Faible productivité des TPME : Quand l'allocation inefficace des ressources freine la croissance


Rédigé par La Rédaction le Dimanche 23 Mars 2025



Le dernier rapport annuel 2024 de l’Observatoire Marocain de la TPME (OMTPME) dresse un bilan préoccupant concernant la productivité du tissu entrepreneurial marocain. Malgré des investissements soutenus, la productivité des entreprises marocaines reste très faible, affichant une croissance annuelle limitée à 2,2 % entre 2016 et 2019, soit un niveau inférieur à celui d'autres économies similaires.

Cette faible productivité s’explique principalement par une mauvaise allocation des ressources, phénomène illustré clairement par l’étude menée conjointement avec la Banque Mondiale sur la dynamique des entreprises marocaines. L’analyse révèle que l’impact négatif lié à une mauvaise allocation des ressources entre les entreprises dépasse l’impact positif de la croissance au sein des entreprises elles-mêmes. Autrement dit, des ressources précieuses comme le capital et le travail ne sont pas dirigées vers les entreprises les plus productives, mais restent captives dans des structures inefficaces ou faiblement performantes.

Ce constat met en lumière un problème structurel profond : la réallocation des ressources vers les entreprises les plus performantes est insuffisante, ralentissant ainsi l'émergence d’entreprises à forte croissance, qui constituent généralement le moteur de la création d’emplois et de l’innovation économique. La faible densité de ces entreprises à forte croissance au Maroc, particulièrement inférieure à celle de pays comparables comme le Vietnam, représente donc un frein majeur à la dynamique économique nationale.

Par ailleurs, le secteur manufacturier, pourtant clé dans la stratégie d’industrialisation du pays, affiche une performance décevante, avec une croissance de productivité inférieure à la moyenne de l’économie. Depuis 2008, les secteurs non-agricoles connaissent même une tendance baissière en termes de croissance de productivité, accentuant le retard accumulé par l’économie marocaine.

Face à cette problématique structurelle, des réformes profondes deviennent indispensables. Parmi les pistes envisagées figurent l’amélioration de l’accès des TPME au financement, la facilitation de l’entrée de nouvelles entreprises plus innovantes et l’optimisation des systèmes d’allocation des ressources publiques et privées. Il est crucial que ces réformes ciblent directement les mécanismes d’allocation inefficace afin de maximiser l’efficacité des investissements réalisés.

Toutefois, bien que ces mesures soient indispensables, il serait réducteur d’imputer uniquement à une mauvaise allocation des ressources l’ensemble des problèmes liés à la productivité. D’autres facteurs, tels que les déficiences en matière d’éducation, de formation professionnelle, et de digitalisation des entreprises marocaines, jouent également un rôle majeur. Ignorer ces aspects risquerait de limiter l’efficacité et l’impact à long terme des réformes proposées.

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Dimanche 23 Mars 2025
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