Simple enquête et investigation journalistique sans aucunes confirmations officielles sur la nuit où le Maroc a vu des OVNIs
Il arrive parfois que l’Histoire s’invite dans le ciel. Le Maroc en a été témoin une nuit de septembre 1976, lorsque des dizaines de milliers de personnes, de la côte atlantique jusqu’aux plaines intérieures, ont levé les yeux vers une lueur étrange, un long trait incandescent filant au-dessus du royaume. La scène dure quelques secondes, parfois une minute selon les témoins, mais suffisamment pour provoquer panique, fascination et un afflux d’appels vers la gendarmerie royale.
Très vite, l’affaire serait remontée jusqu’au souverain. Feu SM le Roi Hassan II, qui ne plaisantait jamais avec les questions de souveraineté, réclame des explications. Le Maroc veut savoir ce qui a traversé son ciel. Un objet naturel ? Un engin militaire ? Autre chose ?
La suite est un mélange d’histoire secrète, d’erreurs d’interprétation, d’un câble diplomatique exhumé par Wikileaks, et de trente ans de spéculations. Au cœur du récit, un étrange reflet : la frontière trouble entre science, géopolitique et mythe.
Très vite, l’affaire serait remontée jusqu’au souverain. Feu SM le Roi Hassan II, qui ne plaisantait jamais avec les questions de souveraineté, réclame des explications. Le Maroc veut savoir ce qui a traversé son ciel. Un objet naturel ? Un engin militaire ? Autre chose ?
La suite est un mélange d’histoire secrète, d’erreurs d’interprétation, d’un câble diplomatique exhumé par Wikileaks, et de trente ans de spéculations. Au cœur du récit, un étrange reflet : la frontière trouble entre science, géopolitique et mythe.
La nuit du 18 au 19 septembre 1976 : quand un « cigare lumineux » traverse le Maroc
Il est environ 1h20 du matin. À Agadir, Rabat, Casablanca, Marrakech, Safi, El Jadida et Kénitra, des habitants racontent tous la même scène, avec des mots légèrement différents mais une image identique : un objet allongé, lumineux, silencieux, glissant dans le ciel d’ouest en est.
Ce qui frappe les témoins, c’est la lenteur et la netteté de la trajectoire. Rien à voir avec une étoile filante. Trop long pour être un météore. Trop silencieux pour être un avion. Trop étendu pour être un simple débris. Le Maroc vit, cette nuit-là, l’un de ses épisodes d’observation collective les plus massifs du XXᵉ siècle.
Les appels se multiplient dans les brigades de gendarmerie. Les radios locales s’inquiètent. Tout ce qui touche le ciel intéresse directement l’État : en 1976, le Maroc est au cœur de tensions régionales et globales. Le réflexe est clair : remonter l’information au palais.
« Une torpille de lumière », dira un agriculteur du Haouz.
« Un cigare incandescent », racontera un pêcheur d’Agadir.
« Une chose immense qui se déplaçait sans bruit », selon un automobiliste sur la route de Casablanca.
Ce qui frappe les témoins, c’est la lenteur et la netteté de la trajectoire. Rien à voir avec une étoile filante. Trop long pour être un météore. Trop silencieux pour être un avion. Trop étendu pour être un simple débris. Le Maroc vit, cette nuit-là, l’un de ses épisodes d’observation collective les plus massifs du XXᵉ siècle.
Les appels se multiplient dans les brigades de gendarmerie. Les radios locales s’inquiètent. Tout ce qui touche le ciel intéresse directement l’État : en 1976, le Maroc est au cœur de tensions régionales et globales. Le réflexe est clair : remonter l’information au palais.
Le Roi demande des éclaircissements : l’affaire devient diplomatique
Lorsque les rapports arrivent à Rabat, le roi n’hésite pas. Feu Hassan II aurait ordonné au général Hosni Benslimane, patron de la gendarmerie, de solliciter une explication officielle auprès des États-Unis. À l’époque, Washington possède des capacités de surveillance astronomique et militaire incomparables : radars du NORAD, systèmes de suivi de satellites, observations d’entrée atmosphérique, et même présence résiduelle d’infrastructures américaines sur et autour du territoire marocain.
Selon les archives révélées bien plus tard, Feu Hassan II veut savoir si ce qu’ont vu les Marocains est un phénomène naturel, un engin militaire étranger ou un objet non identifié au sens strict.
Quelques jours plus tard, Benslimane se présente à l’ambassade américaine à Rabat. L’ambassadeur Fred V. Chapin rapporte à Washington que le Roi est « personnellement intéressé » et souhaite une réponse technique. Le ton est calme, mais ferme. Un objet – quel qu’il soit – est passé au-dessus du Maroc, et Rabat veut comprendre.
Ce rapport, confidentiel durant plus de trente ans, restera enfermé dans les archives diplomatiques américaines.
Selon les archives révélées bien plus tard, Feu Hassan II veut savoir si ce qu’ont vu les Marocains est un phénomène naturel, un engin militaire étranger ou un objet non identifié au sens strict.
