Femmes et dentisterie au Maroc : entre blouse blanche et plafond de verre


Elles sont de plus en plus nombreuses à exercer, à ouvrir leur cabinet, à se spécialiser, à enseigner. Les femmes dentistes marocaines incarnent une génération de praticiennes compétentes, ambitieuses et engagées. Pourtant, derrière la blouse blanche, les stéthoscopes et les sourires professionnels, persistent encore des inégalités invisibles, des freins culturels et des arbitrages douloureux.



Une féminisation rapide de la profession

Selon les données du Conseil national de l’ordre, près de 60 % des jeunes diplômés en chirurgie dentaire au Maroc sont aujourd’hui des femmes. Dans les facultés, elles brillent par leur assiduité, leur rigueur, leur excellence académique. Beaucoup s’orientent vers la pédodontie, l’esthétique ou la parodontologie, des domaines où l’empathie et le souci du détail sont valorisés.

Mais cette féminisation ne se reflète pas encore dans toutes les strates de la profession : peu de femmes à la tête de cliniques dentaires d’envergure, très peu dans les instances ordinales, rares dans les postes de direction hospitalière ou de responsabilité syndicale. Le plafond de verre est bien là – même dans les cabinets climatisés.
Entre vocation et charge mentale

L’exercice libéral, très répandu dans le secteur dentaire marocain, demande une disponibilité totale : gestion des patients, du personnel, des achats, de la comptabilité, sans oublier les formations continues. Pour les femmes, cela s’ajoute souvent à la charge mentale familiale, à la pression des normes sociales et à l’injonction de réussir sur tous les fronts.

Nombreuses sont celles qui, après quelques années de pratique, réduisent leurs horaires, délèguent ou quittent le libéral faute d’équilibre. Certaines choisissent la fonction publique ou l’enseignement, non par manque d’ambition, mais pour trouver un compromis supportable.
Vers un leadership féminin affirmé ?

Malgré les obstacles, une nouvelle génération de femmes dentistes marocaines émerge, bien décidée à changer les règles du jeu. Elles s’engagent dans les associations, dans la vulgarisation scientifique, dans les programmes de santé rurale, dans les concours internationaux. Elles utilisent les réseaux sociaux pour créer de la sororité professionnelle, partager leurs conseils, briser les tabous sur le burn-out, la maternité, ou l’isolement.

L’enjeu est désormais de passer de la simple présence à la pleine reconnaissance, en instaurant des mécanismes de mentorat, des bourses dédiées, des formations sur le leadership féminin et une meilleure régulation des conditions de travail.

Parce qu’une femme dentiste n’est pas un homme en blouse rose. Elle est une professionnelle à part entière, avec des talents spécifiques et des besoins légitimes.

Pourquoi n’y a-t-il pas encore de doyenne de faculté dentaire au Maroc ?

Malgré la féminisation massive des promotions, aucune femme n’a encore dirigé une faculté de médecine dentaire au Maroc. Le phénomène interroge. Est-ce un simple hasard ? Une question d’ancienneté ? Ou un révélateur du manque de parité dans les sphères de gouvernance universitaire ? Alors même que les femmes encadrent la majorité des travaux pratiques et assurent une partie essentielle de l’enseignement clinique, elles restent sous-représentées dans les décisions stratégiques. Un sujet que les conférences nationales de santé devraient mettre sur la table sans détour.

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Dimanche 4 Mai 2025



Rédigé par La Rédaction le Dimanche 4 Mai 2025
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