Par Nadine Mouline
Quand le HCP publie ses statistiques, ce n’est pas une simple actualité technique, c’est un miroir tendu au pays… Et ce miroir ne renvoie pas seulement des chiffres, il révèle une fracture, une ligne de partage invisible mais tenace entre un Maroc qui consomme et un Maroc qui compte... Les données sont claires : cinq régions seulement concentrent près de 74 % de la consommation des ménages marocains… Un chiffre qui, à lui seul, raconte une histoire : celle d’un pays où la prospérité se concentre, où les inégalités se cristallisent, où le quotidien des familles dépend d’abord de leur code postal…
Le Maroc des caddies pleins
Le premier constat saute aux yeux : Casablanca-Settat s’offre 25 % des dépenses nationales… Rien de surprenant pour cette métropole économique, cœur battant du pays, où se croisent multinationales, zones industrielles, sièges sociaux et centres commerciaux rutilants. Là-bas, on consomme, on dépense, on investit…
Derrière, Rabat-Salé-Kénitra (14,6 %), vitrine politique et administrative, capte une part importante, renforcée par un tissu économique diversifié et un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne nationale. Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,7 %) profite de son ouverture sur l’Europe, de son port et de ses zones franches. Fès-Meknès (11,5 %), malgré son image de ville patrimoniale, reste une région au poids économique conséquent. Enfin, Marrakech-Safi (11,3 %), boostée par le tourisme, ferme le quinté de tête.
Ensemble, ces régions forment le club des « gros consommateurs », véritables locomotives de l’économie nationale… C’est là que circulent les revenus, que s’installent les infrastructures modernes, que fleurissent les hypermarchés et que se déploie une classe moyenne active…
Le Maroc qui compte et se prive
À l’autre bout de la carte, le contraste est saisissant… Dakhla-Oued Eddahab plafonne à 0,8 % des dépenses nationales. Guelmim-Oued Noun à peine plus. Souss-Massa, pourtant vivier agricole majeur, n’atteint que 7,2 %... Dans ces territoires, la consommation ne suit pas le même rythme : elle est freinée par l’absence d’emplois stables, par l’enclavement, par le manque de services publics de qualité et par des revenus trop faibles…
Là-bas, le quotidien n’a rien à voir avec celui des grandes métropoles… Le pouvoir d’achat ne se traduit pas en paniers remplis au centre commercial, mais en arbitrages permanents : faut-il acheter de la viande cette semaine ou payer la facture d’électricité ? Faut-il garder le petit à l’école privée ou économiser pour soigner un proche ? Dans certaines zones rurales, la consommation est encore marquée par la logique de survie : on consomme ce qu’on produit, on échange, on économise sur le superflu… Ce Maroc-là n’apparaît pas dans les publicités lumineuses des enseignes internationales... Il apparaît dans les statistiques, discret mais réel…
Une fracture aux racines profondes
Ce déséquilibre ne date pas d’hier… Il est le produit de décennies de centralisation, où les investissements publics, les infrastructures et les grands projets ont privilégié les pôles urbains au détriment des régions périphériques… Casablanca est devenue le cœur économique, Rabat la vitrine institutionnelle, Tanger le hub industriel… Pendant ce temps, d’autres régions, souvent rurales, agricoles ou enclavées, sont restées à la marge… Le résultat est visible aujourd’hui : une géographie économique à deux vitesses, où les grandes villes concentrent salaires, opportunités et consommation, tandis que le reste du pays survit avec moins…
Cette fracture nourrit un cercle vicieux… Les régions riches attirent les investissements, donc créent plus d’emplois, donc consomment plus… Les régions pauvres restent marginalisées, donc perdent leur jeunesse par l’exode rural, donc consomment moins.