Quelques jours plus tard, Benslimane se présente à l’ambassade américaine à Rabat. L’ambassadeur Fred V. Chapin rapporte à Washington que le Roi est « personnellement intéressé » et souhaite une réponse technique. Le ton est calme, mais ferme. Un objet – quel qu’il soit – est passé au-dessus du Maroc, et Rabat veut comprendre.
Ce rapport, confidentiel durant plus de trente ans, restera enfermé dans les archives diplomatiques américaines.
Wikileaks ressort l’affaire des tiroirs et alimente une légende nationale
En 2010, le câble diplomatique en question fait surface dans la série de révélations massives orchestrées par Wikileaks. Le Maroc découvre, stupéfait, que la demande de Hassan II figure noir sur blanc dans les télégrammes envoyés à Washington.
C’est l’étincelle qui rallume l’incendie médiatique.
Les titres s’emballent :
« Hassan II a demandé un rapport à la NASA »,
« Le Maroc face à un OVNI en 1976 »,
« Le Palais voulait une enquête scientifique américaine ».
Le problème, c’est que rien, dans les documents connus, ne mentionne explicitement la NASA. Ce que dit le câble, en revanche, est clair : la question marocaine a été transmise aux autorités techniques américaines, sans préciser si la NASA ou d’autres agences ont répondu en première ligne.
Pour l’opinion publique, le glissement est simple : si c’est scientifique et spatial, c’est NASA.
C’est ainsi que naît un mythe – doux mélange de fascination populaire, de patriotisme discret et d’un parfum d’archives secrètes.
C’est l’étincelle qui rallume l’incendie médiatique.
Les titres s’emballent :
« Hassan II a demandé un rapport à la NASA »,
« Le Maroc face à un OVNI en 1976 »,
« Le Palais voulait une enquête scientifique américaine ».
Le problème, c’est que rien, dans les documents connus, ne mentionne explicitement la NASA. Ce que dit le câble, en revanche, est clair : la question marocaine a été transmise aux autorités techniques américaines, sans préciser si la NASA ou d’autres agences ont répondu en première ligne.
Pour l’opinion publique, le glissement est simple : si c’est scientifique et spatial, c’est NASA.
C’est ainsi que naît un mythe – doux mélange de fascination populaire, de patriotisme discret et d’un parfum d’archives secrètes.
La piste scientifique : un étage de fusée soviétique qui finit sa vie au-dessus du Maroc
Pendant des décennies, l’affaire reste sans explication officielle. Ni Washington ni Moscou ne prennent la peine de communiquer sur ce qui s’est passé cette nuit-là. Le Maroc reste avec une histoire mi-ouverte, mi-enterrée.
La scène change lorsque Ted Molczan, un spécialiste canadien du suivi des satellites et des rentrées atmosphériques, reprend l’affaire dans les années 2000.
Grâce aux archives orbitales reconstituées, il identifie un candidat précis : un étage de fusée soviétique Molniya, destiné à mettre en orbite un satellite de communication militaire.
Les éléments concordent presque parfaitement :
• la trajectoire du débris soviétique passe exactement au-dessus du Maroc entre 1h et 2h du matin ;
• la luminosité décrite correspond aux fragmentations successives d’un étage en désintégration ;
• le silence est normal : un objet qui brûle à 70 ou 80 km d’altitude ne produit aucun son audible au sol ;
• la durée d’observation colle à la vitesse de rentrée d’un engin de plusieurs tonnes ;
• la forme « en cigare » correspond aux traînées multiples produites par les fragments.
Molczan conclut froidement : ce que beaucoup ont pris pour un ovni était un morceau de Guerre froide qui se consumait au-dessus du royaume.
Un spectacle impressionnant, mais parfaitement rationnel.
La scène change lorsque Ted Molczan, un spécialiste canadien du suivi des satellites et des rentrées atmosphériques, reprend l’affaire dans les années 2000.
Grâce aux archives orbitales reconstituées, il identifie un candidat précis : un étage de fusée soviétique Molniya, destiné à mettre en orbite un satellite de communication militaire.
Les éléments concordent presque parfaitement :
• la trajectoire du débris soviétique passe exactement au-dessus du Maroc entre 1h et 2h du matin ;
• la luminosité décrite correspond aux fragmentations successives d’un étage en désintégration ;
• le silence est normal : un objet qui brûle à 70 ou 80 km d’altitude ne produit aucun son audible au sol ;
• la durée d’observation colle à la vitesse de rentrée d’un engin de plusieurs tonnes ;
• la forme « en cigare » correspond aux traînées multiples produites par les fragments.
Molczan conclut froidement : ce que beaucoup ont pris pour un ovni était un morceau de Guerre froide qui se consumait au-dessus du royaume.
Un spectacle impressionnant, mais parfaitement rationnel.
Entre géopolitique et imaginaire : pourquoi l’affaire continue de fasciner
On pourrait penser que l’explication scientifique suffirait à clore le dossier.
