Cette décision, jugée arbitraire et inacceptable, constitue selon elles une grave régression des libertés et une attaque directe contre les droits des femmes et les acquis démocratiques durement acquis.
Créée en 1989, l’ATFD est une organisation historique et pionnière du mouvement féministe maghrébin, qui œuvre depuis plus de trois décennies pour l’égalité, la démocratie et la protection des femmes dans toute la région. La suspension de ses activités met en péril, entre autres, quatre centres d’accueil pour femmes victimes de violence, alors que la Tunisie connaît une recrudescence préoccupante des violences à l’égard des femmes.
Selon Raja Dahmani, présidente de l’ATFD, la décision a été prise sans avertissement préalable, suite à des demandes répétées de présenter des documents administratifs déjà fournis par l’association en novembre 2024. La secrétaire générale, Hala Ben Salem, a confirmé que tous les rapports financiers et administratifs sont conformes à la loi et publiés en toute transparence. Elle a également dénoncé le caractère politique de cette mesure, visant selon elle à museler les voix féministes et la société civile indépendante.
Dans un communiqué, l’ADFM et les organisations marocaines signataires appellent :
Les autorités tunisiennes à lever immédiatement la suspension de l’ATFD et à garantir la liberté d’association et d’expression ;
Les organisations féministes et de droits humains à se mobiliser pour soutenir les femmes tunisiennes et défendre l’indépendance du mouvement civil ;
Les institutions régionales et internationales à exercer une pression pour le respect des engagements internationaux de la Tunisie en matière de libertés fondamentales et d’égalité de genre.
Pour les organisations marocaines, toute atteinte à l’ATFD constitue une attaque contre l’ensemble du mouvement des femmes et des droits de l’Homme au Maghreb, rappelant que la voix de l’association est indispensable à la vie démocratique et à l’émancipation des femmes.