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Par Abdelghani El Arrasse
L’industrie sidérurgique marocaine occupe une place de plus en plus stratégique dans le paysage industriel national. Portée par ses infrastructures solides, son orientation vers un modèle durable et son ambition croissante dans l’industrie automobile, elle est à l’aube d’un tournant majeur, où le défi de l’autonomie en acier pour l’automobile se pose avec acuité.
1. Production et Capacités : Un Socle Solide
Le Maroc dispose d’une capacité de production sidérurgique installée de 5,5 millions de tonnes en laminage et 2,8 millions de tonnes en aciérie. Des acteurs majeurs y opèrent : Sonasid, leader des aciers longs, avec 1,1 million de tonnes et une forte orientation vers l’acier vert, alimenté à plus de 90 % par des énergies renouvelables (solaire, éolien) ; Maghreb Steel, seul producteur d’aciers plats au Maroc, qui a vendu 547 264 tonnes en 2023 et développe des aciers "Made in Morocco" pour l’automobile ; RIVA Industries, à Jorf Lasfar, avec 1,4 million de tonnes de capacité.
En avril 2025, la production d’acier brut a atteint 130 000 tonnes, en hausse de 13 % par rapport à avril 2024. Sur les quatre premiers mois de 2025, la croissance s’établit à 4,3 %.
2. Recyclage et Acier Vert : Un Modèle Pionnier
Contrairement à de nombreux pays producteurs, le Maroc base sa production d’acier sur le recyclage de la ferraille, se positionnant comme un acteur de l’acier vert en Afrique. Sonasid vise une réduction de ses émissions de CO₂ à 300 kg par tonne d’acier d’ici 2026, et explore l’hydrogène comme alternative énergétique. Ce modèle circulaire pourrait être étendu à l’automobile, en intégrant le recyclage des véhicules en fin de vie, renforçant ainsi l’autonomie locale et la durabilité.
L’Industrie Automobile : Un Catalyseur d’Innovation
Avec l’essor de l’industrie automobile, y compris les projets dans le véhicule électrique, l’acier prend une nouvelle dimension stratégique : le secteur automobile marocain requiert des aciers spécifiques : AHSS/UHSS (aciers à haute résistance) pour la sécurité et l’allègement, aciers faiblement carbonés pour la formabilité, et aciers galvanisés ou revêtus pour la protection contre la corrosion. Produire ces aciers localement implique des investissements importants en technologies avancées, R&D, et en formation.
Défis et Enjeux Stratégiques
Bien que le Maroc dispose d’un socle solide, l’autosuffisance complète en aciers pour l’automobile est complexe à atteindre. Les alliages spécifiques et certains additifs devront continuer à être importés. La qualité et disponibilité de la ferraille locale doivent être surveillées. Produire localement tous les aciers nécessaires pourrait être plus coûteux que l’importation, notamment face aux surcapacités mondiales et à la volatilité des prix. Assurer les volumes requis et la régularité des approvisionnements pour l’automobile demande une planification logistique rigoureuse et des partenariats stratégiques.
Vers une Autonomie Stratégique et Durable
Plutôt qu’une autosuffisance totale, le Maroc peut viser une autonomie stratégique, fondée sur : le renforcement ciblé des capacités de production d’aciers spécialisés (AHSS, aciers revêtus), essentiels à l’industrie automobile ; la maîtrise accrue de la chaîne de valeur : traitement thermique, formage, assemblage, pour maximiser la valeur ajoutée locale ; l’extension du recyclage, en intégrant la filière des véhicules en fin de vie ; la coopération régionale et mondiale, en développant des partenariats avec des leaders technologiques et en sécurisant les flux d’importation des aciers non produits localement.
Entre Opportunités et Contexte Mondial
L’industrie sidérurgique marocaine devra composer avec une montée des surcapacités mondiales dans l’acier, notamment dans l’OCDE, qui pourrait peser sur les prix et les marges. Un contexte propice à la décarbonation, avec des ambitions nationales et mondiales fortes en matière de neutralité carbone. Une dynamique d’innovation, où l’acier vert, les nouvelles technologies et les partenariats internationaux seront des leviers de compétitivité et de durabilité.
Un Virage Stratégique et Durable pour le Maroc
L’industrie sidérurgique marocaine se situe à l’intersection du développement durable, de l’innovation et des ambitions industrielles nationales. Un socle solide de production et une orientation vers un modèle circulaire et bas carbone ; des perspectives prometteuses avec le développement de l’industrie automobile, y compris les véhicules électriques ; un défi technologique et économique : produire localement les aciers spécialisés et de haute qualité nécessaires à cette industrie ; une opportunité pour le Maroc de s’imposer comme un acteur résilient et compétitif, au cœur des chaînes de valeur mondiales.
La question n’est pas de savoir si le Maroc peut atteindre l’autonomie totale en acier pour l’automobile, mais comment il peut construire une autonomie stratégique, durable et innovante, en renforçant ses atouts et en relevant les défis de demain.
