Filière laitière : le lait tourne, mais dans quel sens ?


Rédigé par le Jeudi 1 Mai 2025



Pendant longtemps, le lait au Maroc, c’était une histoire de fierté nationale. Une filière organisée, des coopératives dynamiques, des vaches à l’herbe, et un marché intérieur en expansion. Mais depuis quelques années, quelque chose se gâte dans la baratte.

Le climat a tourné, et avec lui, le lait aussi. Les sécheresses récurrentes ont asséché les pâturages. Le maïs fourrager a vu son prix s’envoler comme un ballon de foot en finale. Les éleveurs, eux, boivent la tasse. Certains bradent leur bétail, d’autres raccrochent la trayeuse. Le SIAM 2025 le sait bien : il consacre à cette filière des sessions entières de réflexions et d’alerte.

On y parle d’innovation alimentaire, de races locales plus rustiques, de stratégie de repeuplement, de valorisation du petit lait, et même de diversification. On fantasme le jour où une vache Oulmès-Zaer, fière et musclée, deviendra la mascotte d’un lait 100% marocain, bio, équitable, vendu en circuit court. Le storytelling est là. Reste à aligner la logistique.

Car la filière souffre de contradictions. Elle veut être moderne, mais elle dépend d’aliments importés. Elle veut être équitable, mais les petits producteurs gagnent à peine de quoi s’acheter une galette de pain. Elle veut être résiliente, mais elle reste fragile face à chaque choc climatique.

Et puis il y a l’ombre des grandes laiteries, les contrats léonins, les normes impitoyables. Il y a aussi les consommateurs qui, entre l’ultra-frais, le lait végétal, et le yaourt aux graines de chia, ne savent plus trop à quelle bouteille se vouer.


L’avocat du diable : le lait de la discorde

Le lait marocain a longtemps été un symbole de progrès rural. Mais n’est-il pas devenu, aujourd’hui, un système à bout de souffle ? Un modèle intensif, basé sur l’importation d’aliments, sur la standardisation de la production, sur la dépendance à un climat de plus en plus instable. Peut-être faut-il se poser une vraie question : faut-il produire autant de lait partout, ou repenser la géographie et les usages de cette production ? Peut-être que l’avenir du lait, ce n’est pas plus de lait, mais mieux de lait.


Plan Maroc Vert Génération Green Maroc Agriculture durable Maroc Dérèglement climatique impacts Résilience agricole Agroécologie Maroc Souveraineté alimentaire Inégalités territoriales Gestion des ressources en eau Transition agricole Maroc





Journaliste junior passionné par l'écriture, la communication, les relations internationales et la… En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 1 Mai 2025
Dans la même rubrique :