Quand le HCP publie ses statistiques, ce n’est pas une simple actualité technique, c’est un miroir tendu au pays… Et ce miroir ne renvoie pas seulement des chiffres, il révèle une fracture, une ligne de partage invisible mais tenace entre un Maroc qui consomme et un Maroc qui compte... Les données sont claires : cinq régions seulement concentrent près de 74 % de la consommation des ménages marocains… Un chiffre qui, à lui seul, raconte une histoire : celle d’un pays où la prospérité se concentre, où les inégalités se cristallisent, où le quotidien des familles dépend d’abord de leur code postal…
Le Maroc des caddies pleins
Le premier constat saute aux yeux : Casablanca-Settat s’offre 25 % des dépenses nationales… Rien de surprenant pour cette métropole économique, cœur battant du pays, où se croisent multinationales, zones industrielles, sièges sociaux et centres commerciaux rutilants. Là-bas, on consomme, on dépense, on investit…
Derrière, Rabat-Salé-Kénitra (14,6 %), vitrine politique et administrative, capte une part importante, renforcée par un tissu économique diversifié et un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne nationale. Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,7 %) profite de son ouverture sur l’Europe, de son port et de ses zones franches. Fès-Meknès (11,5 %), malgré son image de ville patrimoniale, reste une région au poids économique conséquent. Enfin, Marrakech-Safi (11,3 %), boostée par le tourisme, ferme le quinté de tête.
Ensemble, ces régions forment le club des « gros consommateurs », véritables locomotives de l’économie nationale… C’est là que circulent les revenus, que s’installent les infrastructures modernes, que fleurissent les hypermarchés et que se déploie une classe moyenne active…
Le Maroc qui compte et se prive
À l’autre bout de la carte, le contraste est saisissant… Dakhla-Oued Eddahab plafonne à 0,8 % des dépenses nationales. Guelmim-Oued Noun à peine plus. Souss-Massa, pourtant vivier agricole majeur, n’atteint que 7,2 %... Dans ces territoires, la consommation ne suit pas le même rythme : elle est freinée par l’absence d’emplois stables, par l’enclavement, par le manque de services publics de qualité et par des revenus trop faibles…
Là-bas, le quotidien n’a rien à voir avec celui des grandes métropoles… Le pouvoir d’achat ne se traduit pas en paniers remplis au centre commercial, mais en arbitrages permanents : faut-il acheter de la viande cette semaine ou payer la facture d’électricité ? Faut-il garder le petit à l’école privée ou économiser pour soigner un proche ? Dans certaines zones rurales, la consommation est encore marquée par la logique de survie : on consomme ce qu’on produit, on échange, on économise sur le superflu… Ce Maroc-là n’apparaît pas dans les publicités lumineuses des enseignes internationales... Il apparaît dans les statistiques, discret mais réel…
Une fracture aux racines profondes
Ce déséquilibre ne date pas d’hier… Il est le produit de décennies de centralisation, où les investissements publics, les infrastructures et les grands projets ont privilégié les pôles urbains au détriment des régions périphériques… Casablanca est devenue le cœur économique, Rabat la vitrine institutionnelle, Tanger le hub industriel… Pendant ce temps, d’autres régions, souvent rurales, agricoles ou enclavées, sont restées à la marge… Le résultat est visible aujourd’hui : une géographie économique à deux vitesses, où les grandes villes concentrent salaires, opportunités et consommation, tandis que le reste du pays survit avec moins…
Cette fracture nourrit un cercle vicieux… Les régions riches attirent les investissements, donc créent plus d’emplois, donc consomment plus… Les régions pauvres restent marginalisées, donc perdent leur jeunesse par l’exode rural, donc consomment moins.
Les risques d’un pays fracturé
Un Maroc à deux vitesses n’est pas seulement une anomalie statistique… C’est un risque politique et social majeur, car une telle disparité menace directement la cohésion nationale… Les régions qui se sentent oubliées développent un sentiment d’injustice, d’exclusion, parfois de colère silencieuse… Déjà, on constate des tensions : migration massive vers Casablanca, Rabat ou Tanger, urbanisation anarchique, pression sur les services publics urbains, chômage élevé des jeunes diplômés dans les périphéries. Un développement déséquilibré alimente aussi l’économie informelle, faute d’opportunités formelles suffisantes…
La régionalisation avancée comme horizon… ou mirage ?
Face à ce constat, une question centrale s’impose : que fait l’État ? Depuis des années, les discours officiels célèbrent la régionalisation avancée, promue comme levier d’équité territoriale… Mais la traduction concrète reste limitée… La vérité, rappelée crûment par les chiffres du HCP, est que la majorité du pouvoir d’achat et de la consommation se concentre toujours dans les mêmes régions… Les promesses d’équilibre territorial peinent à dépasser le stade du discours…
Or, le défi est immense : comment redistribuer la croissance ? Comment désenclaver les régions oubliées ? Comment investir dans les infrastructures, la santé, l’éducation, l’emploi local ? Comment transformer les territoires en véritables pôles de développement, et non en simples spectateurs de la croissance des autres ?
