L'intelligence artificielle dans l'arbitrage sportif : entre précision et défis


Rédigé par le Mercredi 25 Juin 2025

Quand la technologie s’invite sur le terrain, le jeu change. Mais que gagne-t-on vraiment ?



Les cris des supporters, les gestes rapides des joueurs, et… une machine qui dit s’il y a but ou hors-jeu. Dans les stades modernes, l’intelligence artificielle (IA) s’impose comme une assistante silencieuse mais décisive dans les décisions d’arbitrage.
Mais cette nouvelle alliée est-elle une garantie d’équité ? Ou un mirage technologique qui soulève plus de questions qu’elle n’en résout ?

Qui est concerné ?

Tous les acteurs du sport : arbitres, fédérations, spectateurs, médias, et bien sûr les joueurs. Car une mauvaise décision arbitrale peut changer le cours d’un match… et d’une carrière.

Ce que fait réellement l’IA sur le terrain

Depuis une vingtaine d’années, les outils d’arbitrage assistés par la technologie se sont multipliés. En tennis, Hawk-Eye permet de revoir avec une précision millimétrée si la balle touche la ligne. En football, la VAR et la technologie du hors-jeu semi-automatique (SAOT) analysent en temps réel les actions les plus disputées. En gymnastique, l’analyse 3D des mouvements permet de noter plus objectivement. Même en boxe, des algorithmes comme DeepStrike détectent des comportements à la limite du règlement.
Le but est clair : réduire l’erreur humaine, objectiver les décisions, renforcer la confiance.

Ces technologies se sont imposées dans toutes les grandes compétitions : Jeux Olympiques, Coupe du monde, Grands Chelems… Et leur adoption s’accélère : dès 2025, la Premier League anglaise adopte officiellement la SAOT, promettant une réduction des délais de décision à quelques secondes.

L’IA collecte des données via des caméras, des capteurs ou des radars. Elle les analyse en temps réel et fournit aux arbitres des recommandations. Elle peut mesurer la position d’un joueur 500 fois par seconde, ou simuler la trajectoire d’une balle en 3D.
Résultat : une précision sans précédent. Mais cette précision a un coût : celui de la confiance aveugle dans la machine.

L’IA reste un outil programmé par des humains. Les erreurs techniques existent. En 2020, un but valide a été refusé en Premier League… à cause d’un bug. Et en 2022, un but annulé au centimètre près lors du match Qatar–Équateur a provoqué une vague de critiques sur le "zèle algorithmique".

De plus, certaines décisions ne relèvent pas de la science, mais de l’interprétation : l’intention d’une main, la violence d’un tacle, la pression d’un contexte. Et là, la machine ne sait pas encore juger.

Vers un arbitrage hybride

L’IA dans le sport n’est pas une menace, mais un outil. Un co-arbitre numérique, capable de guider, corriger, mais pas de remplacer.
Le modèle vers lequel on tend est hybride : la technologie pour les faits, l’humain pour le sens. Et c’est peut-être là que se trouve la vraie justice sportive : dans l’équilibre entre la rigueur des chiffres et la sagesse du regard humain.
 




Journaliste à L'odj Media En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 25 Juin 2025
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