Immobilier : L’habitat de demain se construit aujourd’hui


Rédigé par le Mardi 15 Décembre 2020

Relancer le secteur de l’immobilier, aujourd’hui malade du Covid, mais pas seulement, est indispensable. C’est la position de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens, qui ont organisé, mardi 15 décembre, un webinaire sur les enjeux et perspectives de l’habitat et l’urbanisme.

Il s’agissait également d’explorer les pistes de réflexion sur l’habitat de demain, fortement lié à la politique d’urbanisation, qui réponde au mieux aux attentes, en constante évolution, d’une classe moyenne peu ciblée par les promoteurs.



La question de l’immobilier est à la fois économique, en termes de création de richesses et d’emplois, et sociale, l’accès à un logement décent participant à renforcer la dignité du citoyen. C’est ainsi que Abdellatif Maazouz, président de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens (AEI) a planté le décor.

L’industrie de la construction, c’est plus de 14% du PIB et quelque un million d’emplois. Il absorbe 30% des crédits bancaires. Mais, actuellement, c’est un autre taux qui importe. 90% des chantiers de construction sont à l’arrêt.

Secteur peu courtisé

Il y a une échéance, qui compte beaucoup également. A la fin de cette année, les dispositions fiscales en faveur des producteurs de logements sociaux prennent fin. L’AEI estime qu’il faudrait les prolonger d’une année, à titre de catalyseur des activités.

Sauf que les concepteurs de la loi des finances 2021 ne veulent plus entendre d’exonérations au profit des promoteurs immobiliers. Ni, d’ailleurs, ceux du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui ne semblent pas considérer l’industrie de la construction comme secteur prioritaire à sauvegarder.

Urbanisation galopante

Le Maroc est passé d’un taux d’urbanisation de 29%, en 1960, à 60%, actuellement, rappelle Mohamed Lazim, Chief Executive Officer du cabinet d’expertise immobilière GUI4, expert MRICS et OPCI, une urbanisation qui se poursuit au taux de 3,7% par an.

L’accélération de l’urbanisation au Maroc et le mouvement des populations de l’arrière pays vers la côte atlantique appellent à concevoir une offre en phase avec cette évolution sociogéographique, estime Rachid Khayatey Housseini, président du groupe immobilier KLK et vice-président de la Fédération Nationale des Promoteurs Immobiliers (FNPI).

Et si le promoteur immobilier s’est engagé dans son autocritique, souligne-t-il, il n’en demeure pas moins qu’un acteur parmi tant d’autres dans ce secteur, sans même disposer d’un statut distinctif, comme dans d’autres pays maghrébins.

Déficit qualitatif

Younes Dhaini, ingénieur d'Etat en génie civil, promoteur immobilier et enseignant à l’Ecole Hassania des Travaux Publics, n’en dit pas moins, quand il estime que le métier de promoteur immobilier n’est pas respecté, n’importe qui pouvant s’ériger en opérateur de ce secteur, qui souffre de ce fait d’un faible niveau d’encadrement.

Sortir ce secteur du malaise global qui le taraude nécessite une classification des promoteurs en fonction de la taille des chantiers, a-t-il proposé.
Des stratégies  immobilières d’ambition quantitative et un laisser-aller de la spéculation sont les caractéristiques de la politique qui a toujours régi ce secteur, considère Montacir Bensaid, architecte et past directeur ENA, qui prône de mettre l’usager et le respect qui lui est du au centre de la réflexion à ce sujet.

Les circuits d’adoption des nouveaux plans d’aménagement urbains sont tels que le temps que les procédures soient achevées, explique-t-il, les dits plans sont déjà devenus obsolètes.

Approche désuète

Le problème de l’urbanisation est qu’elle est toujours régie par des circulaires qui datent des années 90, explique Youssef Iben Mansour, administrateur de sociétés et past president de la FNPI. Avec des schémas et plans d’urbanisation obsolètes, ce sont les instruments même de cette urbanisation qui sont à remettre en cause. L’habitat de demain passe par une nouvelle approche de l’urbanisation, qui tienne compte de l’évolution du mode de vie des Marocains.

L’inadéquation de l’offre et de la demande sur le marché de l’immobilier s’explique, en partie, par la quasi-absence d’une offre spécifique destinée à la classe moyenne, indique Amine Nejjar, consultant expert en immobilier et vice-président de l'AEI. Elle a le choix entre le logement social, et la dégradation symbolique qu’il entraîne, et le haut standing, alors synonyme d’endettement élevé.

Les modes de financement proposés, devenus inadaptés par rapport au pouvoir d’achat réel de cette catégorie de la population, constituent un frein au dynamisme du secteur, a-t-il précisé.

Espaces de vie

Le thème du logement rural a été traité par Selma Zerhouni, architecte consultante, pour qui la transformation des centres ruraux en espaces de vie, en recourant aux matériaux locaux et à la promotion du savoir-faire local est de nature à insuffler une dimension culturelle à la politique d’urbanisation, qui lui fait défaut actuellement. Il faudrait, par ailleurs, des plans d’aménagement précis pour des zones spécifiques, a affirmé, dans le même ordre d’idées, Montacir Bensaid, de manière à inverser l’exode rural.

Dernier intervenant, Zoubeir Lafhaj, professeur des universités à Centrale Lille & titulaire de la chaire de recherche et industrielle « Construction 4.0 », a donné un aperçu de ce qui se passe ailleurs dans l’industrie de la construction et, dans un futur proche, également ici. Il est question de chantier connecté, d’intelligence artificielle, d’imprimantes 3D et de robotisation de la construction.
En attendant, à l’AEI, on pense d’abord à sauver les emplois.

Interventions de M. El Amine NEJJAR

Voici le lien pour revoir le débat si vous le voulez bien

https://www.facebook.com/PartiIstiqlalPageOfficiel/videos/403812824007305/
 




Journaliste par passion, donner du relief à l'information est mon chemin de croix. En savoir plus sur cet auteur
Mardi 15 Décembre 2020
Dans la même rubrique :