Un choix de société
L’enjeu dépasse les chiffres… Il s’agit d’un choix de société, voulons-nous un Maroc qui continue de courir sur une seule jambe, concentrant ses richesses dans quelques métropoles ? Ou un Maroc capable de faire de chaque région un moteur, à son échelle, de développement et de prospérité ? Car au fond, le développement n’est pas seulement une question de PIB ou de consommation… C’est aussi une question de dignité, de justice territoriale, de sentiment d’appartenance… Un pays qui laisse certaines régions à la marge prend le risque de s’affaiblir dans son ensemble…
Un Maroc à rééquilibrer
Le Maroc consomme, certes. Mais il consomme à deux vitesses… Et tant que cette fracture perdurera, tant que les caddies se rempliront d’un côté et que les poches se videront de l’autre, le pays ne fera que renforcer ses inégalités… L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action… Si le Royaume veut réussir son pari de développement global et équitable, il doit investir massivement dans ses périphéries, redonner espoir aux régions oubliées et traduire en actes la promesse de la régionalisation… Car un pays qui avance à deux vitesses finit toujours par s’essouffler… Et dans ce miroir que nous tend le HCP, il est temps de ne plus seulement voir le reflet de nos fractures, mais l’urgence d’y répondre.
Un Maroc à deux vitesses n’est pas seulement une anomalie statistique… C’est un risque politique et social majeur, car une telle disparité menace directement la cohésion nationale… Les régions qui se sentent oubliées développent un sentiment d’injustice, d’exclusion, parfois de colère silencieuse… Déjà, on constate des tensions : migration massive vers Casablanca, Rabat ou Tanger, urbanisation anarchique, pression sur les services publics urbains, chômage élevé des jeunes diplômés dans les périphéries. Un développement déséquilibré alimente aussi l’économie informelle, faute d’opportunités formelles suffisantes…
La régionalisation avancée comme horizon… ou mirage ?
Face à ce constat, une question centrale s’impose : que fait l’État ? Depuis des années, les discours officiels célèbrent la régionalisation avancée, promue comme levier d’équité territoriale… Mais la traduction concrète reste limitée… La vérité, rappelée crûment par les chiffres du HCP, est que la majorité du pouvoir d’achat et de la consommation se concentre toujours dans les mêmes régions… Les promesses d’équilibre territorial peinent à dépasser le stade du discours…
Or, le défi est immense : comment redistribuer la croissance ? Comment désenclaver les régions oubliées ? Comment investir dans les infrastructures, la santé, l’éducation, l’emploi local ? Comment transformer les territoires en véritables pôles de développement, et non en simples spectateurs de la croissance des autres ?
Un choix de société
L’enjeu dépasse les chiffres… Il s’agit d’un choix de société, voulons-nous un Maroc qui continue de courir sur une seule jambe, concentrant ses richesses dans quelques métropoles ? Ou un Maroc capable de faire de chaque région un moteur, à son échelle, de développement et de prospérité ? Car au fond, le développement n’est pas seulement une question de PIB ou de consommation… C’est aussi une question de dignité, de justice territoriale, de sentiment d’appartenance… Un pays qui laisse certaines régions à la marge prend le risque de s’affaiblir dans son ensemble…
Un Maroc à rééquilibrer
Le Maroc consomme, certes. Mais il consomme à deux vitesses… Et tant que cette fracture perdurera, tant que les caddies se rempliront d’un côté et que les poches se videront de l’autre, le pays ne fera que renforcer ses inégalités… L’heure n’est plus aux constats, mais à l’action… Si le Royaume veut réussir son pari de développement global et équitable, il doit investir massivement dans ses périphéries, redonner espoir aux régions oubliées et traduire en actes la promesse de la régionalisation… Car un pays qui avance à deux vitesses finit toujours par s’essouffler… Et dans ce miroir que nous tend le HCP, il est temps de ne plus seulement voir le reflet de nos fractures, mais l’urgence d’y répondre.