Impact du conflit au Moyen-Orient sur l'offre mondiale de pétrole

Les trois scénarios de risque perturbateur de la Banque mondiale


Rédigé par Noureddine Batije le Jeudi 2 Novembre 2023

« Bien que l'économie mondiale soit en bien meilleure position que dans les années 1970 pour faire face à un choc pétrolier majeur, une escalade du conflit en cours au Moyen-Orient, qui vient s’ajouter aux bouleversements causés par l'invasion russe de l'Ukraine, risque d'entraîner les marchés mondiaux des matières premières en terrain inconnu », alerte,depuis Washington, un communiqué de presse afférent au dernier rapport Commodity Markets Outlook, tout récemment, publié par la Banque mondiale.



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Un rapport, qui procédant à une première évaluation des conséquences potentielles à court terme du conflit sur les marchés des produits de base, estime les effets sont pour l'instant limités : les cours du pétrole ont augmenté de 6 % environ depuis le début du conflit, tandis que les prix des produits agricoles, de la plupart des métaux et des autres matières premières ont à peine bougé.

Néanmoins, nuance ledit rapport, les perspectives s'assombriraient rapidement si le conflit s'intensifiait.

Aussi, retient-il à ce titre, trois scénarios de risque qu’il décrit ainsi et dont les impacts dépendraient du degré de perturbation des approvisionnements en pétrole :

Selon un scénario de « perturbation limitée », l'offre mondiale de pétrole serait réduite de 500 000 à 2 millions de barils par jour, ce qui équivaut à peu près à la diminution observée lors de la guerre civile en Libye en 2011. Dans ce cas, le prix du pétrole augmenterait dans un premier temps de 3 à 13 % par rapport à la moyenne de référence pour le trimestre actuel, soit un prix du baril compris entre 93 et 102 dollars.
 
Selon un scénario de « perturbation moyenne », correspondant globalement à la guerre d'Irak en 2003, l'offre mondiale de pétrole diminuerait de 3 à 5 millions de barils par jour.
La hausse initiale du prix du pétrole se situerait alors entre 21 et 35 %, portant le baril à une fourchette comprise entre 109 et 121 dollars.

Enfin, selon un scénario de « perturbation majeure » comparable à l'embargo arabe sur le pétrole en 1973, l'offre mondiale de pétrole se réduirait de 6 à 8 millions de barils par jour, provoquant une hausse des prix de 56 à 75 % dans un premier temps, soit un prix compris entre 140 et 157 dollars le baril.

« Le conflit en cours au Moyen-Orient survient après le plus grand choc subi par les marchés des matières premières depuis les années 1970, à savoir la guerre entre la Russie et l'Ukraine, souligne Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale et Premier vice-président pour l’Économie du développement. Cela a eu des effets perturbateurs sur l'économie mondiale qui persistent encore aujourd'hui. Les décideurs politiques devront donc être vigilants. Si le conflit devait s'aggraver, l'économie mondiale serait soumise à un double choc énergétique pour la première fois depuis des décennies, non seulement à cause de la guerre en Ukraine, mais aussi à cause de la situation au Moyen-Orient. »

« La hausse des cours du pétrole, quand elle se maintient, se traduit inévitablement par une augmentation du prix des denrées alimentaires, explique Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale et directeur de la cellule Perspectives. Un choc pétrolier sévère aggraverait l'inflation des prix alimentaires, qui est déjà élevée dans de nombreux pays en développement. Fin 2022, plus de 700 millions de personnes étaient sous-alimentées, soit près d'un dixième de la population mondiale. Une escalade du conflit intensifierait l'insécurité alimentaire, non seulement dans la région, mais aussi dans le monde entier. »




Jeudi 2 Novembre 2023
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