L’affaire de l’accouchement dans un tramway à Rabat !


Rédigé par La rédaction le Dimanche 23 Novembre 2025



Entre la version des réseaux sociaux et le récit officiel du ministère : l’opinion publique déboussolée

L’affaire de l’accouchement dans un tramway à Rabat illustre une fois de plus la fracture entre la vérité instantanée des réseaux sociaux et celle, plus froide et institutionnelle, du ministère de la Santé. Pendant que les plateformes s’enflammaient autour d’un supposé refus de soins à l’hôpital Moulay Abdallah, l’enquête officielle affirme qu’aucune trace du passage de la patiente n’a été retrouvée. Deux récits qui s’entrechoquent et laissent l’opinion sans repères.

Tout est parti d’un drame : une femme enceinte prise de contractions dans une rame de tramway, un accouchement en urgence, et un nouveau-né qui n’a pas survécu malgré une prise en charge rapide. Sur les réseaux, des témoignages et vidéos ont accusé l’hôpital Moulay Abdallah d’avoir refusé d’admettre la patiente, faute de gynécologue disponible. Le député PJD Abdellah Bouanou a même interpellé le ministre de la Santé, évoquant un renvoi de la future mère vers l’hôpital Moulay Youssef – renvoi qui aurait provoqué l’accouchement in extremis dans le tramway.

Face à ce récit viral, le ministère de la Santé a opposé un démenti catégorique. Dans une mise au point officielle, la direction de l’hôpital Moulay Abdallah assure qu’aucun passage de la patiente n’a été enregistré, que ce soit dans les registres d’accueil, les caméras ou les témoignages du personnel. Aucune équipe de garde n’aurait eu de contact, direct ou indirect, avec la femme en question.

Pour dissiper les zones d’ombre, une enquête interne a été déclenchée aussitôt l’incident connu. Registres passés au crible, vidéos de surveillance analysées, agents interrogés… Cette vérification minutieuse converge vers une même conclusion : la patiente n’a jamais franchi les portes de l’hôpital Moulay Abdallah. Selon le ministère, le travail d’accouchement aurait commencé directement dans la rame du tramway, où une hémorragie sévère s’est déclarée.

Les équipes de la Protection Civile ont été dépêchées pour stabiliser la jeune femme, avant son transfert vers la maternité Souissi, réputée pour la prise en charge des cas obstétriques à risque. Malgré l’intervention médicale, le nourrisson a été déclaré en état de mort fœtale.

Un dénouement tragique confirmé par les autorités sanitaires.

Le ministère ajoute un élément passé sous silence dans la version relayée en ligne : la patiente souffrait de troubles psychiatriques, connus des services médicaux. Après son passage à Souissi, elle a été prise en charge à l’hôpital Arrazi, spécialisé en santé mentale.

Dans son communiqué, le ministère insiste sur sa volonté de transparence et exprime sa « profonde tristesse » face à cet épisode douloureux, adressant ses condoléances à la famille. Il appelle également à éviter la « propagation de données erronées », rappelant que seule une information vérifiée peut éviter les emballements et les accusations infondées.

Cette affaire montre à quel point la circulation de l’information s’est complexifiée. Entre la version émotionnelle, immédiate et fragmentaire véhiculée par les réseaux sociaux, et le récit institutionnel, méthodique mais souvent perçu comme défensif, le public navigue entre suspicion et confusion. La vérité, désormais, se retrouve au cœur d’un bras de fer permanent.




Dimanche 23 Novembre 2025
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