Hymne au Devoir…




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Par Ali Bouallou

Lorsqu’on est dans une logique de connaissance d’ordre supérieur, on est dans un cheminement de perfection. La connaissance, où ce que les initiés appellent la lumière, n’arrive jamais sans efforts. Elle émane de la poursuite de la route du devoir. 

Mais de quel devoir s’agit-il ? Il s’agit bien évidemment du devoir qui mène à sa propre vérité, cachée par ses passions destructrices, et qui va aider à accepter celles des autres. 

Pour atteindre ce niveau de conscience, il est impératif de s’interroger sur la nature du chemin du devoir en respectant certaines règles. 

En effet, il faut éviter de se forger des idoles humaines pour accéder à la connaissance. Il faut soi-même chercher l’idée derrière le symbole.

Si la vérité absolue est inaccessible, il est impératif de respecter les opinions d’autrui pour comprendre.
Aussi, Il faut s’armer d’humilité, cette faiblesse qui renforce et qui élève la conscience.

Et enfin, il est conseillé de suivre la voix de la justice prélude au Souverain Bien, cher à Aristote. La justice impose un ordre et une sagesse.           
        
L’accomplissement du devoir exige donc inflexibilité, exigences, impératifs et sacrifices.  

Faire son devoir équivaut à entrer en relation avec soi avant les autres. Pour nos devanciers, le devoir était exclusivement lié à la divinité et c’est le cas de toutes les religions du livre. La divinité était la seule capable de mener au bonheur de la vérité. 

Pour les philosophes, le devoir est l’exercice de la pensée. Les grecques l’appelaient le noûs. Cette notion a été introduite pour la première fois par le philosophe présocratique Anaxagore au Vème siècle av. J.-C avec l’idée principale que « toute chose possède une portion de toute chose ». Cette formule exprime l’idée qu’il n’existe pas de mondes sans connexion et que le spatiotemporel fait la jonction entre les séquences de vie que l’on traverse.    

Le noûs a ensuite été enrichie par Platon, Aristote et bien d’autres. Pour Platon, le noûs met en confrontation le monde intelligible au monde sensible. Pour Aristote, la raison est vide tant que les sens n’entrent pas en action. Cela pour dire, que sans raison il ne peut y avoir de devoir.     
               
D’aucuns ont la chance d’avoir des pères, frères ou maitres à penser, qui les accompagnent et conseillent dans l’approche à avoir pour accomplir leur devoir. Cet exercice devient alors presque mécanique mais n’est-il pas judicieux d’aller au fond des choses pour connaitre la symbolique derrière toute chose ? 

Suivre le mouvement n’est pas chose condamnable car il s’agit bel et bien d’évoluer en toute harmonie mais ne pas aller au-delà de l’action pour donner un sens à toute chose est blâmable.      

La répétition mécanique favorise certes le pragmatisme et un certain accomplissement mais ne permet nullement la transformation de soi en ce qu’Heidegger appelle « le surgissement ou le jaillissement de l’être ».

Cela ne doit en aucun cas éteindre en soi le sentiment de curiosité. 

La curiosité est une connaissance commencée qui fait aller le plus loin possible sur le chemin de la vérité. C’est le seul besoin de l’esprit pour le développement de l’intelligence.

Une pensée sans curiosité entraine souvent une mauvaise interprétation du devoir voire un enfermement dans une compréhension étriquée et erronée, réductrice de l’objectif final. 

D’autre part, il ne faut nullement tomber dans le sentiment de suffisance d’avoir compris le sens de son devoir. Ce serait une erreur fatale à soi et à autrui !  Il faut le réinterpréter en permanence afin de le réajuster. 

En toutes choses, l’agréable n’est pas l’arrivée mais bien le voyage !


Mercredi 20 Décembre 2023

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