GENZ 212 : pourquoi ce sont les hommes qui ont fait les actes de violence et pas les femmes ?


Rédigé par le Mardi 7 Octobre 2025

Lors des manifestations du collectif GenZ 212 au Maroc, un constat frappant s’impose : la majorité des actes de violence et de vandalisme ont été commis par des hommes, tandis que les femmes, quand elles sont présentes, se limitent à des manifestations pacifiques, brandissant des pancartes et scandant leurs slogans sans jamais s’en prendre physiquement aux biens publics ou aux forces de l’ordre. Cette observation n’est pas un hasard ni le fruit du hasard : elle révèle une réalité profonde sur la manière dont la société socialise ses citoyens en fonction de leur genre.



Lors des manifestations du collectif GenZ 212 au Maroc, un constat frappant s’impose : la majorité des actes de violence et de vandalisme ont été commis par des jeunes hommes, tandis que les femmes, quand elles sont présentes, se limitent à des manifestations pacifiques, brandissant des pancartes et scandant leurs slogans sans jamais s’en prendre physiquement aux biens publics ou aux forces de l’ordre.

Cette observation n’est pas un hasard ni le fruit du hasard : elle révèle une réalité profonde sur la manière dont la société socialise ses citoyens en fonction de leur genre.


Dès le plus jeune âge, les garçons sont élevés avec l’idée qu’ils doivent être forts, courageux, dominants, capables de s’imposer et de ne jamais montrer de faiblesse. La colère et l’agressivité deviennent des outils pour affirmer leur virilité, tandis que la prudence, l’empathie et la négociation sont valorisées chez les filles.

Cette construction sociale explique pourquoi, confrontés à des situations de frustration ou d’injustice, les jeunes hommes se tournent instinctivement vers la violence, parfois collective et spectaculaire, comme expression de leur mécontentement.


Il ne s’agit pas uniquement d’une question de caractère individuel, mais d’une dynamique sociale et culturelle. La violence des hommes est souvent moins stigmatisée et, dans certaines situations, même valorisée : braver l’autorité, affronter la police, casser un véhicule ou un commerce devient une manière de prouver sa force, sa loyauté au groupe et sa capacité à se faire respecter.

Dans les manifestations, cette dynamique de groupe se renforce : l’effet de masse, la peur de paraître faible devant ses pairs, et le désir de montrer qu’on est capable d’agir contribuent à transformer la colère individuelle en actes de vandalisme collectif.


La marginalisation économique et sociale joue également un rôle majeur. Ces jeunes hommes, souvent issus de quartiers défavorisés, n’ont pas toujours accès aux moyens d’expression pacifique ou aux espaces de dialogue avec les autorités.

La frustration accumulée face au chômage, à l’injustice sociale et aux services publics défaillants trouve alors un exutoire dans la violence. Les jeunes femmes, quant à elles, malgré leur colère, adoptent des formes d’expression moins destructrices, conscientes de leur vulnérabilité physique et sociale dans un environnement où les sanctions peuvent être sévères et où la violence les expose à des risques spécifiques.


Ce phénomène montre que la violence masculine n’est pas un simple trait naturel ou biologique. Elle est le produit d’une construction sociale qui encourage la force, la domination et l’affirmation agressive de soi comme preuve de virilité.

Tant que les garçons seront élevés dans l’idée que « pour être un homme, il faut être dur et ne jamais reculer », ce type de comportements continuera à se manifester, non seulement dans les manifestations, mais dans tous les espaces où la frustration et la colère peuvent s’exprimer.

Il s’agit là d’un problème de société, qui dépasse largement le cadre des manifestations et qui appelle à une réflexion sur l’éducation, la socialisation et la manière dont nous construisons les identités de genre.

 


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Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC. Dompteuse de mots, je jongle avec… En savoir plus sur cet auteur
Mardi 7 Octobre 2025
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