Investir et redistribuer, le Maroc de demain nous regarde


Par Bargach Larbi

Deux approches s'affrontent à l'aube d'un grand chamboulement, attendu et espéré par l'ensemble des Marocains. À l'origine de ces attentes : les slogans percutants, affichés par les manifestants issus de la Génération Z. Si la santé et l'éducation, deux préoccupations majeures du pays, ont crevé l'écran, les investissements en stades de football en prévision de la Coupe du Monde, n'ont pas manqué de susciter des polémiques.



Dans ces approches, une première, fondée sur une logique libérale d'investissement et de croissance, comporte en elle le risque de l'échec et impose une gouvernance stricte basée sur la méritocratie et la performance.

Bargach LARBI
La seconde, portée par les partisans d'une redistribution immédiate des ressources limitées, apporte le confort de l'immobilisme, le risque de la déresponsabilisation et l'absence d'innovation des managers. Ces derniers, défenseurs d'une vision égalitariste, estiment que les effets bénéfiques des investissements à long terme restent hypothétiques (ce n'est pas faux).

Ils n'ont pas attendu l'organisation par le Maroc de la Coupe du Monde pour dénoncer le manque de moyens alloués par l'État à l'éducation et à la santé, mais le timing de ces nouvelles sorties interpelle. Il est très probable qu'ils redoutent que ces grands projets soient perçus comme des succès d'une politique qu'ils ont toujours combattue. En effet, il est de notoriété publique que l'attribution de l'organisation d'une telle compétition oblige, derechef, le pays à moderniser ses infrastructures selon des standards internationaux.

C'est cette contradiction qui, aujourd'hui, pose question.

Un exemple vient à l'esprit : celui du TGV. Ceux qui ont milité et promu l'idée que c'était une erreur économique majeure ne se privent pas de le prendre à Tanger pour aller manifester à Rabat contre son extension.

La lutte idéologique qui a longtemps opposé les partisans du libéralisme pragmatique aux adeptes de l'égalitarisme conservateur oppose aujourd'hui, dans le contexte marocain, les islamistes enclins à dévaloriser tous les succès du pays aux libéraux dont l'arrogance et l'ambition personnelle mettent en danger leurs propres succès.

Les avancées du pays sont visibles et saluées à l'international. Elles ne permettent pas de sortir les plus faibles d'entre nous du marasme de la pauvreté, et c'est malheureusement une tendance forte. Un renversement de tendance s'impose, et vite. Le changement de majorité en 1998 a été à l'origine de l'extraordinaire stabilité politique du pays. Si le Maroc supporte des manifestations de grande envergure sans remise en cause de ses institutions, c'est à cet épisode qu'il le doit.
Le momentum actuel a besoin d'un changement de paradigme économique aussi puissant que celui de l'alternance.

Par Bargach Larbi


Vendredi 10 Octobre 2025

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