L’incassable plafond de verre : inégalités professionnelles


Rédigé par le Vendredi 28 Avril 2023

Bien que le Maroc ait ratifié les principales conventions internationales qui visent à lutter contre les discriminations envers les femmes et à promouvoir l'égalité des chances, la réalité sur le terrain diffère largement de ce qui est énoncé sur le papier. Bien que la Constitution de 2011 garantisse l'égalité entre les sexes dans les domaines économique, politique, social, culturel et environnemental, cette égalité n'est pas encore pleinement appliquée.
"Malgré les dispositions du Code du travail interdisant toute forme de discrimination salariale fondée sur le genre, les écarts de rémunération entre hommes et femmes persistent. Cette situation demeure d'actualité.



Le constat universel est que les femmes tendent à occuper des postes peu rémunérés et peu valorisés socialement, et qu'elles sont souvent payées moins que les hommes pour des fonctions similaires. En effet, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a souligné dans un rapport de 2022 l'existence de fortes inégalités salariales.

D'après l'organisme en question, dans pratiquement toutes les branches économiques, il existe un écart de rémunération significatif en défaveur des femmes, qui est en moyenne d'environ 30%. Cependant, dans le secteur industriel, cet écart est encore plus important, avec un indice de disparité salariale de 2,4.

Les conclusions du dernier rapport du World Inequality Lab, un laboratoire sur les inégalités mondiales, sont similaires. Selon ce rapport récent, l'écart de revenus entre les femmes et les hommes a légèrement diminué mais demeure très important. En 1990, la part des revenus du travail perçue par les femmes était d'environ 30%, tandis qu'aujourd'hui elle est inférieure à 35%. Cette situation ne peut être justifiée par aucun argument valide.
Un récent rapport du Conseil économique et social (CSE) consacré aux ‘’ discriminations à l’égard des femmes dans la vie économique’’ fait état d’une situation dramatique : « L’emploi précoce (avant l’âge de 15 ans) concerne 73,2% des femmes actives rurales (contre 11,9% des citadines et 59,8% des hommes en milieu rural). Cet indicateur doit nous interpeler à plusieurs titres : d’abord il prive les filles de leur droit d’accès à l’éducation et à la formation et représente une violation du droit de l’enfant. »

Le syndrome de l’imposteur

Bien que le Code du travail stipule l'égalité salariale indépendamment du genre, la réalité demeure que les femmes et les hommes ne sont pas traités sur un pied d'égalité en termes d'accès à l'emploi. Les inégalités salariales se présentent clairement comme étant au cœur des inégalités de genre sur le marché du travail. En effet, elles représentent l'indicateur final et global des inégalités de genre qui façonnent le marché du travail.

Le syndrome de l'imposteur affecte les femmes, qui ont tendance à négocier moins leur salaire et à ne pas se sentir légitimes pour demander une augmentation de salaire si elle n'est pas accompagnée d'une valeur ajoutée.

Ce n'est pas tout, car un autre facteur majeur expliquant ces inégalités est la conciliation entre le travail et la vie de famille. Les femmes sont souvent confrontées à cette difficulté et sont plus susceptibles d'interrompre ou de réduire leur activité professionnelle pour prendre soin de leurs enfants.

Pourtant, ce n'est pas la double charge qui entrave la progression de carrière des femmes, mais plutôt le monde professionnel, la société et la législation qui les pénalisent. Plusieurs mesures peuvent être mises en place pour réduire les disparités entre femmes et hommes, notamment l'adoption de lois garantissant l'égalité des droits des femmes en tant que parent, au même titre que les pères.

En somme, il est nécessaire d'apporter des changements réglementaires significatifs. Par exemple, la Constitution de 2011 prévoyait la création d'un comité de parité et de lutte contre la discrimination, qui n'a toujours pas été mis en place. De plus, il est urgent de procéder à de nombreux changements dans le Code de la famille, tels que le droit de garde, la protection sociale des enfants, les indemnités versées uniquement aux pères, etc.

Il est crucial de s'assurer que les hommes et les femmes ont un accès équitable aux postes de responsabilité afin de favoriser une économie florissante, comme l'ont montré de nombreuses études. Il est donc primordial d'encourager un taux d'activité plus élevé chez les femmes.

Salma LABTAR




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 28 Avril 2023
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