De la rue aux réformes : mode d’emploi pour renouer la confiance
Pendant des années, la relation partis-jeunes a été utilitaire : mobilisation électorale à bas coût, photos de meetings et promesses de « renouvellement ». Or, les jeunes ne veulent plus « tenir la banderole », ils veulent tenir la plume qui écrit l’agenda. Leur message est limpide : cessez la politique de réaction et passez à la politique d’anticipation. Cela implique de reconfigurer les partis en lieux d’idéation, pas en agences de communication saisonnières. La crédibilité se reconstruit en invitant les 18-30 ans dans les commissions qui comptent (éducation, santé, emploi, libertés publiques), pas seulement sur les affiches.
Cette génération est façonnée par d’autres référentiels. Elle consomme l’information en formats courts, vérifie les sources, compare en temps réel ce qui se dit et ce qui se fait. Elle a remplacé les tribunes fleuve par des fils Discord, les colloques interminables par des « spaces » de 15 minutes. Aux partis de s’adapter sans condescendance : parler clair, chiffrer, rendre des comptes. Aux médias, corollaire indispensable de la démocratie, de documenter les faits, dévoiler les conflits d’intérêts et offrir des espaces de débat où la contradiction n’est ni décor ni délit.
Sur le fond, les demandes ne surprennent personne : école publique efficace, hôpital accessible, lutte tangible contre la corruption, égalité des chances face au logement et à l’emploi, respect des droits. Dire que ces sujets sont « sociaux » et non « politiques » est une fuite sémantique : ils sont politiques par excellence, car ils tracent les frontières du contrat social. Quand les réponses tardent, la rue redevient un forum légitime. L’ignorer, c’est alimenter le cynisme ; réprimer, c’est le démultiplier.
La gestion des rassemblements récents a envoyé un signal contradictoire : l’État dit vouloir dialoguer, mais certains réflexes d’ordre public ont crispé la scène. La fermeté n’est pas un projet ; elle ne produit ni confiance ni solutions. Un État sûr de lui privilégie la désescalade, protège la liberté de manifester pacifiquement, isole les violences avérées et accélère le traitement judiciaire, avec transparence et proportion. Libérer rapidement les personnes dont l’innocuité est établie n’est pas une faiblesse : c’est un investissement dans la légitimité.
Cette génération est façonnée par d’autres référentiels. Elle consomme l’information en formats courts, vérifie les sources, compare en temps réel ce qui se dit et ce qui se fait. Elle a remplacé les tribunes fleuve par des fils Discord, les colloques interminables par des « spaces » de 15 minutes. Aux partis de s’adapter sans condescendance : parler clair, chiffrer, rendre des comptes. Aux médias, corollaire indispensable de la démocratie, de documenter les faits, dévoiler les conflits d’intérêts et offrir des espaces de débat où la contradiction n’est ni décor ni délit.
Sur le fond, les demandes ne surprennent personne : école publique efficace, hôpital accessible, lutte tangible contre la corruption, égalité des chances face au logement et à l’emploi, respect des droits. Dire que ces sujets sont « sociaux » et non « politiques » est une fuite sémantique : ils sont politiques par excellence, car ils tracent les frontières du contrat social. Quand les réponses tardent, la rue redevient un forum légitime. L’ignorer, c’est alimenter le cynisme ; réprimer, c’est le démultiplier.
La gestion des rassemblements récents a envoyé un signal contradictoire : l’État dit vouloir dialoguer, mais certains réflexes d’ordre public ont crispé la scène. La fermeté n’est pas un projet ; elle ne produit ni confiance ni solutions. Un État sûr de lui privilégie la désescalade, protège la liberté de manifester pacifiquement, isole les violences avérées et accélère le traitement judiciaire, avec transparence et proportion. Libérer rapidement les personnes dont l’innocuité est établie n’est pas une faiblesse : c’est un investissement dans la légitimité.
La génération qui exige des preuves..
Autre singularité du moment : l’horizontalité. L’absence de « chef » n’est pas une carence stratégique, c’est une assurance-vie contre la cooptation et la diabolisation. Négocier ne signifie pas nécessairement institutionnaliser un leadership ; cela suppose de fixer des protocoles publics de concertation (auditions ouvertes, streaming, comptes rendus horodatés) et de répondre à des plateformes de revendications structurées. La technologie rend cela possible, la volonté politique le rend effectif.
