Impact du Tabac sur la femme : la preuve par l’image


Rédigé par Rédaction le Mercredi 24 Aout 2022

Une étude scientifique récente qui a concerné 10 000 personnes, publiée dans la revue Américaine de Radiologie ( août 2022), a démontré grâce à l’imagerie médicale que le tabac a plus d’effets néfastes sur les voies respiratoires chez la femme que chez l’homme.
Analyse de cette étude avec Dr Bounhir BOUMEHDI, Médecin radiologue.



Écouter le podcast en entier :


Interview avec Dr Bounhir BOUMEHDI Médecin Radiologue, par Dr Anwar CHERKAOUI

Dr Anwar CHERKAOUI : Est ce que les structures composant les voies respiratoires sont identiques entre hommes et femmes ?
 
Dr Bounhir BOUMEHDI : Oui, il y a des différences structurelles dans les voies respiratoires pulmonaires entre les hommes et les femmes. Ces différences peuvent être à l'origine de variations dans la prévalence ( nombre de cas d'une maladie à un moment donné) de la maladie pulmonaire obstructive chronique entre les sexes.
 
C’est ce qui ressort d’une vaste étude scientifique américaine publiée dans la revue Radiology (Août 2022),  qui a mesuré par tomodensitométrie ( scanner) les répercussions du tabac dans ce cadre.
 
Dr Anwar CHERKAOUI: ces différentes anatomiques structurelles peuvent-elles avoir une différence d’impact du tabagisme chez les hommes et chez  les femmes ?
 
Dr Bounhir BOUMEHDI : Il faut rappeler que la Maladie Pulmonaire Obstructive Chronique (MPOC) touche plus les hommes, qui ont un taux de diagnostic et de mortalité plus élevé.  Mais le tabagisme et l'urbanisation croissante augmentent sa prévalence chez les femmes. Par ailleurs, il faut prendre en compte les différences physiologiques entre les systèmes respiratoires des femmes et les hommes
 
Ainsi rapporte l'auteur principal d’une étude parue dans la Revue Radiology, le Dr Surya P. Bhatt, exerçant à la Division de la médecine pulmonaire, des allergies et des soins intensifs à l'Université de l'Alabama à Birmingham.
Pour çe scientifique, la prévalence de la MPOC chez les femmes se rapproche rapidement de celle observée chez les hommes. Et les maladies des voies respiratoires peuvent être à la base du nombre élevé de MPOC chez les femmes. Ceci est prouvé du fait que les voies respiratoires se rétrécissent à cause du tabagisme, l'impact sur les symptômes et la survie est plus important chez les femmes que chez les hommes.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : comment s’est déroulée cette étude scientifique ?
 
Dr Bounhir BOUMEHDI : Cette étude à grande échelle vise à évaluer les effets du tabac grâce à la tomodensitométrie ( TDM). Pour cette étude, les chercheurs ont analysé les données de près de 10 000 participants inscrits à Genetic Epidemiology of COPD (COPDGene).
C’est une étude observationnelle de fumeurs actuels et anciens, ainsi que de non-fumeurs, âgés de 45 à 80 ans dans 21 établissements de santé à travers les États-Unis.
Les chercheurs ont examiné les données des fumeurs actuels et anciens inscrits au COPDGene de janvier 2008 à juin 2011 et les ont suivis jusqu'en novembre 2020.
 
La MPOC a été analysée par scanner pulmonaire ave des mesures de l’épaisseur de la paroi des voies respiratoires, du pourcentage de la surface de la paroi, du diamètre, de la lumière respiratoire, du volume des voies respiratoires, du nombre total de voies respiratoires ainsi que la dimension fractale des voies respiratoires.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : quels sont les principaux résultats de cette étude?
 
Dr Bounhir BOUMEHDI : La première conclusion, Le tabagisme provoque une prévalence plus forte de MPOC chez les femmes.
Comme cela a t il été prouvé ? Chaque mesure des voies respiratoires a été calculée et ajustée en fonction de l'âge, de la taille, de la race, de l'indice de masse corporelle, du nombre de paquets-années de tabagisme, du statut de fumeur actuel et de la capacité pulmonaire totale.
 
Chez 420 non-fumeurs, les tomodensitogrammes (TDM) ont révélé que les hommes avaient des parois des voies respiratoires plus épaisses que les femmes, alors que, après prise en compte de la taille et de la capacité pulmonaire totale, les dimensions de la lumière des voies respiratoires étaient plus faibles chez les femmes que chez les hommes.
 
Chez 9 363 fumeurs actuels et anciens, les hommes avaient une plus grande épaisseur de paroi des voies respiratoires, tandis que les femmes avaient un diamètre plus étroit.

Un changement d'unité dans chacune des mesures des voies respiratoires (mesure de la paroi supérieure ou de la lumière inférieure) a entraîné une fonction pulmonaire plus faible, plus de dyspnée, une qualité de vie respiratoire médiocre, une distance de marche inférieure de six minutes et une survie plus faible chez les femmes par rapport aux hommes.
 
 
 
 
 




Mercredi 24 Aout 2022
Dans la même rubrique :