L’Intelligence Artificielle, l’écriture et la légitimité du savoir : réflexions à partir d’un échange


Par Dr Az-Eddine Bennani

Il m’est arrivé récemment d’avoir un échange où il a été question de mon dernier livre, de l’usage de l’intelligence artificielle et du risque de plagiat. Cet échange, direct, parfois tendu, révèle quelque chose d’important dans notre époque : la difficulté à reconnaître la longueur du travail humain, l’épaisseur de la trajectoire, la mémoire des savoirs construits bien avant l’apparition des outils d’IA générative.

Depuis l’arrivée des modèles génératifs en novembre 2022, une question revient : « Ce texte a-t-il été écrit par une machine ? » Cette question est légitime. Mais elle devient injuste lorsqu’on oublie que l’IA ne produit pas : elle recompose. L’IA peut être un stylet, jamais la main. Un outil, jamais l’intention. Un support, jamais la pensée.



Pour moi, l’IA est un qalam : un instrument. La pensée, elle, vient du chemin, du vécu, de l’étude et de l’engagement.

Si j’écris aujourd’hui, ce n’est pas à partir d’une machine, mais à partir de quarante-cinq ans de recherche, de pratique et de transmission.

Parcours académique :

- Doctorat en économie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (1998).
- HDR en sciences de gestion, Université Toulouse Capitole (2005).
- MBA aux États-Unis.
- Maîtrise, DEA et spécialisation en informatique et IA à Paris dès les années 1980.

Parcours professionnel :

- 15 ans chez Hewlett-Packard : ingénierie, systèmes d’information, transformation numérique.
- Création en 1994 à Paris d’un cabinet de conseil en stratégie et numérique, accompagnant organisations et institutions en France et au Maroc.

Publications :

- Livre « Le Phénomène Numérique » (2011, FR) puis en anglais (2013).
- Articles, conférences, enseignements en écoles d’ingénieurs, business schools et universités.

Ce travail est antérieur à ChatGPT. On peut copier un paragraphe. On ne peut pas copier une vie.

Oui, j’utilise l’IA, comme on utilise un correcteur, un dictionnaire ou un logiciel de mise en forme.

L’IA aide à clarifier, à structurer, à ajuster. Mais l’idée, la cohérence, la vision, les cadres théoriques proviennent de l’expérience, de la recherche et de la responsabilité.
L’enjeu n’est pas de vérifier si une phrase a été assistée. L’enjeu est de savoir : qui pense ? Qui porte l’intention ? Qui assume ce qui est écrit ? Et pourquoi ?

Je suis fils de Maâlam. On m’a appris que la valeur se construit dans la patience, le geste, la fidélité au travail. La souveraineté n’est pas seulement technologique : elle est cognitive, culturelle et humaine.
L’IA peut écrire des phrases. Elle ne peut pas écrire une destinée.

Et ce que j’écris, je l’écris depuis une vie entière d’engagement, de transmission et de confiance en l’avenir du pays.

Par Dr Az-Eddine Bennani


Mardi 11 Novembre 2025

Dans la même rubrique :