La 5G : ​Le cerveau humain exposé aux ondes : que sait-on scientifiquement ?

Il y a bien des théories répandues mais à l’épreuve des données


Depuis quelques années, l’arrivée de la 5G suscite une vague de contestation : certaines voix avancent que le cerveau humain ne supporterait pas des ondes « discontinues » ou de très haute fréquence, comme celles utilisées par la 5G. Il est temps d’examiner cette affirmation sous la loupe de la science.



Qu’entend-on par « ondes en continu » vs « ondes en discontinu » ?

L’idée sous-jacente est que l’organisme serait « habitué » à une exposition stable, continue, et non à des signaux hachés, pulsés, ou alternant, ou encore à des fréquences très élevées.

Techniquement : « Continu » pourrait signifier un champ électromagnétique ou radiofréquence (RF) de type sinusoïdal, stable dans le temps. « Discontinu » pourrait faire référence à un champ pulsé, modulé, ou des fréquences très élevées (ondes millimétriques, etc.).

Les affirmations des détracteurs tendent à dire que cette discontinuité ou haute fréquence perturberait le cerveau, le système nerveux ou les mécanismes biologiques.

Que montrent les études ? Voici ce que la littérature scientifique révèle :

1. Le consensus global sur les technologies mobiles (2G/3G/4G/5G)

L’International Telecommunication Union (ITU) rappelle qu’« il n’existe pas de preuve que les champs électromagnétiques des réseaux mobiles existants (2G, 3G, 4G) posent un risque pour la santé humaine lorsqu’ils sont en dessous des niveaux réglementaires d’exposition ». 

Une revue récente conclut pour la 5G : « aucune preuve confirmée que des RF de faible niveau (>6 GHz) telles que celles utilisées par la 5G soient dangereuses pour la santé humaine. » 

Cela ne signifie pas un « zéro risque » absolu — les chercheurs appellent à poursuivre les études — mais un faible niveau de preuve d’effets nocifs avérés.

2. Le cas de la modulation ou de la discontinuité des ondes

Concernant spécifiquement la question « continu vs discontinu », l’International Commission on Non‑Ionizing Radiation Protection (ICNIRP) indique que : « les preuves ne permettent pas de différencier entre les effets biologiques des EMF (champs électromagnétiques) continus (par exemple sinusoïdaux) et discontinus (par exemple pulsés) ». 

Autrement dit : pour le moment, aucun signal scientifique clair ne montre que l’exposition « pulsée » pose un risque supérieur à une exposition « stable ».

3. Les fréquences très élevées (ondes millimétriques)

Une partie du débat se concentre sur l’usage futur de bandes très hautes fréquences (30-300 GHz) dans la 5G. La pénétration de ces ondes dans les tissus est très faible (elles restent superficielles). Une revue-synthèse précise : « les effets biologiques signalés n’ont pas été confirmés de façon fiable, beaucoup d’études souffrent de qualité limitée, et l’effet de chauffage reste le mécanisme principal connu pour les RF. » 

Donc, la théorie selon laquelle ces hautes fréquences entraîneraient automatiquement des effets sur le cerveau reste non validée.

Où se situent les zones d’ombre ?

Plusieurs revues indiquent que la qualité de certaines études est faible : petits effectifs, exposition mal contrôlée, absence de réplication. 
Sur les fonctions cognitives ou l’activité électrique cérébrale (EEG) : quelques études montrent des effets mineurs, mais « la pertinence clinique est incertaine ». 
Long terme : les données épidémiologiques sur l’exposition aux très hautes fréquences manquent. Beaucoup est à venir.

Que penser de l’affirmation « le cerveau est fait pour être exposé en continu mais pas en discontinu » ?

À la lumière des données :

Il n’existe pas actuellement de mécanisme établi indiquant que le cerveau humain différencie significativement une exposition « continue » d’une exposition « intermittente » au point de devoir en tirer une alerte sanitaire majorée dans le cas de pulsation/modulation.

De même, le fait que des fréquences plus élevées (comme celles proposées pour la 5G) soient forcément plus dangereuses pour le cerveau n’est pas soutenu par les preuves rigoureuses.

Cela dit, l’absence de preuve n’est pas la preuve d’absence. Une surveillance et des études à long terme restent nécessaires — ce que reconnaissent les autorités sanitaires.

Implications pour le Maroc (et la presse aussi)

Pour un pays comme le Maroc qui réalise le déploiement ou l’extension de la 5G, ces enseignements invitent à :

1-Communiquer de manière transparente sur les normes d’exposition adoptées (respect des seuils internationaux) et sur la surveillance scientifique.
2-Éviter de faire de la peur en l’absence de preuves solides — mais rester vigilant et suivre les résultats futurs.
3-Mettre en perspective les bénéfices (vitesse, latence, innovation) et les incertitudes, plutôt que de polariser le débat sur des hypothèses non fondées.

Pour l'instant la conclusion possible

L’idée selon laquelle « le cerveau humain ne peut tolérer que des ondes en continu, mais pas des ondes discontinues ou de haute fréquence » demeure à ce jour une hypothèse non validée par les données scientifiques robustes.

Le consensus actuel est que l’exposition aux champs radiofréquences dans les limites réglementaires ne présente pas de risque avéré pour la santé humaine, qu’elle soit « continue » ou « pulsée ».

Cependant, des zones d’incertitude persistent — ce qui justifie une vigilance raisonnable et une bonne communication publique.

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Dimanche 9 Novembre 2025



Rédigé par La rédaction le Dimanche 9 Novembre 2025
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