc pas ici des problèmes de sécurité des données ou des conséquences sur la santé mentale des individus qui y seraient plongés à trop forte dose. Malgré tout, le monde éducatif a de quoi être intéressé par ces nouvelles possibilités. 


Rédigé par Jessica Flament , Repris par la Fondation Tamkine 
#Tamkine_ensemble_nous_reussirons 




Lundi 18 Juillet 2022
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