Le Maroc est-il prêt à investir massivement et à innover pour devenir un hub régional et un acteur majeur de l’acier et de l’automobile durables ?
Rédigé par Abdelghani El Arrasse
1. Production et Capacités : Un Socle Solide
Le Maroc dispose d’une capacité de production sidérurgique installée de 5,5 millions de tonnes en laminage et 2,8 millions de tonnes en aciérie. Des acteurs majeurs y opèrent : Sonasid, leader des aciers longs, avec 1,1 million de tonnes et une forte orientation vers l’acier vert, alimenté à plus de 90 % par des énergies renouvelables (solaire, éolien) ; Maghreb Steel, seul producteur d’aciers plats au Maroc, qui a vendu 547 264 tonnes en 2023 et développe des aciers "Made in Morocco" pour l’automobile ; RIVA Industries, à Jorf Lasfar, avec 1,4 million de tonnes de capacité.
En avril 2025, la production d’acier brut a atteint 130 000 tonnes, en hausse de 13 % par rapport à avril 2024. Sur les quatre premiers mois de 2025, la croissance s’établit à 4,3 %.
2. Recyclage et Acier Vert : Un Modèle Pionnier
Contrairement à de nombreux pays producteurs, le Maroc base sa production d’acier sur le recyclage de la ferraille, se positionnant comme un acteur de l’acier vert en Afrique. Sonasid vise une réduction de ses émissions de CO₂ à 300 kg par tonne d’acier d’ici 2026, et explore l’hydrogène comme alternative énergétique. Ce modèle circulaire pourrait être étendu à l’automobile, en intégrant le recyclage des véhicules en fin de vie, renforçant ainsi l’autonomie locale et la durabilité.
L’Industrie Automobile : Un Catalyseur d’Innovation
Avec l’essor de l’industrie automobile, y compris les projets dans le véhicule électrique, l’acier prend une nouvelle dimension stratégique : le secteur automobile marocain requiert des aciers spécifiques : AHSS/UHSS (aciers à haute résistance) pour la sécurité et l’allègement, aciers faiblement carbonés pour la formabilité, et aciers galvanisés ou revêtus pour la protection contre la corrosion. Produire ces aciers localement implique des investissements importants en technologies avancées, R&D, et en formation.
Défis et Enjeux Stratégiques
Bien que le Maroc dispose d’un socle solide, l’autosuffisance complète en aciers pour l’automobile est complexe à atteindre. Les alliages spécifiques et certains additifs devront continuer à être importés. La qualité et disponibilité de la ferraille locale doivent être surveillées. Produire localement tous les aciers nécessaires pourrait être plus coûteux que l’importation, notamment face aux surcapacités mondiales et à la volatilité des prix. Assurer les volumes requis et la régularité des approvisionnements pour l’automobile demande une planification logistique rigoureuse et des partenariats stratégiques.
Vers une Autonomie Stratégique et Durable
Plutôt qu’une autosuffisance totale, le Maroc peut viser une autonomie stratégique, fondée sur : le renforcement ciblé des capacités de production d’aciers spécialisés (AHSS, aciers revêtus), essentiels à l’industrie automobile ; la maîtrise accrue de la chaîne de valeur : traitement thermique, formage, assemblage, pour maximiser la valeur ajoutée locale ; l’extension du recyclage, en intégrant la filière des véhicules en fin de vie ; la coopération régionale et mondiale, en développant des partenariats avec des leaders technologiques et en sécurisant les flux d’importation des aciers non produits localement.
Entre Opportunités et Contexte Mondial
L’industrie sidérurgique marocaine devra composer avec une montée des surcapacités mondiales dans l’acier, notamment dans l’OCDE, qui pourrait peser sur les prix et les marges. Un contexte propice à la décarbonation, avec des ambitions nationales et mondiales fortes en matière de neutralité carbone. Une dynamique d’innovation, où l’acier vert, les nouvelles technologies et les partenariats internationaux seront des leviers de compétitivité et de durabilité.
Un Virage Stratégique et Durable pour le Maroc
L’industrie sidérurgique marocaine se situe à l’intersection du développement durable, de l’innovation et des ambitions industrielles nationales. Un socle solide de production et une orientation vers un modèle circulaire et bas carbone ; des perspectives prometteuses avec le développement de l’industrie automobile, y compris les véhicules électriques ; un défi technologique et économique : produire localement les aciers spécialisés et de haute qualité nécessaires à cette industrie ; une opportunité pour le Maroc de s’imposer comme un acteur résilient et compétitif, au cœur des chaînes de valeur mondiales.
La question n’est pas de savoir si le Maroc peut atteindre l’autonomie totale en acier pour l’automobile, mais comment il peut construire une autonomie stratégique, durable et innovante, en renforçant ses atouts et en relevant les défis de demain.
Le Maroc est-il prêt à investir massivement et à innover pour devenir un hub régional et un acteur majeur de l’acier et de l’automobile durables ?
Rédigé par Abdelghani El Arrasse