Guerre d'Ukraine : sanctions, le ridicule ne tue pas


Attention, les chats russes fondent sur l’Occident. Le commun des mortels l’ignore peut-être, mais le plus sûr moyen de manifester son soutien à l’Ukraine et sa désapprobation envers la Russie, est d’interdire la participation des chats russes aux concours félins qui occupent les retraités et autres anciens combattants de toutes les causes animales, au sein de la très sérieuse Fédération Internationale féline : des chars, d’accord, mais des chats ?



Par Gabriel Banon

Telle est en effet la dernière invention d’un Occident déboussolé qui redécouvre, hagard, l’existence de l’Histoire, du tragique, des rapports de force, et des guerres qui, parfois, hélas, accompagnent l’inévitable tectonique.

En politique, exagérer ses exploits et minimiser ses échecs, sont monnaie courante. Mais avec les démocrates qui gouvernent actuellement à Washington, cela devient du déni des réalités que le reste du monde a, à affronter. 

Ils s’abonnent aux #fakenews, comme on s’abonne à son quotidien.  

Les Américains sont peu affectés par la hausse du prix de l’essence et du pétrole. C’est facile d’imposer des sanctions dont leur pays finalement, va peu ou prou souffrir. Les élites américaines de toutes parts, beaucoup moins affectées par une telle hausse de l’essence et du pétrole, en profitent pour faire la leçon aux Européens

Des sanctions peuvent être prises à l’encontre d’un pays envahisseur, mais encore, faudrait-il raison garder. Doit-on cautionner ce véritable délire imbécile et stupéfiant d’unanimisme qui, à l’occasion offerte par Poutine, s’exhibe dans son obscène stupidité mais aussi dans sa sinistre joie épuratrice.

Il semble qu’en Europe et outre-Atlantique, la haine de la Russie se porte bien, c’est la haine de tout un peuple pris dans son ensemble. Aucune nuance qui pourrait donner une teinte d’humanité, n’existe dans cette explosion de joie morbide à dénigrer.

C’est vrai que l’Occident, qui ne fait pas « tout le monde », victime du soft power américain, fait étalage d’un suivisme qui met aux oubliettes tout argument d’indépendance et de souveraineté. Ce monde apparemment en décadence, tient plus à son confort qu’aux vicissitudes des positionnements risqués. La période postcoloniale devenue du passé, le Russe est venu juste à propos, servir de nouvelle incarnation du Mal.

Par-ci, par-là, ce sont des restaurants russes qui sont visés, des cours sur Dostoïevski qui sont remis en cause. On va jusqu’à déprogrammer des chefs d’orchestre, des artistes, pour la simple raison qu’ils sont Russes. C’est vrai Tchaïkovski représente de toute évidence un danger immédiat pour la survie de la planète. Le mot « russe » lui-même est déprogrammé de certaines manifestations culturelles, il faut croire que le ridicule ne tue pas dans ce secteur.

La raison cherchera en vain en quoi des chats, ou des musiciens, ou des restaurateurs, ou des sportifs (en particulier d’ailleurs des compétiteurs d’handisport réputés pour leur hauteur d’âme), ou des écrivains ou des compositeurs, en particulier morts depuis plus d’un siècle, sont responsables de la politique menée par Vladimir Poutine. 

En quoi Dostoïevski est une cause le reliant directement au sort des Ukrainiens de 2022… Est-ce à cause du terme « crime » de son célèbre et inoubliable roman ? Pourtant, l’auteur avait anticipé le « châtiment ». Cette chasse aux sorcières ambiante est ridicule intellectuellement et moralement scandaleuse.

Tolstoï parlait bien déjà de Guerre, mais également de Paix : cela ne suffira pas hélas à éteindre les ardeurs de nos censeurs et déboulonneurs à la recherche de nouvelles croisades.

Comme les émotions n’ont que faire des faits, les démocrates américains répètent leurs mensonges en toute impunité. De Joe Biden à Kamala Harris en passant par les énergumènes habituels, ils vont jusqu’à réclamer l’arrestation des « traîtres » qui « défendent » Moscou. Toutefois, certains ont très légèrement déchanté face à la campagne de propagande menée sur Tik Tok, directement inspirée de Poutine.

Dans ce geste impensable pour un pays qui se dit libre, la secrétaire à la Maison Blanche a rencontré des Tik Tokeurs populaires qu’elle a sermonnés avec la propagande habituelle sur l’Ukraine. 

A moins d’un faux prétexte guerrier, les démocrates ne survivront pas à l’élection de novembre. Ils ne se soucient vraiment des électeurs que lorsque les sondages sont en leur défaveur. C’est pourquoi Biden a soudainement tombé les masques et annoncé son soutien aux forces de police. Mais la désignation de boucs émissaires n’est pas finie.

La France n’est pas en guerre, mais cet état de siège entretenu de manière anxiogène dans le cadre d’un conflit extérieur, permet d’escamoter le débat démocratique qui s’impose à toute élection majeure. La présidente de la Commission européenne, élue par personne, investie d’aucune souveraineté populaire et porteuse d’aucune autorité judiciaire, s’est permis de faire interdire des médias jugés déviants, car liés à la Russie.

Pourquoi la chaîne RT a-t-elle été interdite de diffusion en France ? Selon quelle décision de justice d’un pays supposé souverain ? Sur la base de quels faits de désinformation reconnus et jugés comme tels ? C’est tout simplement de la discrimination désignant le simple fait d’être russe comme suffisant, pour être traité en dehors de toute forme d’Etat de droit. 

Mieux vaut sans doute en rire. Le fake new et la désinformation sont souvent, du côté de celui qui ne pense pas comme soi. Rosa Luxemburg écrivait en 1918, dans son ouvrage « La révolution russe et ses dérives » : « La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement. Non pas par fanatisme de la « justice », mais parce que tout ce qu’il y a d’instructif, de salutaire et de purifiant dans la liberté politique tient à cela et perd de son efficacité quand la « liberté » devient un privilège ». 

 Allons-nous vers un nouveau maccarthysme ?

Cette tragique guerre menée à l’étranger, tragique comme le sont toutes les guerres, sert de révélateur des pires travers d’un Occident dont les soubresauts inquisitoriaux et ridicules n’en finissent plus d’expliquer, en eux-mêmes, les raisons de son propre effondrement. 

La censure sur les réseaux sociaux n’a jamais été aussi virulente. La guerre en Ukraine prend le relais de ce qui a été largement initié sous prétexte sanitaire et les blocages de comptes, suppressions de contenus, avertissements, messages de guidage et de propagande, sont désormais monnaie courante.

Des journalistes sont désignés par ces réseaux, comme étant liés à la Russie, visés ad personam et marqués au fer rouge. Quoi qu’en pensent les philosophes et va-t’en guerre de salons ou intellectuels germanopratins, elle est une forme de dictature qui, actuellement, propage sans honte, une haine antirusses digne des plus belles heures du maccarthysme.

Rédigé par Gabriel Banon sur Quid 


Dimanche 10 Avril 2022

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