L’Oncle Sam, du Far West au Bloc Ouest




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De la fin de la Seconde Guerre mondiale au 11 septembre 2001, on dénombre environ 250 conflits armés survenus dans 153 régions du monde ; plus de 200 ont été déclenchés par les Etats-Unis, ou les ont impliqués. Puis il y a eu l’Irak, l’Afghanistan, la Syrie, un peu la Libye et, bien évidemment l’Ukraine, une guerre résolument américaine comme on le dit de plus en plus souvent. Les GI sont partout dans le monde, les milliards de dollars pleuvent, les cadavres s’amoncellent et les hécatombes se multiplient. Mais l’Oncle Sam, les mains ayant viré au rouge sang et les poches emplies de dollars, continue de distiller les leçons de conscience et les conseils de bonne gouvernance avec, souvent un zeste de perfidie.
 

Les Etats-Unis ne connaissent ni amis ni ennemis, seul le dollar compte et seule la puissance prime. Humilier gravement leur « amie » la France dans l’affaire des sous-marins australiens ne leur pose aucun problème et plonger l’Europe dans une guerre de très haute intensité ne les gêne aucunement, tant que les montagnes de dollars s’empilent. Philanthropes jusqu’au bout de leurs flingues, les Américains ne disent-ils pas qu’ils défendront l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien ?
 

L’Américain vous fera un beau sourire d’Hollywood, vous braquera un pistolet à la figure comme au bon vieux temps du Far West et, au besoin, vous appliquera sa justice à l’ouest du Pecos. Grattez un peu la carapace de Joe Biden et vous trouverez Jesse James, celle d’Antony Blinken et vous découvrirez Pat Poker, ou encore celle d’Hillary Clinton et vous verrez Calamity Jane. Pour Donald Trump, pas besoin de gratter, Hulk est visible à l’œil nu. Avec les Américains, vous aurez invariablement le Bon, la Brute et le Truand qui se partagent les rôles mais derrière, il y aura toujours le 20ème de cavalerie.
 

Et puis, avec le temps, l’habitude s’installant et après avoir tué tant de monde (en interne et à l’international), les Américains ont appris à tuer le temps en exerçant leur domination, sous une forme ou sous une autre. Annihiler les ennemis et abaisser les amis est devenu une seconde nature, pour dominer tout le monde.
 

Dominer et prédominer…  Tenez, avec le Maroc, par exemple. Récemment, « Nasser » et « Tony » ont conversé au téléphone. Compte-rendu du Département d’Etat : « Le secrétaire Blinken a affirmé le soutien total des États-Unis à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, alors qu'il intensifie le processus de l'ONU sur le Sahara occidental vers une solution politique durable et digne pour le peuple du Sahara occidental et de la région ». En plus de ne pas mentionner le plan d’autonomie, l’expression « solution politique durable et digne » est inédite ; même les Algériens n’avaient jamais osé le « digne » ! La fourberie, ou la désinvolture, s’est prolongée et confirmée quand le porte-parole du Département d’Etat a récidivé en reprenant le...
 

lendemain la même expression, exactement la même, en ajoutant un petit quelque chose sur le plan d’autonomie, avec une petite touche de méchanceté quand il précise : « l'une des nombreuses approches potentielles pour répondre aux aspirations du peuple du Sahara Occidental ».
 

Et pourtant, l’administration Biden n’a pas annulé la reconnaissance de la marocanité des provinces du sud marocain et ne fera pas ; elle chante et loue à qui veut l’entendre le rôle du royaume dans la paix régionale et elle lance l’imposant exercice « African Lion », comme chaque année depuis longtemps. Washington connaît ses limites, même avec un petit pays comme le Maroc. Revenir sur cette reconnaissance, 30 mois après, serait un acte inamical et résolument hostile envers un allié, et l’Amérique y perdrait cet allié en même temps que sa crédibilité. La Grande Amérique, si grande soit-elle, ne le peut se permettre.
 

Alors pourquoi M. Blinken distille-t-il ainsi son venin ? Juste comme ça, gratuitement, pour rappeler qui est le chef, qui est le plus fort et pour que jamais personne au Maroc n’oublie que la raison du plus fort est toujours la meilleure. Qu’ils se rassurent, nos Yankees, le Maroc n’oublie pas.
 

Les droits de l’Homme maintenant… Le Département d’Etat publie chaque année un rapport sur l’état des droits humains dans le monde. L’hôpital qui se fout de la charité, pourrait-on observer. Exemple, la population carcérale aux Etats-Unis, 2 145 000 individus (exactement la population de Paris intramuros), soit 670 pour 100 000 habitants, record mondial absolu. Les Afro-Américains représentent 13% de la population pour 40% des prisonniers. Il est connu qu’un policier US raciste (et Dieu sait qu’il y en a !) a la gâchette aussi facile que Joe Dalton et juste un peu plus de neurones qu’Averell quand il avise un Noir, mais le Département d’Etat n’en parle pas.
 

Et la bombe, les bombes atomiques de 1945, parfaitement inutiles, sauf pour tester leurs effets sur les « Japs ». Et le napalm au Vietnam, et les 40 Kg en moyenne de bombes larguées chaque jour depuis 1945, un peu partout sur la planète… liste non exhaustive.
 

Aujourd’hui, être titulaire d’un passeport américain assure, comme on s’en gargarise, la protection de toutes les forces US, à la manière Far West. C’est tant mieux car être Américain n’incite pas spécialement à la confiance, au vu u très lourd contentieux des Etats-Unis avec le monde ! Et c’est bien regrettable quand on sait l’apport des Etats-Unis à la science, la technologie, le way of life universel, le jazz, le blues, la country, Bruce Springsteen et Neil Armstrong, Apple et Bill Gates…
 

Mais aujourd’hui, avec la Chine qui émerge et le Nouveau Sud qui surgit, le piège de Thucydide se referme sur Washington et la pousse à des extrêmes de plus en plus sordides. Le Maroc ne l’oublie pas, les autres aussi, tout le monde fait avec.
 

Aziz Boucetta sur panorapost.com/



Dimanche 28 Mai 2023

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