Mais cette histoire refuse de mourir. Et pour cause : elle réunit des ingrédients que peu d’affaires marocaines possèdent.
D’abord, il y a la dimension royale. L’idée d’un chef d’État demandant des comptes à Washington sur un phénomène céleste frappe l’imaginaire.
Feu SM le Roi Hassan II avait une conscience aigüe des enjeux stratégiques. Rien ne devait traverser le ciel marocain sans que le royaume en soit informé. C’est exactement ce qui transparaît dans le câble de l’ambassade : l’épisode n’est pas traité comme une fantaisie, mais comme une question de souveraineté.
Ensuite, il y a la période historique.
Nous sommes en pleine Guerre froide. Les États-Unis et l’URSS lancent des satellites, testent des missiles, manipulent des étages de fusées dans toutes les orbites possibles. Le Maroc, situé à un endroit charnière entre Atlantique, Méditerranée et Sahara, est loin d’être une zone neutre. La désintégration d’une fusée soviétique dans le ciel marocain n’a donc rien de surprenant.
Enfin, il y a le pouvoir des récits.
Un objet mystérieux, vu par des centaines de témoins, resté sans explication pendant trente ans, puis associé à une requête royale à Washington…
Il fallait peu de choses pour que la légende prenne le dessus.
Mais cette histoire refuse de mourir. Et pour cause : elle réunit des ingrédients que peu d’affaires marocaines possèdent.
D’abord, il y a la dimension royale. L’idée d’un chef d’État demandant des comptes à Washington sur un phénomène céleste frappe l’imaginaire.
Feu SM le Roi Hassan II avait une conscience aigüe des enjeux stratégiques. Rien ne devait traverser le ciel marocain sans que le royaume en soit informé. C’est exactement ce qui transparaît dans le câble de l’ambassade : l’épisode n’est pas traité comme une fantaisie, mais comme une question de souveraineté.
Ensuite, il y a la période historique.
Nous sommes en pleine Guerre froide. Les États-Unis et l’URSS lancent des satellites, testent des missiles, manipulent des étages de fusées dans toutes les orbites possibles. Le Maroc, situé à un endroit charnière entre Atlantique, Méditerranée et Sahara, est loin d’être une zone neutre. La désintégration d’une fusée soviétique dans le ciel marocain n’a donc rien de surprenant.
Enfin, il y a le pouvoir des récits.
Un objet mystérieux, vu par des centaines de témoins, resté sans explication pendant trente ans, puis associé à une requête royale à Washington…
Il fallait peu de choses pour que la légende prenne le dessus.
Un mythe qui en dit plus sur la confiance que sur les extraterrestres
Ce que révèle cette affaire, ce n’est pas l’existence d’extraterrestres, mais la manière dont un pays perçoit la transparence, la souveraineté et les zones d’ombre du monde moderne.
L’affaire de l’ovni de 1976 raconte trois vérités :
Le Roi prenait très au sérieux la surveillance du territoire, y compris du ciel.
Les États-Unis étaient les seuls à disposer, à l’époque, d’une capacité d’analyse instantanée sur les phénomènes atmosphériques.
Le flou autour des réponses officielles laisse toujours un espace fertile aux récits alternatifs.
D’un point de vue scientifique, l’explication la plus solide reste celle d’un étage de fusée soviétique qui s’est consumé en plein ciel.
D’un point de vue politique, l’épisode montre un souverain vigilant, utilisant la diplomatie pour affirmer le contrôle du Maroc sur son espace aérien.
D’un point de vue symbolique, il restera comme un moment où le royaume a vu surgir un éclat de lumière, entre fascination collective et réalités stratégiques.
Dans un pays où ciel, mythe et pouvoir ont toujours entretenu un dialogue discret, l’ovni de 1976 ne disparaîtra pas si vite : il appartient désormais à cette zone floue où les faits historiques rencontrent nos imaginaires les plus tenaces.
L’affaire de l’ovni de 1976 raconte trois vérités :
Le Roi prenait très au sérieux la surveillance du territoire, y compris du ciel.
Les États-Unis étaient les seuls à disposer, à l’époque, d’une capacité d’analyse instantanée sur les phénomènes atmosphériques.
Le flou autour des réponses officielles laisse toujours un espace fertile aux récits alternatifs.
D’un point de vue scientifique, l’explication la plus solide reste celle d’un étage de fusée soviétique qui s’est consumé en plein ciel.
D’un point de vue politique, l’épisode montre un souverain vigilant, utilisant la diplomatie pour affirmer le contrôle du Maroc sur son espace aérien.
D’un point de vue symbolique, il restera comme un moment où le royaume a vu surgir un éclat de lumière, entre fascination collective et réalités stratégiques.
Dans un pays où ciel, mythe et pouvoir ont toujours entretenu un dialogue discret, l’ovni de 1976 ne disparaîtra pas si vite : il appartient désormais à cette zone floue où les faits historiques rencontrent nos imaginaires les plus tenaces.