Istiqlal 4.0 : des indépendances de nouvelle génération

Par Adnane Benchakroun




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À la veille de chaque congrès du parti de l'Istiqlal, je suis systématiquement interpellé par des amis(e)s sur la pertinence de garder la dénomination "Istiqlal" comme nom du parti.

La raison essentielle de leur argumentaire amical : "Istiqlal" veut dire "Indépendance" et le Maroc est indépendant depuis longtemps et qu'il est temps de changer de chapitre politique et de l'incarner par une autre dénomination plus émergente !

Certes, le sujet n'est pas un tabou, il a été encore une fois l'objet de débat dans les commissions préparatoires du 18éme congrès et j'avoue avoir changé d'avis, car il fut un temps ou, bien que minoritaire, je défendais cette idée d'abandonner "Istiqlal' pour "Al Mizane".

Dans le débat sur le sujet, des idées contre des arguments, il s'est forgé une convergence essentielle celle de la notion de durabilité que porte le nom "Istiqlal".

Il ne s'agit plus d'indépendance vis à vis de pays colonisateurs (France et Espagne) mais de liberté des Marocains contre la pauvreté et le sous-développement et à plus de souveraineté : alimentaire, énergétique, industrielle, etc.  

Le Maroc d'aujourd'hui est appelé à conquérir des indépendances de nouvelle génération

Au-delà de sa première cause nationale celle de la récupération légitime de ses provinces du sud, de ses souverainetés militaires, sécuritaires, diplomatiques et religieuses sous le leadership éclairé de SM le Roi.

Pour le Maroc contemporain, les défis sont radicalement différents de ceux auxquels il était confronté dans le passé. Alors que l'indépendance face aux puissances colonisatrices, la France et l'Espagne, a été un jalon historique majeur du milieu du XXe siècle, le pays se trouve aujourd'hui face à des défis internes non moins cruciaux : la lutte contre la pauvreté, le sous-développement, et l'affirmation de sa souveraineté dans des domaines clés tels que l'alimentation, l'énergie et l'industrie.

Il reste à s'Istiqlaliser et à se libérer de la pauvreté et du sous-développement pour viser l'émergence.

La pauvreté et le sous-développement sont deux des obstacles majeurs que le Maroc doit surmonter pour garantir un avenir prospère à sa population. Malgré des progrès significatifs dans la réduction de la pauvreté, une portion substantielle de la population marocaine reste vulnérable aux fluctuations économiques, avec des disparités régionales marquées. Le développement d'une économie plus inclusive et diversifiée est essentiel. Cela implique des investissements massifs dans l'éducation et la formation professionnelle, pour équiper la jeunesse marocaine des compétences nécessaires à une économie mondialisée.

Pour les souverainetés alimentaire, énergetique et industrielle du pays, Il reste aussi à s'Istiqlaliser et à se libérer le plus possible de l'importation.

La souveraineté alimentaire est une priorité, étant donné la dépendance historique du Maroc aux importations pour des denrées de base comme le blé. Renforcer l'autosuffisance alimentaire du Maroc passe par une révolution agricole qui allie modernisation de l'agriculture et soutien aux petits exploitants, pilier de l'économie rurale. La transition vers des pratiques agricoles durables et résilientes face au changement climatique est également impérative.

Le Maroc, précurseur dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique avec des projets comme la centrale solaire de Noor, doit continuer à développer sa capacité de production énergétique indépendante. L'objectif est de réduire la dépendance aux énergies fossiles importées, coûteuses et polluantes, en faveur d'une approche plus verte et durable. Cela pourrait non seulement satisfaire les besoins domestiques mais aussi positionner le Maroc comme un exportateur d'énergie propre dans la région.

Le développement industriel est crucial pour la création d'emplois et l'accroissement de la richesse nationale. Le Maroc a déjà fait des progrès en attirant des investissements étrangers dans des secteurs comme l'automobile et l'aéronautique. Cependant, pour vraiment renforcer sa souveraineté industrielle, il doit favoriser l'émergence d'entreprises locales fortes et encourager l'innovation et la recherche-développement.

En résumé, si l'indépendance vis-à-vis des colonisateurs a été un premier pas vers la liberté, le Maroc d'aujourd'hui est appelé à conquérir une indépendance de nouvelle génération : celle qui le libère de la pauvreté, du sous-développement et qui renforce sa souveraineté dans les domaines alimentaire, énergétique et industriel. C'est par ces batailles que le Maroc pourra assurer un développement durable et équitable pour tous ses citoyens.

La messe est dite, on garde le nom de l'Istiqlal et le combat du développement continue.



Dimanche 21 Avril 2024

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