Que faire concrètement ? D’abord, ouvrir un cycle de réformes à horizon mesurable : un plan triennal pour l’école (priorité au primaire, formation des enseignants, évaluation indépendante), une trajectoire d’investissement pour la santé (soins de premier recours, maillage territorial, recrutement et rétention des soignants), et une stratégie anti-corruption opératoire (publication des contrats publics, registre des bénéficiaires effectifs, protection des lanceurs d’alerte). Ensuite, instaurer un mécanisme de suivi citoyen : tableaux de bord en accès libre, auditions parlementaires régulières incluant des représentants de jeunesse tirés au sort, indicateurs de résultat plutôt que d’effort budgétaire.
Aux partis revient une mue culturelle : quotas de jeunes sur les listes sont une béquille, pas une politique. Il faut ouvrir les finances, les idées et les postes d’influence ; assumer des lignes claires plutôt que des synthèses opportunes. À la jeunesse, un double défi : transformer l’indignation en propositions priorisées et maintenir l’exigence de non-violence, qui est une force politique et morale. À l’administration, enfin, d’abandonner la logique de guichet pour adopter celle de service : le citoyen n’est pas un administré, c’est un copropriétaire.
Reste le rôle d’arbitre du sommet de l’État. Dans notre architecture institutionnelle, il fixe les caps, rappelle les principes et demande des résultats. Le message attendu aujourd’hui n’est pas un coup de théâtre, mais une injonction à l’exécution : délais, responsables, audits et conséquences en cas de manquement. La confiance n’est pas un discours ; c’est une mécanique. Elle naît quand la promesse rencontre l’échéance.
La jeunesse marocaine n’est pas un problème à gérer ; c’est une chance à saisir. Elle ne réclame pas l’impossible : elle veut que l’ambition du pays se lise dans l’école de quartier, dans le service des urgences, dans la probité des marchés publics et dans la dignité des interactions quotidiennes. Si nous réussissons ce rendez-vous, nous ne réglerons pas seulement une crise : nous changerons d’époque.
Que faire concrètement ? D’abord, ouvrir un cycle de réformes à horizon mesurable : un plan triennal pour l’école (priorité au primaire, formation des enseignants, évaluation indépendante), une trajectoire d’investissement pour la santé (soins de premier recours, maillage territorial, recrutement et rétention des soignants), et une stratégie anti-corruption opératoire (publication des contrats publics, registre des bénéficiaires effectifs, protection des lanceurs d’alerte). Ensuite, instaurer un mécanisme de suivi citoyen : tableaux de bord en accès libre, auditions parlementaires régulières incluant des représentants de jeunesse tirés au sort, indicateurs de résultat plutôt que d’effort budgétaire.
Aux partis revient une mue culturelle : quotas de jeunes sur les listes sont une béquille, pas une politique. Il faut ouvrir les finances, les idées et les postes d’influence ; assumer des lignes claires plutôt que des synthèses opportunes. À la jeunesse, un double défi : transformer l’indignation en propositions priorisées et maintenir l’exigence de non-violence, qui est une force politique et morale. À l’administration, enfin, d’abandonner la logique de guichet pour adopter celle de service : le citoyen n’est pas un administré, c’est un copropriétaire.
Reste le rôle d’arbitre du sommet de l’État. Dans notre architecture institutionnelle, il fixe les caps, rappelle les principes et demande des résultats. Le message attendu aujourd’hui n’est pas un coup de théâtre, mais une injonction à l’exécution : délais, responsables, audits et conséquences en cas de manquement. La confiance n’est pas un discours ; c’est une mécanique. Elle naît quand la promesse rencontre l’échéance.
La jeunesse marocaine n’est pas un problème à gérer ; c’est une chance à saisir. Elle ne réclame pas l’impossible : elle veut que l’ambition du pays se lise dans l’école de quartier, dans le service des urgences, dans la probité des marchés publics et dans la dignité des interactions quotidiennes. Si nous réussissons ce rendez-vous, nous ne réglerons pas seulement une crise : nous changerons d’époque.