Guerre commerciale 2.0 : Trump frappe la Chine à 100 %, Bitcoin et Wall Street vacillent..


Rédigé par le Dimanche 12 Octobre 2025

Les marchés financiers ont de la mémoire, mais pas de patience. En quelques jours, l’ensemble des actifs risqués — actions, cryptomonnaies, métaux industriels — ont vacillé sous le poids d’une rhétorique politique devenue toxique. Une nouvelle fois, la géopolitique s’est invitée sur le terrain des marchés, rappelant qu’un mot, une menace ou un tweet peuvent désormais effacer des milliards de dollars de valorisation en un instant.



Le marché sans boussole : entre tweets, tensions et corrections

Le déclencheur est connu : des déclarations politiques agressives envers la Chine ont suffi à raviver l’ombre des guerres commerciales, entraînant une onde de choc mondiale. Les indices américains ont perdu en une séance l’équivalent de deux semaines de progression, et le marché des cryptomonnaies — longtemps perçu comme un refuge alternatif face à la volatilité des devises — s’est effondré dans le même mouvement. La confiance, qui se reconstruit lentement mais s’évapore en un souffle, a de nouveau quitté les parquets.

Les investisseurs ont réagi comme toujours en temps d’incertitude : ils ont fui vers les métaux précieux et les obligations souveraines. L’or, ce vieil antidote à la peur, a retrouvé des couleurs de crise, tandis que les rendements obligataires chutaient à mesure que les flux se déversaient vers la dette d’État. On ne parie plus sur la croissance, on cherche la sécurité.

Le marché des cryptomonnaies illustre ce retournement de cycle avec brutalité. Après un début de semaine prometteur marqué par des flux entrants massifs dans les fonds adossés à Bitcoin, le mouvement s’est essoufflé : les volumes quotidiens ont chuté de plus d’un milliard de dollars à moins de deux cents millions. Ce reflux témoigne d’un phénomène classique en période de panique : les investisseurs institutionnels, souvent les premiers à entrer, sont aussi les premiers à sortir dès que la visibilité s’efface. Les altcoins, déjà fragilisés par une surévaluation technique, ont vu leurs supports céder les uns après les autres. La correction, encore contenue, pourrait devenir structurelle si les acheteurs n’interviennent pas rapidement sur les seuils de consolidation.

Les actions ne sont pas mieux loties. L’indice S&P 500 a effacé en une journée la totalité de ses gains récents, confirmant que le rallye de septembre avait des bases trop fines. L’absence de correction intermédiaire, signe d’un marché euphorique, a rendu la chute inévitable. La mécanique est classique : une progression trop rapide crée une bulle de complaisance que le moindre choc politique suffit à percer. Le retour de chandelles rouges massives sur les graphiques n’est pas un simple épisode : il est la traduction visuelle d’un changement d’humeur collectif, celui du passage brutal de l’avidité à la prudence.

Quand la géopolitique dicte la Bourse : la peur fait son retour

Dans ce climat tendu, les matières premières envoient des signaux divergents. L’or grimpe, le cuivre et le pétrole baissent. Cette opposition entre actifs refuge et actifs de production en dit long sur les anticipations économiques : le monde se prépare moins à un redémarrage industriel qu’à un ralentissement commercial. La menace de nouveaux droits de douane ou de politiques protectionnistes ressuscite la peur d’un commerce mondial sous tension. Quand le cuivre baisse, c’est le manufacturier qui tremble ; quand le pétrole s’affaisse, c’est la logistique mondiale qui doute.

Derrière cette volatilité se cache une leçon plus profonde : la financiarisation extrême rend les marchés hypersensibles à la parole politique. Le moindre écart de langage devient un signal macroéconomique. Cette fusion du politique et du financier brouille la lisibilité des cycles et impose aux investisseurs une vigilance permanente. L’analyse technique, autrefois cantonnée aux traders, redevient une boussole de survie collective. Les seuils graphiques de Bitcoin à 110 000 dollars ou d’Ethereum autour de 4 000 dollars ne sont plus de simples chiffres, mais des repères psychologiques où se joue la frontière entre panique et rebond.

La période actuelle n’est pas seulement celle d’une correction, c’est celle d’un repositionnement stratégique global. Les portefeuilles se rééquilibrent vers des actifs défensifs, les algorithmes réécrivent leurs modèles de risque, et la liquidité se déplace vers des zones jugées plus stables. Les banques centrales, déjà confrontées à des dilemmes entre inflation persistante et croissance fragile, devront bientôt arbitrer entre stabiliser les marchés ou préserver leur crédibilité.

Nous assistons à un moment de bascule. Les marchés n’ont pas perdu foi dans la croissance, mais ils réclament des repères plus clairs, une parole publique plus cohérente, et surtout un cadre géopolitique moins erratique. Tant que ces conditions ne seront pas réunies, la volatilité restera la norme et l’or, le thermomètre du monde.

La finance mondiale avance désormais au rythme des humeurs politiques. Dans cet environnement, il ne s’agit plus de “prédire” le marché, mais d’apprendre à naviguer dans l’incertitude — avec prudence, humilité, et un œil constant sur la prochaine déclaration susceptible de tout faire vaciller.

Mots-clés : marchés financiers – cryptomonnaies – or – volatilité – géopolitique – obligations – indices boursiers – incertitude – correction – capital refuge





Un ingénieur passionné par la technique, mordu de mécanique et avide d'une liberté que seuls… En savoir plus sur cet auteur
Dimanche 12 Octobre 2025
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